Manfred Engeli est un psychologue et psychothérapeute de renom dans les milieux évangéliques en Suisse alémanique comme en Suisse romande. Installé dans la banlieue de Berne, ce docteur en psychologie, bilingue par le mariage, coule une retraite très active. A 69 ans, il continue d’animer avec son épouse Fleurette, une Française d’origine, des séminaires pour les couples et les familles en Suisse, en Italie, en Tchéquie et en Allemagne notamment.
Une vocation tardive
Le psychothérapeute Manfred Engeli est une vocation tardive. A 38 ans, alors qu’il a déjà une carrière d’enseignant derrière lui et qu’il est papa de 4 enfants, il se lance dans des études de psychologie. « Nous avions des responsabilités dans le cadre de l’Association Wycliffe pour la traduction de la Bible, se rappelle-t-il, et nous étions surpris de voir le nombre de personnes qui développaient des difficultés relationnelles et psychiques, lorsqu’elles se retrouvaient sur le terrain. » Devant le manque de spécialistes à même d’intervenir dans de telles situations à partir d’une conception chrétienne, il envisage une formation, qu’il met en route avec l’appui de son épouse.
Les études se déroulent très bien. Manfred Engeli dépose même une thèse de doctorat sur le « parler avec soi-même ». « Au début, se souvient-il, beaucoup de gens proches ont eu peur que je perde la foi durant ces études ». Mais Manfred Engeli apprend à suivre le conseil de l’apôtre Paul : « Examinez toute chose, retenez ce qui est bon » (1 Th 5,21). Il constate que la science ne peut que découvrir ce que Dieu a créé.
La Bible, un trésor pour le psychologue
Pour Manfred Engeli, l’une des surprises qui marque son temps d’études et sa pratique psychothérapeutique, c’est que la Bible est un véritable trésor pour le psychologue. Il va même jusqu’à affirmer qu’ « elle relaye tout ce que l’on peut trouver en psychologie ». Pour preuve : le fait que la psychologie a découvert que le principal moyen d’apprendre, c’est l’apprentissage par le modèle. L’évangile de Matthieu souligne la même réalité, lorsque Jésus s’y exprime en disant : « Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école... » (Mt 11,29). Bible et psychologie vont donc dans le même sens. Pour Manfred Engeli, Bible et psychologie commencent à s’opposer quand la recherche quitte une attitude scientifique et entre dans la psychothérapie. « Là, relève-t-il, il y a toujours une anthropologie non-biblique à la base et il importe de faire le tri. Pour moi, il est clair que la perspective biblique a toujours la priorité. »
L’importance de faire des choix
Dans sa recherche pour comprendre les chemins de Dieu avec l’être humain, Manfred Engeli découvre deux choses. Tout d’abord que Dieu place chacun devant des choix et laisse libre l’individu de ses décisions. « Dans mon travail de psychothérapeute, c’est devenu très important de montrer qu’il y a des choix à faire et de laisser les personnes aidées prendre leurs décisions elles-mêmes. J’ai donc renoncé à toute forme de manipulation ou à toute pression en montrant par a + b qu’il faut absolument faire cela. »
Le psychothérapeute bernois découvre ensuite que tous les problèmes de l’humanité se trouvent dépeints de manière très concrète dans la Bible et se résument à l’incapacité de pouvoir aimer librement. « En fait, relève-t-il, j’ai découvert que Dieu avait envie que l’être humain s’épanouisse, qu’il puisse déployer plus d’amour et rester debout dans la vie avec davantage de stabilité. » Manfred Engeli n’hésite pas à marteler : « Dieu a des offres de guérison à faire à l’être humain, parce qu’il connaît notre petitesse et notre faiblesse ! »
Dieu thérapeute
Concrètement, cette offre de guérison passe par la croix du Christ. Le « Tout est accompli » prononcé par Jésus alors qu’il meurt sur une croix (Jn 19,30), prend une dimension essentielle. Le psychothérapeute s’attache au fait que le Christ a porté nos souffrances, nos maladies et nos fautes. Face à des gens rongés par leur passé, comme cette femme accueillie en relation d’aide et impliquée dans un meurtre, Manfred Engeli peut affirmer que quelqu’un a payé. Il n’est plus nécessaire de souffrir pour se punir soi-même. Il est possible d’entrer dans ce que Dieu a préparé au travers de Jésus comme chemin de réconciliation avec soi-même, avec lui et avec les autres.
Petit à petit, Manfred Engeli comprend que celui qui travaille dans le coeur de ses patients, c’est Dieu lui-même. « Dans ce contexte, ma place et ma responsabilité de thérapeute sont de m’inscrire avec ce que je fais dans l’action de Dieu. » Lorsqu’il aborde un patient, une question se pose donc à lui : où Dieu est-il en train de travailler le coeur de cette personne ? « Je suis le plus efficace en tant que thérapeute, ajoute Manfred Engeli, si je me laisse prendre dans le travail que Dieu effectue auprès de cette personne. » Et s’il n’arrive pas à le cerner ? Il ne se gêne pas de prendre un moment d’écoute avec la personne concernée pour demander à Dieu de le leur montrer.
Ne faut-il pas voir là une démission par rapport à ses compétences de psychologue et de thérapeute ? D’un côté, le psychothérapeute bernois l’admet. Il a pris conscience que « ses efforts thérapeutiques n’amenaient pas très loin et qu’il y avait quelqu’un qui parvenait à davantage de résultats ». De l’autre, il souligne l’extraordinaire responsabilité qui est la sienne : collaborer avec Dieu à son oeuvre de restauration des individus et des couples. « Ce qui me surprend toujours, ajoute-t-il, c’est que Dieu veut travailler avec nous et au travers de nous. Il a besoin de nos mains, de notre regard, de notre bouche et de notre coeur pour agir... Donc je ne suis pas superflu ! »
Une écoute qui s’implique
Comme psychothérapeute, Manfred Engeli ne pratique pas la mise à distance de son interlocuteur. Il n’hésite pas à s’impliquer dans le dialogue et à exprimer ce qu’il ressent, des convictions fortes qui seraient nées de l’écoute de son vis-à-vis. A une collègue psychologue venue le consulter, il n’hésite pas à exprimer la colère qui monte en lui devant la manière dont elle se traite. Sans émotion, avec une froideur glaçante, comme un pur objet d’analyse... « Avoir le courage de s’impliquer dans les entretiens thérapeutiques suscite chez mes interlocuteurs de la confiance. Ils n’ont pas l’impression d’être une sorte de « pauvre type » ou de « pauvre femme », assis devant un expert imperturbable. » Le thérapeute bernois est à l’écoute comme un être humain, prêt à pleurer ou à rire avec son vis-à-vis. A vivre un temps d’échange intense avec lui, dans la présence de Dieu.
Serge Carrel
Sur le site aesr.ch, vous pouvez lire un article de Manfred Engeli sur le thème de la prière dans le couple : http://www.lafree.ch/details.php/fr/actualite.html?idelement=219.