Au début, c’est promis ! on est bien résolu à suivre son chemin à l’inverse du sens qui chaque année nous pousse irrésistiblement de bazars en boutiques et en supermarchés, plutôt que calmement à la Crèche étoilée. Alors pour conserver intacte cette envie de ne pas, cette fois, nous laisser prendre au piège d’une mercantile fièvre, nous nous remémorons ce sévère constat d’un poète ulcéré suite à un réveillon :
«Ont englouti pour la Noël
Cuisses et «ailerons» de dinde,
Bombe glacée au caramel
Et - ventre plein le cœur se blinde -
Ont été jusqu’à oublier
Le «pourquoi» de cette bombance.
Lorsqu’à minuit le sablier
Discret annonça la naissance,
Ivres-morts sont allés coucher
Sous les draps leur indifférence,
Laissant dans la nuit grelotter
L’Enfant leur offrant Sa Présence.»
Esprit léger et cœur en fête, pèlerins bien intentionnés guidés par l’Etoile diaphane, pleins de confiance nous cheminons jusqu’à ce que… «non ! pas cette année !» - le tohu-bohu de la rue et ses vitrines, et ses lumières aveuglantes, nous aspirent à rebrousse-cœur loin de l’Etable-aux-quatre-vents où nous voulions, c’était promis ! divinement nous vivifier ! Fâchés contre nous-mêmes nous crions, nous pestons… alors qu’il suffirait, peut-être, juste avant de dormir, de faire nôtres ces mots s’ouvrant sur un demain parsemé de possibles :
«De nuit j’oserai le silence
Muselant mon être orageux,
Afin de redonner sa chance
À la pureté de mes yeux.
De nuit j’oserai la Lumière
D’une étoile au flou de mon Ciel
Et, le cœur lourd d’une prière,
À genoux j’attendrai Noël.
De nuit j’oserai l’Espérance
Comme Marie, au froid d’un soir,
Préparait pour l’humble naissance
Une écurie en reposoir.
De nuit j’oserai la Présence
Du Nouveau-Né qui, souriant,
Soufflera sur ma défiance,
Me rendant mon âme d’enfant.»
Marie-Claude Pellerin