Deux évangéliques en visite « officielle » en Israël

mercredi 12 mai 2010
Du 1er au 10 mai, 14 représentants des Eglises chrétiennes du canton de Vaud ont effectué un voyage en Israël-Palestine. Ils répondaient à l’invitation du curé de Nazareth, Emile Shoufani, une invitation adressée en 2004 au Conseil des Eglises chrétiennes du canton de Vaud (CECCV). Guy Gentizon, pasteur dans l’Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon, et Guy Barblan, directeur de l’école de musique Psalmodia à Crissier, représentaient les évangéliques. Echos d’un périple qui a permis de confronter les regards catholiques, réformés et évangéliques sur ce que certains appellent la « Terre sainte ».

Une délégation du Conseil des Eglises chrétiennes du canton de Vaud (CECCV), conduite par son président, le pasteur Martin Hoegger, a rencontré du 1er au 10 mai des « pierres vivantes » en Israël-Palestine. En suivant dans les grandes lignes les étapes de la vie du Christ à Bethléem, Nazareth et Jérusalem, ils ont rencontré des croyants en Jésus-Christ : Palestiniens, Arabes et Juifs.

Pourquoi ce séjour ?
Au cours de sa visite à Lausanne, en septembre 2004, le Père Emile Shoufani, curé de Nazareth, a invité les chrétiens du canton de Vaud à rendre visite aux Eglises d’Israël et de Palestine. Il a dit entre autres : « Ce que vous vivez ici est important pour nous là-bas. En changeant vos relations les uns avec les autres, vous acceptez de vous transformer afin de rencontrer l’autre. Le visage de l’autre est le paradigme nouveau et essentiel ».
Un groupe de quatorze délégués, envoyés par diverses composantes du CECCV s’est mis en route pour effectuer cette visite dans un esprit de fraternité en Christ. Comme le dépliant de présentation du projet le définit, le but de ce voyage était « d’établir et de renforcer les liens avec les communautés chrétiennes qui vivent le drame de la division de Jérusalem et d’une terre où la paix apparaît comme bien lointaine ». Cette délégation souhaitait se « mettre à l’écoute de ceux qui souffrent, de ceux qui cherchent la paix, de ceux dont la foi soutient l’espérance et appelle à la solidarité ». Elle avait aussi pour but « de prendre la mesure des réalités de la communion réelle vécue entre les différentes Eglises, sachant que cette communion est en progrès certes, mais fragile encore ».

Des journées riches en émotions diverses
La plupart des participants découvraient pour la première fois Israël et les territoires « occupés ». Plusieurs n’avaient jamais approfondi la dimension théologique de l’existence d’Israël. Peu avaient pu dialoguer avec des Palestiniens chrétiens ou des Juifs « messianiques ». C’est dire que chaque occasion donnée apportait son lot de découvertes et de surprises, tant notre manière d’appréhender les conflits et les défis du Moyen-Orient depuis l’Occident sont peu en phase avec la réalité du terrain. Au menu quotidien : des rendez-vous avec des ecclésiastiques (parfois de haut rang : évêque ou patriarche) en fonction dans les Eglises « officielles » et historiques (catholique, orthodoxe, luthérienne, etc.) et des rendez-vous avec d’autres ministères (des pasteurs, des évangélistes et des enseignants), notamment évangéliques au Collège biblique de Bethléem. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer des chrétiens engagés dans le monde de l’éducation (des prêtres, des directeurs d’école ou des doyens...). Nous avons aussi beaucoup apprécié les opportunités de partage avec des compatriotes séjournant sur place et engagés à divers titres (un représentant du Conseil œcuménique des Eglises, une déléguée du CICR). Chacun de ces moments privilégiés nous a permis de nous faire une meilleure idée du vécu réel des croyants de cette région, au sein de laquelle les héritages sont souvent pesants et l’avenir bien incertain.

Le défi le plus interpellant : vivre la réalité de la communion fraternelle dans l’équipe !
A chacun des groupes rencontrés nous avons remis un message de solidarité rédigé par le CECCV. Nous souhaitions également, de par la composition hétéroclite de notre groupe, témoigner de la dynamique relationnelle entre les Eglises du canton de Vaud. Chaque matin, un temps d’écoute de la Parole a été posé comme un fondement qui nous a permis de prier et louer Dieu ensemble. A plusieurs reprises, des temps de partage, suite aux rencontres avec des interlocuteurs si divers et des prises de positions si variées, nous ont permis de vérifier comment chaque membre de l’équipe gérait les déclarations entendues : souvent pessimistes, parfois remplies d’espérance, rarement à l’unisson ! Pas toujours évident de distinguer entre les dimensions nationaliste, politique et religieuse (intimement liées dans la culture locale) et l’authentiquement « spirituel », débouchant sur le relationnel intense, le souhait de réconciliation et de paix sincère. Malgré notre perception parfois si divergente, nous étions tous unanimes pour dire que ce pèlerinage original avait non seulement été d’une très grande richesse pour chacun d’entre nous, mais qu’il nous avait permis de nous sentir beaucoup plus proches les uns des autres. Voilà ce qui constitue certainement la bénédiction la plus significative de notre périple. Signe réel, tangible et bienfaisant du Royaume annoncé.
Guy Gentizon, pasteur dans l'Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon

  • Encadré 1:

    Voyage parmi les chrétiens en Israël et en Palestine
    Lorsque, dans nos milieux évangéliques, on parle des chrétiens en Israël, on pense tout d’abord aux juifs messianiques, et on oublie souvent les chrétiens arabes, et surtout palestiniens. Dans l’histoire de cette terre, il y a toujours eu des chrétiens qui ont vécu là depuis 2000 ans. Avant 1948, date de la création de l’Etat d’Israël, il y avait environ 13 à 20% de chrétiens arabes. Depuis, suite aux différentes guerres, beaucoup sont partis. Actuellement il en reste environ 2%. C’est une souffrance pour les Eglises, qu’elles soient historiques ou évangéliques. On peut toutefois noter une différence entre les Eglises arabes en Israël et celles en Palestine (Cisjordanie et bande de Gaza), du fait de la situation politique. Nous avons eu la joie de rencontrer beaucoup de responsables d’Eglises arabes, soit historiques, soit évangéliques, qui nous ont partagé leurs souffrances et leurs espoirs. Ces temps de partage et de prière furent très riches. De même, nous avons rencontré Ruben Berger, pasteur d’une communauté messianique à Jérusalem qui se retrouve à la Porte de Jaffa dans les locaux de « Christ Church ». Ce juif, qui a découvert en Jésus son Messie voilà 35 ans, nous a beaucoup touchés par son témoignage, particulièrement en ce qui concerne la relation entre toutes ces différentes Eglises, car la dimension politique est difficilement dissociable du vécu des membres de ces communautés. Il y a tout d’abord une difficulté relationnelle, perceptible entre évangéliques et Eglises traditionnelles, ce qui hélas n’a rien de nouveau, et puis une difficulté entre juifs et arabes, ce qui est compréhensible dans le contexte actuel.

    Les communautés arabes chrétiennes
    On compte 13 familles d’Eglises dites « historiques », qui, dans plusieurs endroits, commencent à vivre une dynamique œcuménique. A cela s’ajoutent de nombreuses communautés évangéliques souvent indépendantes, mais tissant des liens entre elles. A Nazareth, l’Eglise baptiste fait partie du conseil œcuménique des Eglises locales.

    Les communautés messianiques
    Ces communautés ne sont pas très anciennes et vivent actuellement un réveil étonnant. Les cœurs des juifs s’ouvrent à Jésus qui continue de se révéler à son peuple. Elles ont peu de contact avec le judaïsme orthodoxe. En dehors des communautés messianiques existe une communauté catholique de langue hébraïque. En fait, le problème pour un juif qui a une révélation de Jésus comme Messie est que, en dehors des communautés messianiques, l’ensemble des Eglises est arabophone.

    Quelles relations entre arabes et juifs chrétiens ?
    Les Eglises, principalement évangéliques, essaient de développer des relations entre arabes et juifs chrétiens et de se soutenir. Nous avons rencontré Salim Munayer, professeur au Collège biblique de Bethléem. Il nous a présenté le ministère « Musalaha », qui travaille à la réconciliation des deux peuples. D’un autre côté, la communauté messianique de « Christ Church » (dont le pasteur est Ruben Berger) apporte un soutien financier à des communautés arabes. Ce sont de petites gouttes dans l’océan, mais elles font chaud au cœur.

    Et les relations entre chrétiens et musulmans?
    Ruben Berger a exprimé la souffrance des communautés chrétiennes arabes, du fait de l’exode de bon nombre de leurs membres aux Etats-Unis, au Canada, en Europe ou en Australie. D’un autre côté, il se réjouit de voir que, depuis environ 3 ans, les Arabes chrétiens, principalement les évangéliques, ont reçu un fardeau pour les musulmans, qu’ils concrétisent par une aide sociale tout en partageant l’Evangile. On voit le commencement d’un petit réveil. Il semble que les musulmans soient ouverts à l’Evangile, même parfois plus que les chrétiens « traditionnels », qui ont de la peine à s’ouvrir à une réalité différente dans leur relation avec Dieu. En fait, les musulmans souffrent à cause de l’islam extrémiste avec lequel ils ne s’identifient que très rarement.
    Prions pour que le peuple de la promesse s’ouvre à Jésus, pour que les chrétiens en Israël et en Palestine vivent l’unité, et pour que leur témoignage ait un impact sur les musulmans.

    Guy Barblan, membre du conseil du CECCV

  • Encadré 2:

    A disposition pour une visite dans votre Eglise
    Suite à cette visite, Guy Barblan et Guy Gentizon sont à disposition pour animer un moment d’échanges dans votre Eglise. Le président du CECCV, Martin Hoegger, est également disponible pour les accompagner.
    Personne de contact : Jean-Jacques Meylan. Courriel: oasis.morges(queue de singe)bluewin.ch.

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