«Le christianisme: à l’origine de la catastrophe climatique?», une chronique StopPauvreté/Radio R de Serge Carrel

Serge Carrel jeudi 31 octobre 2019

Dans certains cercles écologistes, il est de bon ton d’incriminer la Bible comme cause idéologique de la crise climatique. L’occasion pour Serge Carrel de montrer que c’est un peu plus complexe !

Il est un texte de la Bible qui a mauvaise presse dans certains milieux écologistes… Il s’agit de la parole de bénédiction que Dieu prononce sur l’homme et la femme dans le premier chapitre de la Bible, Genèse 1 : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre » (Ge 1.28).

Une polémique amorcée par Lynn White

Dans un article qui a fait date, Lynn White, un historien étasunien spécialiste des techniques, discerne dans le christianisme occidental le soubassement religieux d’une attitude « despotique » de l’être humain à l’endroit de la nature. Cette thèse publiée dans le journal Science en 1967 est toutefois nuancée par son auteur lui-même (1). Lynn White montre que le christianisme oriental ne participe pas à cette dynamique… qu’il y a, dans la tradition chrétienne occidentale elle-même, des personnalités comme François d’Assise qui ne promeuvent pas une vision dualiste des relations humains-nature ou humains-autres créatures… Vous connaissez peut-être, le fameux « Cantique des créatures » dans lequel François d’Assise parle du soleil comme de « frère Soleil » ou de l’eau, comme de « sœur Eau »

Que dit le texte biblique ?

Concrètement, que dit le texte biblique ? Peut-on vraiment dire qu’il est à l’origine de l’exploitation de la nature par l’homme ? C’est vrai que Genèse 1.28 utilise des verbes forts : « Soumettez la terre », « cavash » en hébreu qui se retrouve souvent dans des contextes de guerre où un peuple soumet un autre à son autorité… « Dominez sur les animaux », « rada » en hébreu, un verbe qui se retrouve souvent en lien avec l’activité d’un roi…

Mais ce qu’il importe de rappeler, c’est que le tout s’inscrit dans un récit où Dieu est premier. C’est lui qui crée. C’est lui qui, à 6 reprises, va dire : « C’est bon ! », « C’est même très bon ! » Loin d’être centré sur l’être humain, ce récit demeure de bout en bout centré sur Dieu.

L’être humain est donc une créature. Sa fonction se précise remarquablement dans le second récit de création en Genèse 2.15 où on peut lire : « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. » En Eden, l’être humain exerce une fonction de jardinier ou d’intendant. Il est bien loin d’être propriétaire du périmètre et d’avoir tous les droits pour l’exploiter à sa guise.

Tout par et pour Jésus-Christ !

Que Genèse 1.28 ait servi de légitimation religieuse pour salir sans vergogne le jardin dans lequel Dieu nous a placés, c’est bien possible. Quant à savoir si la perspective biblique, en l’occurrence, a été bien comprise, c’est sûr que non ! Et ce d’autant plus que le Nouveau Testament nous rappelle que : « Tout a été créé par Jésus-Christ et pour Jésus-Christ » (Colossiens 1.15). L’être humain est certes « vice-roi de la création », mais un vice-roi responsable devant Dieu, le Roi !

Serge Carrel

Note
1 Lynn T. White Jr, Les racines historiques de notre crise écologique, trad. Jacques Grinevald, Paris, PUF, 2019.
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