Le Coronavirus nous replace face à notre mortalité. Nombreux sont ceux qui ont perdu un ou des proches, avec toute la douleur et le travail de deuil que cela implique. Pour tous, la mort est discutée dans les journaux, on se demande combien mourront dans l’épidémie, et on calcule peut-être ses chances d’être de ceux-là. Nous savons que nous mourrons tous un jour. Mais notre mode de vie vise largement à oublier la mort, à l’invisibiliser pour profiter de la vie – et surtout des biens de consommation et des loisirs.
Voir rôder la mort et devoir ralentir le rythme de nos vies ne nous laisse plus ignorer la mort et peut créer une angoisse. Mais cela peut aussi nous redonner l’occasion de penser notre mort, d’apprendre à bien mourir, ce qui fut longtemps vu comme le but central de la philosophie, voire de l’existence.
La mort nous scandalise, la mort nous fait horreur, et c’est normal. Dieu n’a pas créé l’être humain pour qu’il meure. Cependant la mort règne sur l’humanité en conséquence de sa révolte contre Dieu et en raison des mauvaises actions qui en découlent. Se couper de la source de la vie et du bien ne pouvait mener qu’au mal et à la mort.
Dieu est venu affronter la mort
Mais en Jésus-Christ, Dieu est venu affronter la mort sur son terrain. Après une vie sans faute, démontrant la bonté de Dieu, Jésus est mort de la mort que nous méritions tous. Le Dieu immortel a connu la mort, le seul homme vraiment innocent est mort comme un coupable. Et il est ressuscité, manifestant sa victoire sur le mal et la mort. Il offre par là la possibilité de changer de vie et de destinée, de vivre réconcilié avec Dieu et de savoir que la mort sera « retour à Dieu » plutôt que « départ vers le néant » ou la solitude éternelle. Préparer sa mort, c’est avant tout se resituer face au Dieu créateur et éternel.
Il y a cependant là plus qu’un « ticket vers le ciel », dont l’acquisition donnerait loisir de vivre dans la méchanceté ou dans une attente passive. Vivre en harmonie avec Dieu veut aussi dire refléter son amour sur cette terre, envers ses proches, l’humanité et la création. La réconciliation avec Dieu conduit à chercher la réconciliation avec tous, notamment en pardonnant et demandant pardon, tout comme Dieu pardonne par la foi en Jésus-Christ. Se préparer à mourir, c’est aussi vivre de manière à ne pas devoir rougir au moment où la fin viendra. Et Dieu vient en aide à ceux qui veulent changer de vie. L’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ donne des ressources insoupçonnées pour changer un cœur, guérir des blessures de la vie, renouveler sa manière de vivre.
La présence de la mort peut et doit donc être une occasion de nous y préparer, de vivre une vie dont nous puissions être fiers – quel que soit le moment où viendra sa fin – et de nous situer face au Créateur, à celui devant qui chacun aura à rendre compte de sa vie et de ce qui remplit son cœur. Comme chrétien, je ne peux que pointer du doigt Jésus-Christ, celui qui fait connaître Dieu et permet le retour à lui.
Jean-René Moret,
pasteur dans l’Eglise évangélique de Cologny
(1) Ce texte a été publié dans le journal 24 heures du 6 janvier 2021