La Fédération des Eglises protestantes d’Italie et le mouvement catholique Sant’Egidio se sont associés pour ouvrir des guichets humanitaires, qui constituent comme une porte d’entrée en Europe. Il s’agit de bureaux qui aident les migrants à faire une demande de visa pour des raisons humanitaires dans les ambassades et consulats européens, comme le prévoient les accords de Schengen. L’opération débutera au Maroc, a indiqué dimanche Gaelle Courtens, porte-parole de la FCEI dans l’émission Hautes Fréquences de RTS La Première. Si l’expérience pilote marocaine s’avère concluante, les deux partenaires comptent ouvrir ensuite des guichets similaires à partir du Liban.

« Ces corridors humanitaires visent à assurer la sécurité des demandeurs d’asile les plus fragiles qui sont en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient », a souligné Gaelle Courtens.

Court-circuiter le trafic des passeurs

L’intérêt premier de l’initiative œcuménique est d’éviter un maximum les embarquements sauvages sur des navires de fortune susceptibles de faire naufrage. Il s’agit aussi de court-circuiter le trafic sans scrupules des passeurs. L’opération est enfin une façon de contourner le règlement de Dublin, qui stipule que le migrant doit mener sa procédure d’asile dans le premier pays d’accueil européen. Or ce règlement étouffe l’Italie qui paie actuellement le prix fort en matière de traitements des demandes.

« Par cette initiative œcuménique, le migrant pourra, que ce soit à Rabat ou Tanger, s’adresser directement au pays qu’il compte rejoindre… et surtout s’y rendre en toute sécurité », a expliqué la porte-parole. 

Plus de 800 morts

Plus de 800 personnes sont mortes noyées en mer au large des côtes libyennes dimanche 19 avril. De par son ampleur, ce drame a supplanté brutalement les naufrages précédents, dont celui du 3 octobre 2013 avec ses 365 morts, qui avait donné naissance à l’opération Mare Nostrum. L’Organisation maritime internationale a annoncé que 500'000 migrants pourraient tenter en 2015 la traversée de la Méditerranée… Jeudi 23 avril, l’Union européenne a convoqué une réunion de crise des chefs d’Etat. Mais ce qu’ils ont décidé, comme par exemple une augmentation du budget pour l’opération Triton de surveillances des frontières européennes, a été largement critiqué, y compris par l’ONU. 

Eviter ces drames à répétition

L’initiative œcuménique a, dans ce contexte, le mérite de montrer aux responsables politiques qu’il est possible de faire quelque chose de significatif de façon urgente et en toute légalité, pour essayer d’éviter ces drames à répétition dans la Méditerranée. Les catholiques et protestants qui portent cette initiative espèrent ainsi vivement qu’elle aura un effet boule de neige.

Le financement de cette opération est aujourd’hui rendu possible grâce à l’impôt « Otto per mille » versé par les contribuables italiens, en l’occurrence aux Eglises de la Fédération protestante. 

Gabrielle Desarzens

Ecouter l’émission Hautes Fréquences du 26 avril (RTS La Première) diffusée sur le sujet et proposée par Gabrielle Desarzens.