Concrètement, que propose M4 aux équipes d’implantation d’Eglise ?
Nous leur proposons tout d’abord un accompagnement pour trouver quel est le bon responsable ou la bonne responsable d’une implantation d’Eglise. Nous examinons son caractère, ses motivations et les compétences qui nous paraissent nécessaires à une telle démarche. Donc, nous effectuons une sorte d’évaluation. Puis nous conduisons cette équipe dans un processus de quatre rencontres tous les 6 ou 7 mois, pendant deux ans. Au cours de ce processus, nous donnons à cette équipe un enseignement sur les questions importantes touchant à l’implantation d’Eglise pendant les premières années de la démarche.
Plus précisément, quel enseignement dispensez-vous dans le cadre de ces quatre sessions ?
Nous reprenons l’enseignement sur l’implantation d’Eglise mis au point pendant ces trente dernières années. Durant la première session, nous parlons du Maître et de tout ce qui aide l’équipe à avoir une perception claire de sa démarche, du modèle d’Eglise qu’elle met en avant, de sa manière de travailler en équipe, des dons représentés, de la vision. L’étape suivante consiste à réfléchir à la mission : comment rencontre-t-on de nouvelles personnes ? Comment parvient-on à entrer en contact avec des gens ? Comment prie-t-on avec des gens ? Le troisième module concerne la manière de faire des disciples, la multiplication. Le quatrième vise à réfléchir à la manière de poursuivre ce qui a été planté : le mouvement. Nous proposons une réflexion sur un leadership durable et sur la manière de développer la démarche d’implantation.
Pourquoi une telle formation ne dure-t-elle que deux ans ?
Nous considérons M4 comme un outil qui aide l’implanteur d’Eglise à aller d’où il se trouve à où il aimerait aller durant les premiers pas de son implantation d’Eglise. Nous mettons cette formation en place avec différentes dénominations. Lorsque les deux ans sont passés, c’est le rôle de la fédération d’Eglises ou du réseau d’Eglises d’assurer le suivi. Dans tout ce processus, nous mettons en place des coaches. C’est donc au coach de suivre l’implanteur et son équipe durant tout le processus.
Notre formation pourrait être toutefois développée. En Lettonie, nous l’avons allongée de deux ans. C’est à chaque pays de voir ce dont il a besoin.
Qu’est-ce qui fait que des dénominations différentes travaillent ensemble dans le cadre de M4 ?
En fait, M4 est le fruit d’un environnement qui a prévalu durant les 25 dernières années où des Eglises ont travaillé ensemble. Il n’y a pas un facteur, mais il y en a plusieurs. Notamment le fait que de plus en plus dans les Eglises, on comprend qu’il s’agit du Royaume de Dieu et pas seulement d’Eglises… Donc la question est vraiment d’étendre le Royaume de Dieu et pas notre propre mouvement d’Eglises. Au travers de cette conception, nous gagnons en unité et nous nous rendons compte qu’il s’agit pour tous du même défi : que l’on implante une Eglise pentecôtiste ou une Eglise luthérienne libre. Dans ce contexte, pourquoi ne pas apprendre les uns des autres ?
Quelles sont les limites de M4 ?
Les limites de M4, ce sont les gens, leur vision. M4 n’est qu’un cadre. C’est un outil qui permet de faire émerger un projet. Si vous avez de mauvais leaders pour mettre en place un projet d’implantation, vous aurez de mauvais résultats.
Tous les outils ont leurs limites. Vous ne trouverez jamais un système parfait. M4 est un point de départ. Je me réjouis de voir ce que M4 va devenir d’ici 5 ou 10 ans. En tout cas, cet outil ne sera pas identique. Nous apprenons de nos expériences, du contexte dans lequel les implantations se développent et nous adaptons cet outil pour en faire quelque chose de meilleur qu’aujourd’hui.
Comment voyez-vous le mouvement évangélique en Norvège d’ici 10 ans ?
Le déclin de l’Eglise en Norvège s’est arrêté ces 10 dernières années. L’Eglise chrétienne, dans son ensemble, ne décline plus. Elle se maintient. Il est possible de renverser ce mouvement et de connaître une nouvelle augmentation des membres des Eglises et des communautés. A mon sens, dans 10 ans, toutes les dénominations seront impliquées dans l’implantation d’Eglises et nous enverrons des équipes d’implantation dans des régions non atteintes de notre pays, que ce soit dans des vallées reculées ou dans des zones urbaines. C’est ma vision ! Mais aucune dénomination ne peut faire cela toute seule. Si tout le corps du Christ se met en route, nous pouvons faire une différence, ville après ville, région après région…
Quel est le projet le plus stimulant que M4 a accompagné ?
Pour moi, tout projet d’implantation d’Eglise est stimulant ! Voir comment des gens sont appelés par Dieu, se mettent en route, atteignent de nouvelles personnes, se développent…
Comment voyez-vous l’avenir de M4 en Suisse ?
Cela dépend des responsables. Nous sommes là pour servir le comité national. Nous donnons tout gratuitement. Ce que nous demandons à un comité national, c’est, en l’espace de deux ou trois ans, de faire de M4 quelque chose qui est propre au pays. De mener deux fois la formation complète, parce que, si vous ne le faites pas deux fois, vous ne comprenez pas bien le concept et le fonctionnement. Nous demandons aussi de commencer à donner cet outil plus loin, à un autre pays, à une autre fédération d’Eglises… Bienvenue dans l’aventure M4 !
Propos recueillis par Pascal Crelier et Serge Carrel
Lire le reportage lors d'une session M4 à Kristiansand en Norvège.