La manière dont nos communautés, nos pasteurs et leurs conseils se sont précipités sur les solutions pour combler le vide laissé par l’absence d’un culte dominical en «live» est parfaitement remarquable. Ça montre un dynamisme et une réactivité bien présents dans nos tissus ecclésiaux. D’autant plus qu’on a peu de modèles disponibles, à part la diffusion des cultes de plusieurs «megachurches» à la française, impossibles à appliquer à notre échelle.
Un autre élément m’impressionne toujours : l’amateurisme de l’Eglise. Depuis ses débuts, cela ne l’a pas empêchée de croître au travers des siècles. Dieu aime les amateurs qui y croient. Si on regarde l’impréparation des premiers messagers de l’Evangile dans les Actes, on n’a pas besoin d’avoir honte de nos tâtonnements. Même un apôtre comme Pierre a dû être secoué dans ses convictions et dans ses pratiques (Actes 10). Seulement, ça ne veut pas dire qu’il faut cultiver l’amateurisme aujourd’hui, surtout que nos interlocuteurs, eux, ont des modèles de communication performants en comparaison.
Un petit survol de la présence «visuelle» de nos Eglises
Nous avons compilé, à la volée, des extraits de présentations online de la plupart de nos communautés. Le but était de montrer la diversité des diffusions pour en tirer quelques réflexions. Nous n’avons pas pu rendre compte de toutes les prestations et elles sont terriblement réductrices. Désolé si vous êtes frustrés. Nous n’avons pas fait de choix sur une base qualitative, technique ou théologique, c’est juste un «showroom» très amateur.
Analyse
1. Vive la diversité !
Ce qui est très réjouissant, c’est de constater la diversité des expressions de la foi, du point de vue spirituel comme de celui de la communication. Cela va d’une expression «scolaire», bien pensée, avec des textes lus, bien calés, à des incursions dans le plus pur style de présentation d’un plateau de télé. C’est un atout certain dans un développement culturel qui n’est plus homogène. On avait peut-être une unité de style dans les Eglises, mais c’est un temps révolu à l’heure de la tribalisation de la société. Nous devons, à l’instar de l’écologie, favoriser et protéger non seulement la biodiversité, mais aussi l'«ecclesiodiversité».
2. Des carences dans la prise de parole
Notre compilation démontre un côté hyper-amateur que l’on ne peut plus se permettre dans un espace public comme les réseaux sociaux. C’est sympa de voir nos frères et soeurs, qu’on connaît personnellement. On accepte leurs pas de danse gauches, leurs fausses notes (il y en avait très peu), leurs hésitations, etc. Mais ce qui me paraît un peu préoccupant, c’est que ces présentations online, sont aussi le reflet, de ce qui se passe le dimanche matin en temps normal. Il y a un manque criant dans la formation des gens qui prennent la parole en public, qui dirigent des rencontres, qui lisent des textes. A l’heure de la diffusion des cultes sur le web, il ne me paraît plus possible de se contenter de prendre des personnes de bonne volonté. Il faut de la qualité dans la prise de parole.
3. Valoriser davantage le témoignage.
Par mes remarques, j’ai l’air de dire qu’il faut devenir hyper professionnel pour percer dans le grand public et que l’amateurisme est le pire défaut pour le développement de l’Eglise. Ce n’est pas ma manière de concevoir le côté «amateur». Les personnes extérieures à l’Eglise n’attendent pas de celle-ci qu’elle s’emballe et se présente comme un parfum haut de gamme. Ce serait même contreproductif. Plus on est rutilant comme une star de plateau télé, moins on est pris au sérieux… Et plus d’ailleurs les Eglises seraient prises avec leur Evangile comme un produit de consommation culturel. L’amateur, c’est un non-professionnel de la foi. C’est lui qui va faire la différence. Les internautes voient la foi qu’il vit, non pas celle véhiculée par des professionnels, comme les orateurs. Ils vont être convaincus par son authenticité, qu’on retrouve de moins en moins sur les plateaux de télé où il faut souvent surjouer un rôle pour qu’il soit accepté par le spectateur. Par contre, le fait de témoigner de nos faiblesses et de la manière dont on les surmonte peut faire la différence.
A mon sens, nos Eglises donnent trop de poids aux prédications qui sont l’expression du professionnel et pas assez au vécu des gens. Dans les présentations online que j’ai visionnées, j’ai été frappé par le peu de vécu personnel qui était exprimé. Les producteurs de ces cultes se sont concentrés sur le message et c’est celui-ci qui prédomine, alors que le «visuel» de nos vies pourrait avoir une place plus importante.
Quelques manières de faire ou à éviter
1. A faire pour les cadrages
La plupart des personnes consultent la vidéo à partir du smartphone. C’est un petit format dont il faut tenir compte. Si possible, il importe de filmer en gros plan. Si vous juxtaposez deux images, l’une des deux doit avoir une plus grande qualité. Dans ce cas, on peut accepter que l’autre soit moins bonne.
2. A ne pas faire
Eviter les plans larges où la grande majorité de l’image est mangée par des décors inutiles. Sur un smartphone, la personne sera minuscule.
3. A faire pour les messages
Ce prédicateur utilise sa collection de graines. Il parle en parabole et il montre ce dont il parle. Il n’a pas besoin d’expliquer en long et en large son concept de base, s’il analyse un texte. Ses spectateurs comprennent tout de suite son image. Il n’y a qu’à ajouter du sens.
Il faut utiliser ce que les gens connaissent. Sa présentation est également bien filmée en gros plan.
4. Les gens à filmer
Le support vidéo est terriblement exigeant sur le choix des présentateurs ou présentatrices. Prenez des personnes qui savent s’exprimer, qui sont agréables à regarder. Ce n’est pas forcément une question de vieux ou de jeunes. Il faut être télégénique. Cette personne sur l’image a un très léger accent sud-américain qui fait partie de son charme. Evitez des accents trop marqués. Un bon point pour le rajout de texte.
5. Ajoutez au besoin des illustrations !
6. Soyez créatif, sortez de la culture «scolaire» et explicative !
Petite suggestion: si vous n’avez pas les talents (peintre, «stand-upper» (c’est quand le mec a la grâce de te faire croire que tout ce qu’il raconte n’est pas écrit, que c’est de l’impro totale), vidéaste, etc.), demandez à des pas-encore-chrétiens de vous aider, quitte à les payer. C’est une manière de les mettre en contact avec votre communauté.
7. Utilisez des ressources extérieures !
Si vous diffusez un clip disponible sur Youtube, pas besoin d’autorisation. Nos clips disponibles sur youtube.com/bibletube ou youtube.com/bibletubeenfant peuvent être « piratés » sans autorisation, à condition de ne pas les vendre. L’évangile de Marc complet, lu et dessiné, est aussi disponible. C’est utile pour visualiser un texte biblique. Si des Eglises avaient besoin des originaux de clips de Bibletube ou Bibletubeenfant, n'hésitez pas à nous les demander! Nous pouvons vous les transférer gratuitement.
8. Musique: une bonne mise en images qui met le texte en évidence
Henri Bacher
eglise-numerique.org
youtube.com/bibletube