C’est décidé. L’Eglise évangélique de Cologny, soutenue par le Réseau évangélique suisse (RES) et sa section genevoise, porte l’affaire des baptêmes dans le lac devant le Tribunal fédéral. Le 7 février, cette Eglise genevoise membre de la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE) a annoncé recourir contre la décision de la Chambre administrative de la Cour de justice de Genève, qui confirmait l’interdiction de célébrer un baptême sur une plage de Collonge-Bellerive. Selon les juges de cette Cour, l’Eglise évangélique de Cologny n’avait pas la possibilité de demander l’organisation d’une manifestation cultuelle dans l’espace public, car elle n’a pas signé le règlement d’application de la loi genevoise sur la Laïcité. (voir sur lafree.info : Genève n’autorise plus les baptêmes dans le lac Léman)
« Ce n'est pas que le baptême dans le lac soit indispensable », explicite Jean-René Moret, l'un des pasteurs de l'Eglise concernée – l'autre pasteure étant son épouse Virginie. Le problème est plutôt que l'Etat prend une position qui veut restreindre les libertés fondamentales des communautés religieuses n’ayant pas fait les démarches pour ‘établir une relation avec l'Etat’. C'est un précédent que nous ne voulons pas laisser établir, car c'est mauvais pour les libertés fondamentales de tous. »
Le pasteur évangélique précise d'ailleurs qu'une demande de reconnaissance n'est pas automatiquement acceptée, mais qu'elle fait l'objet d'une décision du Conseil d'Etat contre laquelle il n’y a pas de recours possible.
Une laïcité centrée sur l’ouverture
Dans le communiqué du 7 février, l'avocat mandaté par l'Eglise évangélique, le pasteur Jean-René Moret, Thierry Bourgeois (président du REG) et Stéphane Klopfenstein (directeur adjoint du RES) rappellent qu’une laïcité centrée sur l’ouverture, sur l’harmonie, sur la tolérance donne la permission à chaque confession de se manifester dans le respect des autres, croyants ou non. « Lorsque l’ordre public n’est pas menacé et les droits de chacun respectés, l’Etat doit autoriser chacun à s’exprimer et à se réunir sur le domaine public », soulignent les signataires. Et d’ajouter: « Si l’Etat se permet de sélectionner certaines croyances au détriment des autres, il outrepasse son rôle. Le lac, la montagne et la forêt appartiennent au domaine public naturel. Ce sont aussi des espaces de libertés ».
Pour ces raisons, « le recours est formé contre ce refus pour violation de l’égalité de traitement, de l’interdiction des discriminations et pour atteinte injustifiée à la liberté religieuse et de réunion », précise le communiqué de presse.
En ce qui concerne la seconde Eglise s’étant vu refuser l’autorisation de célébrer un baptême dans le lac, elle n’a pas pu aller au bout de la démarche de recours cantonal. Elle n’est donc pas en position de recourir au Tribunal fédéral.