Tharjigan a 13 ans et demi. Ses parents, originaires du Sri-Lanka, sont arrivés en Suisse voilà une vingtaine d’années. Depuis septembre 2009, après l’école, cet adolescent d’Yverdon-les-Bains vient faire ses devoirs à Mosaïque-Jeunes, une association de soutien scolaire pour enfants et adolescents qui ne sont pas de langue maternelle française. « Depuis que je viens ici, je fais moins de fautes que quand je travaillais tout seul. J’ai même beaucoup augmenté ma moyenne, lâche-t-il, des scintillements plein ses yeux noirs... De 7e VSO, je vais pouvoir passer l’an prochain en 7e VSG ! » Pour les non-Vaudois, Tharjigan aura la possibilité de passer dans une voie supérieure qui, un jour, pourrait lui permettre d’accéder à la voie baccalauréat.
Une soixantaine de jeunes en appui scolaire« Actuellement, nous accueillons une soixantaine d’enfants et d’adolescents par semaine pour de l’appui scolaire, pour des ateliers socio-éducatifs et pour le suivi de troubles du comportement ou des relations », explique Noémie Requet, la psychologue qui dirige Mosaïque-Jeunes. En février 2007, cette association a commencé modestement à proposer du soutien scolaire à 5 enfants. Les personnes de l’encadrement étaient bénévoles. A la rentrée 2007, il y avait 15 enfants. A celle de 2008, le double, puis en 2009 40.
Depuis la rentrée 2009, Mosaïque-Jeunes a emménagé dans de nouveaux locaux, en face d’un des grands magasins de la place. Elle salarie à 60% la directrice et à 40% une autre psychologue chargée des bilans et des suivis psychologiques. Un apprenti assistant socio-éducatif et une stagiaire socio-éducative complètent l’équipe qui assure le suivi de ces adolescents avec une petite dizaine de bénévoles. « En accueillant une soixantaine d’enfants, nous avons atteint notre capacité maximale », ajoute Noémie Requet, cette psychologue qui, durant sa formation universitaire, s’est spécialisée dans l’intervention en milieu scolaire.
Un financement quasi intégralement privé !« Actuellement, nous avons besoin de 10'000.- par mois pour faire face à nos obligations financières, explique Guy Chautems, le président de Mosaïque-Jeunes. Ce pasteur réformé, aujourd’hui à la retraite au Mont-sur-Lausanne, est natif de Champvent dans le Nord vaudois. Son attachement à sa région natale l’a poussé à assurer pendant 6 ans la présidence de l’association. Il s’est battu et se bat encore pour récolter les fonds nécessaires à la vie de Mosaïque-Jeunes. « Les parents des enfants versent 50 fr. par mois, explique-t-il. Nous bénéficions aussi du soutien généreux de donateurs privés et de diverses fondations. » En 2009, la commune d’Yverdon a fait un don unique de 10'000 fr. L’idéal serait que l’Etat participe au financement de l’association, mais « actuellement on assiste à une partie de ping-pong entre la commune d’Yverdon et l’Etat de Vaud pour savoir qui devrait assurer une partie du financement d’une telle démarche », ajoute Guy Chautems.
Mosaïque-Jeunes essaie aussi d’entretenir des liens avec les Eglises et les Paroisses locales. « Certains réformés et certains catholiques s’intéressent et s’impliquent dans le soutien de notre démarche. Côté évangélique, nous suscitons peu d’intérêt », déplore Noémie Requet qui se sent très proche de Jeunesse en mission. Les Eglises évangéliques d’Yverdon ont été invitées à s’impliquer dans le comité de l’association, mais les engagements n’ont pas suivi. « C’est dommage ! relève la directrice, parce que nous avions vraiment fait de ce lien une priorité ! »
En « complément » de Quartier libre et d’AntizoneEn fait, cette démarche d’appui scolaire et de suivi d’enfants de migrants s’inscrit en parallèle avec les engagements Quartier libre et Antizone, développés par les Fabricants de joie sur Yverdon-les-Bains. Noémie Requet, en son temps très impliquée dans cette dynamique, a aujourd’hui pris quelques distances. « Pour clarifier les choses et m'investir à 100% dans le développement de Mosaïque-Jeunes, explique-t-elle. Mon coeur reste toutefois attaché à ces engagements. Pour preuve : mon mari est toujours actif à Antizone. »
Pour l’avenir, Noémie caresse un rêve. Au vu du succès rencontré par son association, elle aimerait développer dans les « quartiers » l’appui scolaire dispensé aux jeunes Yverdonnois issus de l’immigration. Et là peut-être que les Eglises évangéliques répondront davantage présent.
Serge CarrelSite internet de
Mosaïque-Jeunes.