« Avec notre Eglise, nous sommes les témoins d’une marche de réconciliation. » Giovanni Traettino est le responsable de l’Eglise de la Réconciliation, un réseau d’une cinquantaine de communautés pentecôtistes en Italie. Le mardi 20 juin, il est intervenu à deux reprises dans le cadre des Journées d’étude pour le renouveau théologique et sociétal à Fribourg. Une fois en plénière aux côtés d’autres témoins de l’œuvre de l’Esprit comme le capucin Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, ou le théologien pentecôtiste Jean-Daniel Plüss du Forum chrétien mondial ; et une autre fois dans un atelier intitulé : « De la condamnation à la réconciliation ».
De la condamnation à la réconciliation
Devant une quinzaine de personnes, il a raconté qu’« il n’était pas toujours facile de changer, en soi ou dans un mouvement de communautés, les paradigmes divisant l’Eglise ». Né dans une famille catholique, Giovanni Traettino découvre Jésus-Christ dans un contexte évangélique. A la fin des années 70, il expérimente la réalité du baptême dans le Saint-Esprit. En 1992, il participe en Italie aux festivités qui marquent les 25 ans du Renouveau charismatique. Convaincu par le Seigneur qu’il doit à cette occasion poser un geste signifiant, il lave les pieds d’un responsable catholique devant 14000 personnes. Ce geste a un impact considérable au sein du Renouveau charismatique catholique. Il permet d’entrevoir d’autres relations possibles entre ces deux courants chrétiens – catholique et pentecôtiste – qui, jusqu’alors, se jetaient plutôt des anathèmes. « Le pentecôtisme a la capacité de bénir tous les mouvements d’Eglise, relève-t-il. Si des chrétiens ont soif de la présence de Dieu, l’expérience de l’Esprit peut les rassembler. »
Visité par le Pape François
En 2006, alors qu’il est en visite en Argentine, Giovanni Tarettino participe à une grande rencontre charismatique de réconciliation. L’archevêque de Buenos-Aires, Jorge Bergoglio, le futur Pape François, participe à cette rencontre. Sur la scène, il s’agenouille et demande aux pasteurs pentecôtistes présents de prier pour lui. A partir de ce moment-là, Giovanni Tarettino tisse une relation d’amitié forte avec le futur Pape.
Une fois nommé Pape, François prend contact avec le pasteur Tarettino et lui demande s’il est possible de le visiter. Cette visite se réalise le 28 juillet 2014. François effectue d’abord une visite au domicile du pasteur, puis dans son Eglise de Caserta. « A cette occasion, François nous a demandé pardon pour la persécution des pentecôtistes en Italie et pour le fait que l’Eglise catholique a affublé les Eglises pentecôtistes du terme de sectes. »
Depuis ce moment-là, Giovanni Tarettino est engagé encore plus résolument pour la réconciliation entre catholiques, pentecôtistes et évangéliques. Même s’il est parfois critiqué par ses pairs en Italie, il considère que cet œcuménisme spirituel à la base constitue un véritable pas vers davantage d’unité au sein du corps de Christ.
Serge Carrel