« La perspective d’un effondrement global peut nous ancrer dans le fatalisme, écrit le sociologue et prédicateur mennonite Frédéric de Coninck, dans un ouvrage qui vient de paraître. Mais, qu’il y ait des crises locales ou un effondrement global, c’est l’occasion de mettre à l’épreuve nos convictions les plus profondes ; de les mette à l’épreuve et de les mettre en pratique. […] Et si on se retrouve dans une conjoncture où les tensions sociales sont de plus en plus vives, comment les chrétiens sont-ils appelés à s’y comporter ? Ils ne sont pas là pour hurler avec les loups, mais pour être la lumière du monde. »
Intitulé « Crises locales ou effondrement global ? Chrétiens dans un monde lézardé », le petit livre de 67 pages fait prudemment le point de la situation concernant les risques que le changement climatique fait subir à nos sociétés : « La société est un ensemble de comportements trop complexe pour que l’on puisse en prédire le devenir ». Par contre, il montre que les conséquences de nos mauvais choix, en matière de croissance et de développement, sont inéluctables et désagréables.
Frédéric de Coninck propose une brève analyse de quelques crises climatiques mentionnées dans la Bible, en particulier les dix plaies d’Egypte et les fléaux annoncés dans l’Apocalypse. Dans sa conclusion, il précise : « Tout comme les sept Eglises d’Asie Mineure, auxquelles Jean écrit, c’est dans les crises actuelles, qui sont à notre portée, et qui marquent l’épuisement d’un mode de vie, l’épuisement de choix de sociétés problématiques, que se déploient l’espace et le temps où nous sommes appelés à interpeller et à vivre les valeurs du Royaume : des valeurs porteuses de vie au milieu de ce qui s’effrite, meurt et disparaît ».
Dans sa dernière partie consacrée à des solutions pratiques, le livre mentionne les comportements individuels qui doivent changer. Mais il se fait surtout l’écho de responsables d’associations engagés dans la transition écologique qui annoncent un redéploiement des solidarités sociales au niveau local : « Je voudrais mettre l’accent sur le rôle et l’importance des petits collectifs de proximité, ce qui est une évidence pour les acteurs de terrain, mais qui n’est pas si souvent analysé dans la littérature ».
Et là, Frédéric de Coninck voit un potentiel d’action pour les Eglises qui, pas essence, sont des petits collectifs dans lesquels se manifeste la solidarité. Elles peuvent témoigner d’un mode de vie alternatif, modelé par les valeurs de l’Evangile : « Si l’on penses que les crises que l’on voit poindre à l’horizon proviennent du fait que nos sociétés ont fait des hypothèses contestables au regard de l’Evangile, il est normal, il est même nécessaire, que notre témoignage démontre que l’on peut vivre heureux et sans s’effondrer, en faisant d’autres hypothèses ».
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Frédéric de Coninck, Crises locales ou effondrement global ? Chrétiens dans un monde lézardé, Editions mennonites, Montbéliard, 2022, www.editions-mennonites.fr.