Prier au nom de Jésus, c’est avant tout une histoire d’amour !

Stéphane Rossel vendredi 21 mars 2025

Prier « au nom de Jésus », c’est dire ce que Dieu aimerait que nous disions. Voici comment... [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Églises évangéliques.]

La prière, c’est un truc de dingue ! Dieu notre Père est tellement amoureux de chacun de nous qu’il nous permet de lui parler de tout et de n’importe quoi, et à n’importe quel moment. Sans fioritures, sans détours, sans intermédiaire, en toute vérité et transparence. Du vrai cœur à cœur en continu.

Lorsque l’un de nous, ses enfants, se met à lui parler, même tout doucement, Dieu se penche pour mieux écouter sa voix. C’est un moment privilégié pour lui : son fils, sa fille, lui parle ! A lui, personnellement. Il en est tout ému ! Il aime tellement ces moments de partage vrai avec chacun de nous !

Est-ce qu’il ne vous arrive pas, à vous aussi, de vivre des rencontres avec Dieu, d’une telle intensité qu’on hésite à ouvrir les yeux par peur de le voir assis juste à côté de nous ? Il est parfois tellement proche, tellement palpable !
Mais il faut aussi avouer que, trop souvent, nous casons ces dialogues avec Dieu dans des moments dédiés que l’on nomme : « temps de prière ». Le matin ou le soir. Ou avant un examen. Nous les remplissons avec des « sujets de prière » qui ressemblent parfois à des listes à commission, à de longs monologues ou à des appels au secours !

Parce que c’est vrai, nous n’avons pas toujours le temps, ou la disponibilité intérieure pour vivre ces instants de pur bonheur que le Père nous offre. Nous les humains sommes tellement compliqués !

Mais Dieu nous ouvre son cœur à tout moment. Mieux encore, puisqu’il sait que nous sommes si compliqués, il nous a donné son Esprit saint pour que l’on puisse prier... en son nom. En ajoutant encore que, lorsque nous le faisons, tout ce que nous demandons nous est accordé. C’est assez incroyable, non ?

La prière, ça ne marche pas ?

– C’est peut-être incroyable, mais ça ne marche pas !

– Pardon ?

– Je dis, c’est bien joli ce que tu racontes-là, mais ça ne marche pas. J’ai demandé plein de trucs à Dieu, au nom de Jésus, que je n’ai jamais reçu. Que pouic !

– Tu as un exemple ?

– Ah oui, plein ! Par exemple j’étais convaincu que Dieu était OK pour que je demande un… une… enfin, quelque chose. Et j’ai prié avec force, foi, onction, tout le truc et j’ai fini par « au nom de Jésus, amen ! » Eh bien, il ne s’est rien passé !

– Et tu as réellement prié au nom de Jésus ? Tu es sûr qu’il t’a demandé de prier ça, ou est-ce que tu as prié en ton propre nom ?

– Comment ça ?

– Eh bien… ok, je prend un exemple. Dans mon job, je dirige un Centre d’escalade dans lequel les employés travaillent tous à temps partiel. Ce qui fait qu’on ne se croise pas tous les jours. Il m’arrive donc de dire à ma secrétaire : « Puisque tu verras Marcel demain matin, est-ce que tu peux lui demander telle chose ? » Le lendemain, elle voit Marcel et lui transmet mon message. Etonné, Marcel lui dit : « Ah, c’est toi qui t’occupe de ça, maintenant ? » Et elle répond : « Ah, non, non. Je te dis ça au nom de Stéphane ». Et là, ça change tout !

Une question d’autorité

Ma secrétaire n’a pas l’autorité pour demander cette chose à Marcel, mais comme elle vient en mon nom et qu’elle ne fait que redire ce que je lui ai dit, elle a non seulement mon message, mais aussi mon autorité.

C’est la même chose pour la prière. Si je prie « au nom de Jésus », c’est que Jésus m’a demandé de dire cela. Sinon, je ne fait que prier « en mon nom ». Ce qui, par ailleurs, est tout à fait OK, il n’y a pas de souci. Je peux prier en mon nom, tout comme je peux prier au nom de Jésus. Mais si je prie en mon nom et que je colle un « au nom de Jésus » à la fin de ma prière, c’est un pieu mensonge. Parce que je prie en mon nom propre, et non pas au nom de Jésus.

Or, si je prie en mon nom, Dieu est libre de répondre favorablement ou non. Il n’a aucune obligation envers moi, même si je trouve que ma prière est juste et super importante. Parce que Jésus n’est pas mon serviteur.

Inversement, si je prie au nom de Jésus, parce que Jésus me l’a demandé, je n’ai même pas besoin de dire « au nom de Jésus » à la fin de ma prière. Parce que ma demande faite au Père est tout à fait dans la ligne de ce que Jésus lui demande aussi. Elle est donc intrinsèquement chargée de son autorité. Et cette demande-là a toutes les chances d’obtenir une réponse favorable.

Dans Jean 16.26, en parlant de ce que fera le Saint esprit, Jésus dit à ses disciples : « Ce jour-là, vous adresserez vos demandes au Père en mon nom ; et je ne dis pas que je le prierai pour vous, car le Père lui-même vous aime ».

Lorsque Jésus parlait à son Père, il ne passait pas par un intermédiaire. Le Père recevait directement ce qu’il disait parce qu’il l’aimait. Or ce verset dit que le Saint-Esprit nous positionne dans la même relation d’amour avec le Père que Jésus vivait. Et que, tout comme lui, nous n’avons pas besoin d’intermédiaire pour parler au Père. Parce qu’il nous aime. En d’autres terme, l’Esprit-Saint nous plonge dans le cœur amoureux du Père.

Et c’est ce que Jésus exprime dans sa prière en faveur de ses disciples (Jn 17) : « Qu’ils soient un comme nous sommes un, toi en moi, moi en eux, eux en nous ». Jésus nous offre une sorte d’interpénétration de Dieu, Jésus, l’Esprit et chacun de nous dans une même relation de cœur à cœur. C’est quelque chose de magistral !

C’est tellement important qu’on va s’y arrêter un moment.

Une question d’unité

En lisant la Bible de A à Z, nous réalisons très vite que la puissance d’amour qui lie le Père, le Fils et le Saint-Esprit est inégalée. Ces trois personnes, qui n’en sont qu’une, sont constamment en communication profonde, vraie, et transparente. Il n’y a aucune ombre entre elles, aucune variation dans l’amour qui les lie.

Lorsque Jésus était sur la terre, il était constamment en relation avec son Père, faisant exactement ce qu’il le voyait faire (Jn 5.19). Lorsqu’il parle à ses disciples de son Esprit saint qui viendra, Jésus dit que celui-ci leur transmettra tout ce qu’il recevra de lui pour eux (Jn 16.12-15). Non seulement il y a une communication constante entre les trois personnes divines, mais on comprend aussi que le Saint-Esprit communique aux disciples ce qui se vit dans les lieux célestes. Disons que dans le sens descendant, tout va bien : Dieu parle réellement aux hommes, même si ceux-ci ne le comprennent pas toujours.

Par contre dans le sens ascendant (ce qu’on appelle la prière) c’est une autre question ! Dans Romains 8.26, la toute première chose que Paul dit de la prière c’est que « nous ne savons pas prier ! » Voilà qui règle la question ! Mais… « l’Esprit lui-même prie en notre faveur ». Et Dieu, « qui voit dans les cœurs, comprend ce que l’Esprit Saint veut demander, parce que l’Esprit prie en faveur des croyants, comme Dieu le désire ».

Je ne sais pas si vous voyez ce que je vois. Mais moi, je trouve ça complètement fou !

Dieu ne veut pas que nous soyons de simples prieurs du dimanche. Il a donc pris notre esprit pour l’avoir à côté de Jésus dans les lieux célestes (Ep 2.6) et il nous a donné son Esprit saint pour qu’il demeure en nous (1Co 6.19). En d’autres termes, il nous a mis en lui et il s’est mis en nous. Dieu a donc « étendu » la personne de l’Esprit saint jusqu’à notre être intérieur, pour que nous ayons accès à la communication qui se vit au sein même de la Trinité !

L’Esprit inspire notre prière

Comme nous ne savons pas ce qu’il est bon de prier (dixit Saint Paul), l’Esprit saint inspire notre prière pour que nous priions de manière cohérente avec ce qui préoccupe notre Père.

– Très bien. Mais dans le concret, qu’est-ce que ça change ?

– Eh bien ça change tout ! Lorsque nous prions pour un voisin, nous pouvons choisir « comment » nous aimerions prier. Nous pouvons prier en demandant à Dieu de lui donner tout ce qui nous semble bien pour lui. Ça peut être une guérison, une amélioration de sa vie de couple, un nouveau job, ou n’importe quoi. En faisant cela, nous prions « en notre nom ». De nouveau, il n’y a aucun souci avec ce type de prière, c’est même recommandé par Paul (Ph 4.6). Dieu entend votre prière et il y répondra, positivement ou négativement selon sa volonté.

Mais nous pouvons aussi prier « au nom de Jésus ». Nous pourrions dire : « Jésus, je sais que tu connais mon voisin et que tu l’aimes. Qu’est-ce que tu aimerais que je prie pour lui ? » Et l’Esprit Saint vous révélera alors une chose ou deux qu’il aimerait que vous priiez. Ce faisant vous entrez dans la communication qui se passe au sein même de Dieu, entre le Père, le Fils et l’Esprit saint. Vous dites à Jésus ce que son Esprit vous demande de lui dire en faveur de votre voisin.

C.S. Lewis a dit : « La prière, à son niveau le plus parfait, est un soliloque. Si le Saint-Esprit parle en l’homme, on peut alors dire que Dieu parle à Dieu dans la prière » (1).

Aligner notre prière sur la volonté de Dieu

Lorsque vous faites cela, vous priez « au nom de Jésus ». Et tout ce que vous demandez vous est accordé. Pourquoi ? Parce que vous alignez votre demande sur ce que Dieu est en train de dire et de faire.

Lorsque nous prions au nom de Jésus, ce n’est pas seulement une indication de prière qui nous est communiquée par le Saint Esprit pour mieux prier. Mais nous entrons dans la dynamique de Dieu. Sa présence se fait ressentir, son amour pour notre voisin grandi, notre vision change, nos pensées s’alignent sur celles de Dieu. Et lorsque la réponse de Dieu vient sur notre voisin, la joie de Dieu nous envahit ! Nous sommes partenaires avec Dieu de son action chez notre voisin. C’est tout simplement incroyable !

Dieu a un tel niveau d’amour et de confiance envers nous, que non seulement il nous permet de parler de lui autour de nous, mais bien plus encore, il nous invite à prier en son propre nom ! C’est presque inimaginable !

Il nous aime tellement !

 

(1) C.S Lewis, « Lettres à Malcolm », chapitre 12, page 108, Editions Raphaël, 2000.

  • Encadré 1:

    Etre témoin du Christ au quotidien

    En 2022, Stéphane Rossel a publié « Vis Sa vie ! Etre témoin au quotidien ». En 240 pages, il propose, non pas des méthodes d’évangélisation, mais un mode de vie chrétien qui parle aux autres. A partir de son expérience personnelle, et avec pas mal d’humour, il montre comment une vie chrétienne qui cherche la présence de Dieu est la manière la plus simple et la plus naturelle de témoigner de sa foi.

    Stéphane Rossel, Vis Sa vie ! Etre témoin au quotidien, Dossier Vivre 46, Saint-Prex, Je Sème, 2022, 240 p.

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