Développement durable : le sommet d’Addis Abeba se termine en demi-teinte

vendredi 17 juillet 2015

L’ONU est parvenue à un premier accord sur le développement durable à Addis Abeba, en Ethiopie. Mais le sommet a raté sa chance, estime Alliance Sud dans un communiqué publié vendredi 17 juillet. Ce premier des trois rendez-vous internationaux majeurs de cette année 2015 est malgré tout l’occasion de rappeler le poids des instances religieuses dans le processus.

Eradiquer l’extrême pauvreté, réduire les inégalités et promouvoir un mode de développement compatible avec la lutte contre le changement climatique sont les grandes lignes des Objectifs de développement durable (ODD) qui prennent cette année le relais des Objectifs du millénaire. Les différentes instances religieuses non seulement y souscrivent, mais font tout un travail de terrain en ce sens. Par le biais d’ONG – comme celles qui sont chapeautée par la plateforme évangélique StopPauvreté –, elles mettent par exemple sur pied des réseaux de soin et d’éducation auprès des plus défavorisés du globe. Au niveau politique, elles entreprennent des actions de lobbying et de conscientisation.

L’Eglise appelée à protéger l’ensemble de la création

La dernière encyclique papale s’inscrit d’ailleurs dans cette logique : le chef de l’Eglise catholique s’est inspiré de ses prédécesseurs mais aussi d’autres traditions religieuses pour rappeler que les êtres humains, la nature et l’environnement sont liés. Et il a souligné que l’Eglise était selon lui appelée à protéger l’ensemble de la création. Sa voix a porté. Dans les faits, elle peine cependant à s’incarner de manière tangible, notamment au niveau politico-économique.

La conférence d’Addis Abeba a raté une chance importante de financer un avenir durable, déclare d’ailleurs Alliance Sud dans un communiqué publié vendredi 17 juillet, suite au sommet qui s’est tenu du 13 au 16 juillet dans la capitale éthiopienne. Cette conférence a été le premier des trois rendez-vous internationaux majeurs de cette année 2015. Elle précède le sommet de New York en septembre, qui se penchera sur la mise en œuvre des Objectifs de développement durable, et la conférence de Paris sur le climat, qui interviendra en décembre.

L’évasion fiscale dans le collimateur

Dans la capitale éthiopienne, il a été question de financement. Les représentants des 193 états membres des Nations Unies se sont entendus sur les moyens de trouver les quelques 2'500 milliards de dollars nécessaires au financement du développement d’ici à 2030. La création d’un organisme international pour lutter contre l’évasion fiscale des multinationales n’a toutefois pas passé la rampe au grand dam des pays les plus pauvres. Selon un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le recours de nombreuses multinationales aux paradis fiscaux feraient pourtant perdre chaque année près de 100 milliards de dollars de recettes fiscales aux pays en développement.

Les riches pays industrialisés ne sont pas non plus prêts à accepter de fixer un délai à la promesse faite il y a des décennies d’allouer 0,7% de leur revenu national brut à la coopération au développement. Certes, dans le document final adopté au terme de la conférence d’Addis Abeba ils confirment l’objectif du 0,7%, « mais sans un délai contraignant, cette promesse n’a que peu de valeur », souligne Alliance Sud.

Gabrielle Desarzens

Ecouter la chronique diffusée sur RTS La Première

www.alliancesud.ch

 

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