J’imagine Joseph, le regard plein de larmes en train d’annoncer à Marie que l’hôtel est complet et qu’elle va certainement accoucher au milieu du bétail. L’enfant promis de Dieu va naître dans une écurie! Bon, la Bible n’en parle pas trop, mais à voir, l’accouchement s’est bien passé! C’est un p’tit gars, la mère et l’enfant vont bien... Mais nos amis ne sont pas au bout de leurs surprises. Le père de l’enfant, Dieu, s’est chargé d’envoyer les faire-part! Et ce sont des bergers qui débarquent... Là, j’imagine que Joseph et Marie doivent être un peu inquiets.
Mauvaise réputation des bergers
«On ne doit pas apprendre 
à son fils à être conducteur d’ânes, chamelier, barbier, marin, berger ou 
boutiquier, car ce sont des métiers de voleurs!», déclare la Mishna, un recueil 
de textes juifs datant du IIe ou IIIe siècle. Les bergers étaient souvent 
employés par de riches propriétaires pour garder les troupeaux et n’étaient, par 
conséquent, pas tellement «culturés». De plus, ils n’avaient pas les moyens 
financiers pour suivre les règles de pureté, ce qui rendait nos bergers pas du 
tout fréquentables, à tel point qu’ils étaient considérés de la même manière que 
les prostituées ou les gens vivant dans la débauche: « Des pécheurs! » Pour le 
reste de l’histoire, je vous invite à reprendre le texte de la nativité tel que 
l’évangile de Luc nous le propose.
Ce qui me touche, c’est l’honneur que Dieu 
offre à ces bergers, ceux que l’on rejetait... Les exclus deviennent les élus. 
Si aujourd’hui, nous ne sommes plus exclus de par notre travail, notre identité 
sociale se fait, malheureusement trop souvent, selon nos diplômes. Dieu regarde 
à nos cœurs et non à notre position sociale. Et dans ce temps de Noël, c’est 
aussi à ceux qui n’ont plus rien qu’il veut se révéler. Prions donc pour que la 
lumière du Ressuscité puisse éclairer les vies de nos marginaux. Sans-papiers, 
chômeurs, personnes âgées, personnes seules, toxicomanes, prisonniers, 
réfugiés... La liste est encore bien longue. Nous ne sommes pas tous appelés à 
aller dans les rues, à la rencontre des laissés-pour-compte, mais nous sommes 
tous appelés à aimer notre prochain... 
Un petit enfant pour « crécher » dans les coeurs
N’est-ce 
pas à notre portée de nous arrêter un moment, dans nos fêtes, et d’adresser à 
notre Seigneur des prières, pour que ce petit enfant puisse crécher dans les 
coeurs et que nos exclus puissent être témoins de ce message donné par les 
anges? Le sens de Noël n’est pas celui des vitrines de magasins! Noël, c’est 
l’annonce de la naissance du Sauveur de tous les hommes: «L'ange leur dit: « 
N'ayez pas peur. Oui, je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une 
grande joie pour tout votre peuple. Aujourd'hui, dans la ville de David, un 
Sauveur est né pour vous. C'est le Christ, le Seigneur » (Luc 2, 10-11).
Christophe Reichenbach, pasteur de rue

						
						
	      
  	      
  	      
  	      
  	      