« Elle pourrait s’appeler l’ACER, l’Association chrétienne évangélique romande ! » Jean-Claude Chabloz, le président de la FREOE, se projette dans l’avenir. Il imagine la nouvelle entité qui pourrait voir le jour en 2007, comme fruit de la fusion de l’Alliance évangélique romande et de la FREOE. « Ce n’est pas une super Eglise évangélique que nous sommes en train de construire, explique-t-il, mais un rassemblement des évangéliques qui n’ont pas peur d’être eux-mêmes. »
Une structure légère
Le défi structurel est important parce que 3 genres de membres devraient constituer la nouvelle entité. Tout d’abord les Eglises et les oeuvres membres de la FREOE ou de l’AER. Ensuite, via l’Alliance évangélique, des membres individuels, notamment des personnes issues des milieux réformés. « Notre futur projet d’association doit permettre de rassembler tous ces gens-là », ajoute-t-il.
Pour celui qui officie actuellement comme intercesseur au Palais fédéral, la nouvelle structure doit rester légère. Avec un rôle de conseil en interne pour des questions pratiques comme l’acquisition de biens immobiliers ou la déductibilité des dons sur la déclaration d’impôts. En externe, cette nouvelle entité évangélique aura un rôle de représentation auprès des différentes instances politiques et médiatiques.
Ne pas revenir sur les acquis !
Jean-Claude Chabloz n’oublie pas la question de la représentations des évangéliques auprès des autres confessions chrétiennes et des autres religions de ce pays. « L’Alliance évangélique a développé ces dernières années un ministère de réflexion sur l’islam, ajoute-t-il. Nous aimerions continuer cela ! » Pour ce qui a trait aux relations avec les autres Eglises, le pasteur de Monthey relève que la FREOE a joué l’ouverture et que, sur ce terrain, il s’agit de continuer dans cette ligne. « Pendant longtemps, les évangéliques se sont réfugiés dans le ghetto qu’ils avaient créé eux-mêmes. A ce niveau-là, nous avons changé, ajoute-t-il. Nous sommes en relation avec la Fédération des Eglises protestantes de la Suisse (FEPS) et avec la Conférence des évêques catholiques... Je ne voudrais pas perdre cet acquis-là ! »
Pour remplir ces diverses fonctions, la nouvelle entité devra bénéficier de moyens financiers. « La petite cotisation annuelle de 100.- à 300.- que nous demandons actuellement aux Eglises et aux oeuvres membres de la FREOE ne suffira pas », commente Jean-Claude Chabloz. Certes il s’agit de commencer modestement avec des bénévoles. Toutefois la nouvelle entité devra pouvoir compter sur 2 ou 3 salariés afin d’afficher rapidement des résultats concrets. « Nos membres n’attendent pas de grands discours ou d’immenses projets irréalisables. Ils veulent des résultats, et tout de suite. »
Rassurer les fédérations
A la question de savoir si cette nouvelle entité évangélique romande ne fait pas double emploi avec certaines activités des fédérations, Jean-Claude Chabloz souhaite rassurer. Tout d’abord les représentants des différentes fédérations d’Eglises évangéliques romandes ont été consultés lors de deux rencontres. « A notre grande surprise, ils sont venus en grand nombre, commente le président de la FREOE. A cette occasion, ils nous ont transmis un message : « Ne faites pas ce que nous accomplissons déjà à satisfaction ! »
Le comité de pilotage du projet de fusion a pris note de la remarque. Il a par exemple renoncé à inscrire au cahier des charges de la nouvelle entité la création d’un centre de formation pour les pasteurs évangéliques romands. « Un tel projet empièterait sur ce que font déjà les Eglises et les instituts, explique Jean-Claude Chabloz. Toutefois cela ne devrait pas empêcher la nouvelle entité de proposer des formations particulières aux pasteurs et aux membres d’Eglise lorsqu’elle le jugera bon. »
Un lieu de communion riche
« En fait, les évangéliques romands vivent des moments historiques ! » se réjouit Jean-Claude Chabloz. Le président de la FREOE va même jusqu’à dire qu’un nouveau climat a éclos dans la mouvance évangélique romande. « Trop longtemps nous nous sommes comportés comme des adolescents. Nous étions incapables de nous affirmer sans nous opposer. Moi le premier, admet-il. Aujourd’hui, je peux rester moi-même et oeuvrer pour le Christ avec des chrétiens qui ne partagent pas nécessairement mes idées ». La nouvelle entité évangélique romande ne sera donc pas un lieu qui rassemble ses membres par le plus petit dénominateur commun, mais « un lieu de riche communion ». « Ce faisant, nous n’avons pas choisi la voie facile... admet le pasteur de Monthey. Mais nous sommes convaincus que c’est la meilleure ! »
Serge Carrel
Cet article est paru dans le FREOE-infos 2005.