« Je ressens à la fois de l’enthousiasme et le poids d’une grande responsabilité ». Jacques Chollet est le président de la Fondation Praz-Soleil à Chateau-d’Oex. Il a reçu le 30 janvier les clés de la maison de repos Béthel à Blonay : 4100 m2 de terrain, un grand chalet et un bâtiment plus récent en dur, doté de 12 chambres, avec une vue imprenable sur le Léman.
Praz-Soleil II, un rêve enfin réalisable ?
« C’est l’aboutissement d’échanges qui ont duré plusieurs mois, explique Jacques Chollet qui est aussi député au Grand Conseil vaudois. Les membres du Conseil de Béthel nous ont remis l’ensemble de l’institution, ses actifs, ses passifs et sa gestion immédiate ». Praz-Soleil a été choisi parmi plusieurs autres institutions à cause de la solidité de sa structure et de son expérience de 20 ans dans le médico-social. De plus le Conseil de Béthel voyait d’un bon oeil que cette maison serve à un projet dans le cadre des AESR.
Cette donation relance le projet « Praz-Soleil II », un « rêve » qui a vu le jour en 1995 et qui prévoyait l’ouverture d’une deuxième unité d’accueil à côté de Praz-Soleil, l’EMS créé en 1984 par l’Union des AESR et la Fondation La Prévoyante. L’objectif de cette « doublure » : offrir aux personnes fatiguées, en proie à des problèmes psychosomatiques ou à des soucis particuliers, un lieu pour leur ressourcement psychique et spirituel. « A l’époque, cela représentait un investissement de 8 millions de francs, explique Jacques Chollet. Nous avons dû rapidement abandonner à cause d’une non-entrée en matière de l’Etat de Vaud. Le projet ne s’intégrait pas dans des dispositions légales permettant un financement ».
Vision et problématique financière
L’offre de la Fondation Béthel relance donc le projet « Praz-Soleil II », avec l’avantage de se trouver au coeur d’un bassin de population plus important que le Pays-d’Enhaut. Financièrement, la maison vide coûte 30'000 CHF par année, et les mises en conformité entraîneront des frais importants. Les travaux seront financés par une augmentation de l’hypothèque, et le Conseil de Praz-Soleil espère des dons de particuliers et des legs. Il compte aussi, après avoir précisé la mission de cet établissement, adresser une demande de soutien à la Fondation La Prévoyante et solliciter le TUM pour un appui à l’aumônerie. Dans l’immédiat, la gestion financière est assumée par Praz-Soleil.
Des perspectives ont aussi été étudiées pour les frais de fonctionnement. En fonction des locaux actuels pour un accompagnement de douze personnes en chambre individuelle, le prix de la journée s'élèverait à 220 CHF. « Quelle personne, déjà en proie à des difficultés, pourrait payer un tel montant ? s’interroge Jacques Chollet. Il nous faut trouver un chemin pour une aide publique, afin de rendre ce lieu accessible au plus grand nombre. »
Les probabilités que l’Etat investisse dans les bâtiments sont faibles. Il pourrait peut-être s'intéresser au fonctionnement, si l'institution accueille des personnes avec des pathologies psychiatriques qui nécessitent une structure médicalisée. La liberté de vivre une mission d'accueil au nom de Jésus-Christ y serait-elle alors encore garantie? Une question à garder à l’esprit !
3 ans pour trouver une nouvelle affectation
"La société n'offre que peu de chose aux personnes épuisées ou en rupture psychique momentanée, reprend Jacques Chollet. C’est à nous de prouver à l’Etat que nous répondons à un besoin réel, sans parler de la dimension spirituelle à laquelle nous tenons. » Mais le temps est compté: l'organe de surveillance des fondations accorde un délai de trois ans pour trouver une nouvelle activité à Béthel. Sinon, la Fondation sera dissoute! Et trois ans, c'est court!
C'est donc l'ouverture d'un gros chantier, où se mêlent la gestion courante, et un projet de mise en application d'une mission chrétienne dans le secteur des soins psychiatriques. Un groupe sous la responsabilité d'Anne-Marie Romain travaille à la recherche de solutions depuis plusieurs mois. "C'est un acte de foi important pour le Conseil de Fondation de Praz-Soleil et son comité, conclut son président. Mais la concrétisation d’un projet au service du Seigneur et de notre prochain dépend de la prière de tous, en particulier de nos Eglises".
Une synergie avec la Croisée à Blonay ?
L’Eglise de la Croisée de Blonay (AESR), qui a sa modeste salle de culte à 500 mètres de Béthel, cherche des locaux plus adéquats. Une synergie avec Béthel lui permettrait de bénéficier de meilleures structures. En même temps, elle apporterait un souffle dynamique à cette institution. Un premier accord d'une année est en négociation afin que l’Eglise de Blonay puisse utiliser les locaux et la cuisine, très bien équipée, ce qu'elle fait déjà pour les cours Alphalive. Jean Vaney, pasteur dans l'Eglise de la Croisée, est enthousiaste. Certes rien n'est gagné d'avance, mais les perspectives ont de quoi donner des ailes!
Jean-Charles Moret