Ferenc Gombas : en prison pour trafic de cocaïne, il y rencontre Jésus

vendredi 13 janvier 2012
Ferenc Gombas vient de passer une année en prison. Il y a fait le point... et rencontré le Christ. En contact avec l’association « J’étais en prison », il est aujourd’hui à la recherche d’un emploi. Une interview à écouter aussi dimanche 22 janvier sur RSR-La Première à 20h.
Connu sous François, il a repris son nom inscrit dans son passeport : Ferenc. « Parce que j’ai 7 fois 7 ans, comme me l’a fait remarquer le visiteur de prison Bernard Brünisholz (1), en ajoutant que j’avais une année de jachère devant moi pour mettre toutes les choses à plat et redémarrer ma vie à neuf. » Rencontré dans une gare de Suisse romande, cet homme accepte de prendre la parole et de décliner son identité : « Je n’ai rien à cacher. »
Originaire de Hongrie mais né en Suisse, Ferenc Gombas a connu divers séjours en prison pour trafic de cocaïne. Arrêté en 2008, il a connu 3 mois de préventive à la Chaux-de-Fonds. Son jugement est tombé en 2009 et l’a conduit à une année de prison ferme dans l’établissement de Bellechasse, à Sugiez (FR), qu’il vient de quitter le 30 novembre 2011.
« La prison ? Cela m’est tombé dessus. Je ne m’y attendais pas, mais j’étais presque soulagé. Il faut dire que je trafiquais et consommais aussi. A la fin, je ne sentais plus mon nez, j’avais des fois mal au cœur : des problèmes physiques commençaient à se développer alors que j’étais sous consommation extrême. La prison a été une issue. »
 
Une personne différente
Ferenc Gombas passe rapidement sur la séparation d’avec ses proches, sur l’isolement, pour déclarer de façon abrupte avoir vécu derrière les barreaux une expérience spirituelle qui a changé sa vie : « Un soir, je regardais un film, ‘Le Roi des rois’. C’était l’histoire de Jésus. A la fin de la projection, je me suis mis à pleurer. J’ai dit à Jésus que s’il existait, il fallait qu’il m’aide s’il le pouvait. Au milieu de la nuit qui a suivi, il y a eu des éclairs dans ma cellule ! Comprenez : j’ai eu cette visite, ce calme qui est arrivé comme si le Christ était là, près de moi, qu’il répondait ainsi à mes sollicitations. Il y avait une lumière indescriptible... Depuis ce jour-là, je suis une personne différente. Et n’ai plus jamais touché de drogue. Ce qui est drôle, c’est que cela me soit arrivé à moi, alors que jusque-là, j’avais été le plus grand athée qui puisse exister. »
A Bellechasse, Ferenc indique avoir pu faire le point dans sa vie. « J’ai assis ma non-consommation de produits et développé une certaine routine, comme me lever le matin, être à l’heure. Je pense que ce temps en prison a changé ma manière d’approcher le monde. »
Vivre derrière les barreaux n’est pourtant pas une sinécure. Plusieurs détenus n’ont d’ailleurs selon lui rien à y faire. « Je pense aux demandeurs d’asile qui sont accueillis dans des bunkers à leur arrivée en Suisse, soit des prisons déjà, ou des antichambres de prison. Là, ils ne peuvent pas travailler, voient les richesses qui les entourent sans y avoir accès. Alors ils deviennent parfois de petits criminels. Arrêtés, ils sont condamnés et viennent en prison où ils se font de nouveaux contacts en matière de trafic. » La mission de réinsertion dont se targue le milieu carcéral est par conséquent un leurre pour bon nombre de détenus, analyse-t-il. « Elle sert juste à les parquer pour un temps dans un endroit de façon isolée de la société, du monde ‘d’à côté’. »
 
En recherche d’emploi
Ferenc a pourtant bénéficié, lui, d’une formation continue à Bellechasse de formateur d’adultes. « J’ai réussi cette formation le week-end juste avant que je sorte et j’ai pu donner sur un an différents cours de langues à des détenus. »
Selon les prescriptions du code pénal, l’exécution des peines d’emprisonnement et de réclusion est destinée à « exercer sur le détenu une action éducative et à préparer son retour à la vie libre ». Ferenc n’a actuellement pas d’emploi. Il cherche et a répondu à diverses offres. En fin de journée, il ira dormir dans sa chambre de motel, seul. « C’est presque une nouvelle cellule, indique-t-il en souriant de coin. Je bénéficie du soutien des membres d’un groupe chrétien de maison, qui m’a toujours suivi et soutenu depuis ma rencontre avec Bernard. Cela me fait du bien et je sais que je peux toujours compter sur eux. Mais sûr que si je trouve du travail, cela me ferait beaucoup de bien ! » A bon entendeur…
Gabrielle Desarzens

Note
1) Bernard Brünisholz est visiteur de prison avec l’association évangélique « J’étais en prison ». Il se rend auprès de prisonniers depuis 2004.

  • Encadré 1: Ferenc Gombas sur les ondes de la RSR
    Ferenc Gombas sera interviewé le dimanche 22 janvier dans l'émission Hautes Fréquences. A écouter à 20h sur RSR-La Première.
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