Le dernier album de Lecrae, Anomaly, sorti début septembre, vient renforcer la place du rappeur chrétien auprès des grands du mouvement hip-hop. Depuis quelques années déjà, ce rappeur de 34 ans fait parler de lui avec des paroles de chanson qui restent conformes à ses convictions et qui offrent de nouvelles perspectives à la culture populaire dominante. Alors que notre société se nourrit d’hédonisme, Lecrae, qui se considère comme un gars « aimant Jésus et ayant une éthique et une morale droite », n’hésite pas à se dévoiler et à révéler les difficultés de la vie, tout en pointant toujours vers le Christ. Dans un milieu musical complaisant, prônant un système de valeurs déchues, les paroles percutantes du jeune rappeur, détenteur d’un grammy award, suscitent l’enthousiasme chez un nombre croissant de personnes.
Une anomalie… comme Jésus !
Lorsque Lecrae révèle ses motivations derrière la création de son dernier album Anomaly, il affirme avoir vécu l’entier de sa vie dans un environnement auquel il n’appartenait pas vraiment. « Etre un jeune afro-américain qui aime le hip-hop et la culture hip-hop, mais qui en même temps aime Jésus, ça fait de moi une anomalie, lâche-t-il dans un clip de présentation de son label Reach Records. Je n’appartiens pas nécessairement à 100% à une culture particulière. Est-ce que j’appartiens entièrement au milieu hip-hop ? Non. Est-ce que je suis entièrement évangélique conservateur ? Non. Est-ce que fais totalement partie de la culture urbaine ? Non. »
Le jeune rappeur déclare qu’il est transculturel, qu’il ne trouve sa place dans aucune culture. Et il est « ok » avec cela. « Je pense que le succès c’est d’être exactement la personne que Dieu nous a appelés à être et de nous battre jusqu’à la mort afin de vivre en tant que tel. » Avec Anomaly, Lecrae donne de l’espoir à des jeunes qui tentent désespérément de trouver leur place. Et si, au lieu de vouloir absolument appartenir à un certain milieu, chacun se mettait à accepter sa différence et à vivre avec, libre, jusqu’à atteindre la lumière et faire face à « quelque chose de bien plus grand que toi et moi », relève-t-il dans Outsiders, le premier morceau du CD Anomaly.
Je n’ai pas honte de l’Evangile
Anomaly s’ancre ainsi parfaitement dans l’objectif musical de Lecrae, qui est d’encourager les chrétiens dans leur foi et de faire découvrir l’Evangile aux non-chrétiens. Parler des malaises de la société, des problèmes raciaux et de justice sociale, c’est une manière de créer des liens avec les gens autour de nous. C’est montrer qu’on traverse tous les mêmes épreuves et qu’il faut absolument en tant que chrétiens quitter nos bancs d’églises afin d’aimer les gens, d’aller à leur rencontre, et d’avoir un point d’ancrage dans la culture. Lecrae et quelques autres rappeurs chrétiens ont ainsi lancé le groupe « 116 Clique » qui a pour devise : « En effet, je n’ai pas honte de l’Evangile [de Christ] : c’est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui croit » (Romains 1.16). En produisant un son de qualité, tout en ne faisant aucun compromis quant à leur foi, ces rappeurs brandissent haut leur bannière et affirment à une jeunesse américaine en quête d’identité qu’on peut être chrétien et faire partie de la culture hip-hop, tout en ayant du succès pour la gloire de Dieu.
Changer positivement la culture
Ce père de trois enfants, qui a fait ses débuts en tant que rappeur bénévole dans un centre de détention pour jeunes, s’est attelé à la tâche d'influencer une culture plutôt hostile à sa foi et à ses valeurs fondamentales. Sa sphère d’influence ne fait que grandir au delà même du milieu hip-hop. Ayant développé des amitiés avec des athlètes professionnels, Lecrae anime régulièrement des sessions de prière avant un match des ligues professionnelles de football américain, de basket ou de baseball. Ses relations sont ainsi un témoignage de son désir d’influencer positivement les personnes influentes. Car selon lui, « c’est quand tu influences les personnes influentes que tu peux commencer à changer la culture… et tout ça pour la gloire de Dieu. »
Antje Carrel