« Ce livre rappelle que nous avons quelque chose de tellement plus riche que l’argent à léguer à nos enfants »

Interview de Gilles Geiser par Sandrine Roulet mercredi 12 juin 2024

C’est un premier roman, touchant et profond, que signe Gilles Geiser, pasteur dans l’Église de Châble-Croix, à Aigle (FREE). Avec « Lettres à ma fille », paru le 12 juin aux éditions BLF, il montre combien la transmission de la foi et de valeurs est un cadeau aux prochaines générations. Mais aussi l’importance du lien père-fille. Entretien avec un auteur passionné et un papa heureux.

Vivre – Dans la postface, vous écrivez que c'est la joie de construire la relation avec votre fille qui vous a poussé à écrire ce livre. Mais aussi la peine ressentie en accompagnant des jeunes filles. Qu’avez-vous découvert ?

Gilles Geiser – J’ai eu la joie de travailler durant quinze ans comme aumônier dans un foyer pour mineures en Suisse Romande. Au fil des entretiens, je me suis rendu compte du vide – voire même du gouffre – identitaire qui résultait du manque des parents, et le plus souvent encore du manque du père.

J’ai construit ce livre avec ces filles, pour répondre à leurs questions. Mais j’avais depuis longtemps ce projet d’écriture à cœur, comme un cadeau à ma propre fille, à qui ce livre est dédicacé.

Vous aviez déjà écrit des contes, un One-man-show et le livre « Un MOI pour AIMER l’essentiel ». Quel rôle joue l'écriture dans votre vie ?

C’est une forme de respiration, de pause, pour moi. Quand j’écris, je me sens presque comme en vacances ! Que ce soit des chansons, des slams, des sketches, un livre ou simplement mon propre journal… j’aime me plonger dans un thème et jouer avec les mots. Je leur fais dire mes émotions, ça me libère, et ça m’enchante.

Vous avez choisi une structure épistolaire pour votre premier roman. Une idée inspirée par les lettres du Nouveau Testament ?

Rien à voir... C’est une idée inspirée par un magnifique et très court ouvrage de Kressmann Taylor, intitulé « Inconnu à cette adresse », un roman épistolaire fictif dans les années 30. La manière dont ce roman est écrit m’a permis non seulement d’imaginer la relation décrite, mais de la ressentir. C’est l’un des livres les plus forts que j’aie lus. Et pourtant très simple. C’est ce que j’ai essayé de reproduire dans « Lettres à ma fille ».

« Lettres à ma fille », justement, c'est l'histoire d'une transmission d'un père à sa fille, mais aussi d'un arrière-grand-père à ses descendants. En quoi la transmission inter-générationnelle était-elle importante ?

C’est peut-être mon âge qui veut ça : mes parents sont encore en vie, mes enfants jeunes adultes. Et certaines circonstances de vie, cette dernière année, m’ont permis de prendre conscience de la beauté de la transmission de la foi, de la profondeur qu’elle donne, et de l’impact qu’elle a quand elle touche trois générations à la fois.

Dans le livre, ce qui est beau, ce n’est pas seulement l’écoute de la fille, mais la manière dont le père lui écrit, lui parle, comment il lui ouvre son cœur, transmet ses convictions et ses découvertes profondes. On est pauvre de ça, dans notre culture. Ce livre, c’est un rappel qu’on a quelque chose de tellement plus riche que l’argent à léguer à nos enfants. 

Vous abordez avec une grande finesse la question du pardon. Avez-vous l'impression que les chrétiens, en général, mélangent oublier et pardonner ?

Je crois qu’il est plus aisé de minimiser le mal que de l’affronter, pour ensuite le pardonner. Que ce soit le mal qu’on nous a fait ou le mal que nous avons nous-même fait aux autres. En minimisant, on se dit : « Ce n’était pas si grave ! » Sauf que la première étape du pardon, comme de la repentance, c’est justement de dénoncer le mal pour ce qu’il est : vraiment mal.

On s’est beaucoup trop habitué au mal. On l’excuse plus souvent qu’on le pardonne. Cela nous asphyxie et nous endort dans nos combats, dans notre foi, dans nos familles, dans nos Églises.

Vous écrivez : « Nos vies seront jugées à l'échelle de l'éternité ». Est-ce un des messages que vous souhaitez laisser à la nouvelle génération ?

Dans ces lettres, il y a plusieurs thèmes, qui me semblent essentiels : les réflexions sur le pardon, le sens de la vie, le couple, la question de la vie après la mort, le choix intentionnel de nos « non-négociables ». Tous ces thèmes sont d’une grande actualité, pour toutes les générations. Et ils vont le devenir, de plus en plus.

Y a-t-il aussi des éléments autobiographiques dans cette histoire, dont le décor se situe entre l'Alsace et Alger?

Oui, il y a des éléments autobiographiques, mais ni l’Alsace, ni l’Algérie… je laisse au lecteur un peu de suspens pour qu’il les découvre lui-même !

Pour plus d'infos et commandes: Site Lettres à ma fille

  • Encadré 1:

    Une vie à partager l’Évangile de manière créative

    Gilles Geiser est marié à Fiona depuis 23 ans. Ensemble, ils ont trois adolescents, et exercent un ministère à l’Église FREE de Châble-Croix, à Aigle, depuis plus de quinze ans. Titulaire d’un master en sciences de l’éducation et en théologie, Gilles aime partager le message de l’Évangile et les grandes questions de la vie de la manière la plus compréhensible possible. Ce qui l’a amené à se lancer dans un ministère d’évangéliste avec son premier one-man-show intitulé : « Si tu savais ».

    Après avoir écrit « Un MOI pour AIMER l’essentiel » et avoir participé à l’ouvrage « Pour une foi réfléchie », Gilles sort son premier roman, « Lettres à ma fille », aux éditions BLF.

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