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dimanche, 30 juin 2013 16:45

Nicolas Ray à "Ciel, mon info !" pour évoquer le premier Adam

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Un groupe de scientifiques évangéliques fait bouger la compréhension des premiers chapitres de la Genèse. Adeptes d’une lecture « littéraire » du texte, ils tentent de concilier leurs recherches de haut vol et leur compréhension évangélique des origines de l’humanité. Nicolas Ray est du nombre. Il explique sur le plateau de Ciel, mon info ! ses recherches et la manière dont il les fait dialoguer avec ses convictions évangéliques.

Nicolas Ray est l’invité de l’émission Ciel, mon info ? sur MaxTV et sur le web. Ce membre de l’Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon (FREE) fait partie de cette génération de jeunes scientifiques évangéliques qui s’interrogent sur les liens entre leurs recherches de haut niveau et leurs convictions chrétiennes. Ils le font notamment dans le cadre du Réseau des scientifiques évangéliques (RSE) en intégrant les découvertes contemporaines de la paléontologie et de la génétique au sujet de l’humanité. Lancé voilà 5 ans par une équipe de scientifiques français et suisses, ce groupe est emmené notamment par la professeure de l’Institut biblique de Nogent-sur-Marne, Lydia Jaeger. Chaque année, il examine un sujet qui le préoccupe. En 2010, c’était « Perspectives bibliques et scientifiques sur l’évolution », en 2012 « Perspectives sur l’origine de l’humanité », en 2013, pour la branche suisse romande du RSE, « La nature de l’homme ? »

L’homme moderne apparu voilà 150'000 ans
Dans le livre récemment paru Adam, qui es-tu ?, Nicolas Ray, chargé d’enseignement à l’Université de Genève et auteur d’une thèse de doctorat sur les origines temporelles et géographiques de l’humanité (voir le titre exact ci-dessous), publie une contribution intitulée « Les origines de l’humanité : l’apport de la génétique ». Il y fait état de la recherche sur les origines africaines de la population humaine. Le lieu d’émergence de l’homme moderne se situerait en Afrique sub-saharienne voilà quelque 150'000 à 200'000 ans, et sa sortie d’Afrique aurait eu lieu il y a 50'000 ans. Des recherches génétiques ont permis de montrer les liens entre cette population africaine originelle et les différentes populations du reste de la planète.

Le modèle de l’« Homo divinus » prisé par Nicolas Ray
Nicolas Ray tient à pacifier le débat entre sciences et foi autour des questions de Création et d’évolution. Il considère que le « modèle » de l’« Homo divinus » permet de concilier ses recherches en génomique autour de l’origine des populations humaines et ses convictions chrétiennes. Il n’a aucun problème à considérer la révélation de Dieu « comme étant survenue à un moment donné dans cette histoire démographique, alors que de nombreux humains peuplaient déjà certaines parties du globe » (p. 108).
Parmi les scientifiques et les théologiens impliqués dans ce Réseau des scientifiques évangéliques, plusieurs « modèles » sont débattus en lien avec la compréhension des premiers chapitres de la Genèse. Un de ces modèles, l’« Homo divinus » (l’« homme ayant conscience du divin »), qui considère que Dieu, dans sa grâce, a choisi un couple ou un groupe de paysans du néolithique au Proche-Orient pour se révéler à eux. « Il aurait existé une communauté se sachant appelée à une sainte tâche, appelée à être les intendants de la création de Dieu, appelée à connaître Dieu personnellement. (…) Homo divinus a été le premier humain à posséder une vie spirituelle authentique, et il a été à l’origine de la foi juive » (Denis Alexander, p. 122).
L’avantage de ce modèle, c’est qu’il valorise la dimension historique d’Adam et Eve, et par conséquent la dimension historique de la chute. Le mal ne serait donc nullement lié à la Création bonne de Dieu.

Le modèle du « récit reformulé »
Un autre « modèle » en débat est celui du « récit reformulé ». « Selon ce modèle, les premiers chapitres de la Genèse représente une narration reformulée de cet épisode, ou de cette série d’épisodes, du début de notre histoire humaine, sous une forme qui pouvait être comprise dans la culture proche-orientale du peuple hébreu de l’époque » (p. 118). Le récit reformulé considère Adam et Eve comme un mythe, soit une histoire ou une parabole dont le but essentiel est d’enseigner des vérités éternelles. Adam et Eve seraient des figures types de cette humanité qui, voilà quelque 200'000 ans, a pris conscience progressivement de la présence de Dieu et de son appel. La chute est alors un phénomène de groupe où les humains se mettent à rejeter cette présence et cet appel dans leur vie.
La difficulté de ce modèle, c’est qu’il situe ces premiers récits de la Genèse en Afrique et gomme toute référence au contexte proche-oriental propre à ces narrations. Par ailleurs, il fait peu de cas de certains passages du Nouveau Testament qui supposent qu’Adam était un personnage historique (Ro 5 et 1Co 15).

 

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Par leurs réflexions, Nicolas Ray et les membres du Réseau des scientifiques évangéliques contribuent de manière magistrale au dialogue entre science et foi. Inscrit dans une logique d’harmonisation entre le discours scientifique et le discours de la foi, ce groupe ne semble pas avoir traité du fait que ces deux discours sur la réalité n’ont peut-être pas à être harmonisés. Tous deux pourraient se développer dans des champs séparés, au bénéfice de leur pertinence propre. Comme le propos du poète a sa place à côté de celui du scientifique.
Serge Carrel

Voir l’émission Ciel, mon info ! : « Nicolas Ray : à la recherche du premier homme ».

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    Des références bibliographiques

    • Nicolas Ray, « Les origines de l’humanité : l’apport de la génétique », in Lydia Jaeger (dir.), Adam, qui es-tu ? Perspectives bibliques et scientifiques sur l’origine de l’humanité, Charols, Excelsis, 2013, p. 89-109. Voir aussi dans le même livre l’article de Denis Alexander : « L’âge d’Adam : deux modèles pour le dialogue entre la Genèse et la science », p. 111-128.
    • La thèse de doctorat de l’invité : Nicolas Ray, Modélisation de la démographie des populations humaines préhistoriques à l’aide de données environnementales et génétiques, Genève, Université de Genève, 2003. Plus d’infos.

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