Et si Dieu donnait encore une chance à notre pays...

mercredi 20 juillet 2005
La « prédication de masse » est un genre difficile. Lors du dernier Jour du Christ, le pasteur Karl Albietz a prononcé le texte que nous reproduisons ici. Cette prédication nous a semblé mériter publication. D’abord parce qu’elle résonne d’un appel vibrant à un témoignage au Christ vivant. Ensuite parce qu’elle prend note de la déchristianisation forte de notre société et invite à une certaine forme de résistance au nom des valeurs évangéliques. Une prédication qui fera date !

En ce jour particulier, nous voulons entonner ensemble le chant des vainqueurs d’Apocalypse 15, eux qui ont déjà atteint le but, et proclamer: « Seigneur Dieu tout-puissant, que tes oeuvres sont grandes et merveilleuses! Roi des nations, que tes plans sont justes et vrais! Qui ne te craindrait Seigneur? Qui refuserait de te rendre gloire? Car toi seul es saint, toutes les nations viendront t’adorer, car tes actions justes se sont clairement révélées » (Apocalypse 15, 3-4).
Aujourd’hui, ici au Parc St- Jacques de Bâle, nous proclamons que Jésus-Christ est Seigneur et Sauveur en nous appuyant sur ce témoignage puissant tiré du dernier livre de la Bible. Une fois n’est pas coutume, les humains ne sont pas au centre de ce stade. Pas de grands sportifs, ni de musiciens célèbres, mais le Dieu vivant lui-même. Il est le Seigneur du monde entier. A lui notre beau pays avec ses 7,3 millions d’habitants. Aucun être humain ne peut échapper à son influence. Chacun apparaîtra un jour personnellement devant lui et devra répondre de sa vie. Chacun pliera le genou devant lui et reconnaîtra: “Tu es le Seigneur!”
Même si beaucoup le prétendent, Jésus-Christ n’est pas mort. Il était mort. On l’a cloué sur une croix, on l’a exécuté. Mais Dieu l’a rappelé à la vie. Maintenant il vit pour l’éternité. Et il est présent aujourd’hui dans ce stade. C’est lui que nous fêtons. C’est lui que nous confessons. Publiquement, nous rendons témoignage du fait qu’il représente beaucoup pour nous. Nous ne pouvons plus imaginer notre vie sans lui. Parce qu’il a tout donné pour que nous allions bien et pour que le monde devienne meilleur.
Il se mêle activement au destin de notre monde. Il souffre quand les hommes ne se supportent plus, quand ils sont maltraités, quand il y a des guerres ou une famine. Il recherche activement des solutions aux grands problèmes du monde comme à nos petits soucis. Il cherche aussi des hommes et des femmes prêts à être à sa disposition. Avec eux, il va pouvoir aider notre monde, le transformer, l’améliorer, rendre la vie plus facile. Ce matin, il cherche activement parmi nous: “Qui vais-je envoyer? Qui sera notre porte-parole?” (Esaïe 6,8).

Nous sommes concernés

Pourquoi le monde d’aujourd’hui ne va-t-il pas mieux qu’il y a 2000 ans? Nous les chrétiens, n’avons-nous pas eu assez de temps pour le changer? Les problèmes actuels sont pour nous une accusation à prendre au sérieux. Manifestement, nous n’avons pas fait nos devoirs convenablement. Ces dernières années, nous nous sommes peu tenus du côté de Dieu. Nous n’avons quasiment pas pris sa puissance en considération et nous avons vécu en fonction de nos capacités. Il y a peu, un pasteur africain qui participait à une conférence en Suisse, a dit la chose suivante : “A Kinshasa, nous avons accueilli beaucoup de missionnaires suisses. Aujourd’hui nous les Africains,nous venons en Suisse et nous découvrons un pays pratiquement déchristianisé. La Suisse manifestait de l’intérêt pour la mission en Afrique, alors même qu’elle tombait dans le coma spirituel”. Ce pasteur africain a raison! Nous vivons dans un pays qui a décidé de ne plus prendre le Dieu vivant au sérieux - ou pour le moins ses « troupes sur le terrain », les Eglises et les communautés. Dieu doit faire face à une concurrence massive. En tant que chrétiens, nous sommes tout à coup en concurrence avec toutes les religions et idéologies possibles. Nous devons à nouveau apprendre à présenter notre foi de manière offensive, de la même manière que les premiers chrétiens en leur temps.
Mais où est notre force? Pourquoi trouvons-nous si difficile de lancer une nouvelle offensive? Nous préférons nous occuper des débats internes. Nos propres intérêts ou les intérêts de notre communauté sont plus importants que le témoignage commun. Nous faisons trop peu la différence entre les affirmations centrales de la Bible et la manière dont nous pratiquons notre foi. La vie dans les communautés est trop peu attractive, elle n’éveille plus d’intérêt chez nos voisins ou chez nos amis.
Nous générons malheureusement pour une bonne part les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre pays. Pour le Suisse moyen, les différentes convictions chrétiennes constituent une source d’incompréhension. A combien plus fortes raisons le sont-elles pour nos amis étrangers! Qui parvient à s’y retrouver dans la jungle des différentes offres? Beaucoup sont en insécurité et, par conséquent, se sont éloignés de la foi chrétienne. Ils se tournent vers d’autres religions ou bricolent leurs propres convictions religieuses. Ce qui réduit considérablement notre capacité d’influence en tant que chrétiens. “Seigneur, nous le regrettons. Donne encore une chance à notre pays!”
De plus, nous ne sommes pas un témoignage, en tout cas pas comme Jésus l’avait imaginé à l’origine. Et notre pays souffre de cela. La perplexité de nos contemporains est palpable. Pas nécessairement d’abord du point de vue politique ou économique. Ce ne sont là que les symptômes d’une crise beaucoup plus profonde. L’être humain a perdu ses repères fondamentaux. Il ne voit plus le sens profond de son existence. Quand il doit faire face à des décisions éthiques, il n’a plus de base solide sur laquelle il pourrait s’appuyer. Celui qui perd la relation au Dieu vivant et à sa Parole, part inévitablement à la dérive.
Avons-nous d’ores et déjà manquer le train? Ou Dieu va-t-il donner à nouveau une chance à notre pays? Ce n’est pas à lui que l’on peut imputer notre bilan négatif. Notre défaillance ne peut l’empêcher d’accomplir ses plans, car c’est un spécialiste des cas difficiles. Nous lisons par exemple dans Zacharie: « Ainsi parle le Seigneur : « ...en un seul jour j’enlèverai les fautes qui souillent ce pays » (3,9).

Notre situation n’est pas désespérée

Pour conclure, voici la bonne nouvelle de ce 13 juin 2004: Dieu n’a pas perdu tout intérêt à notre pays! Non pas parce que nous serions meilleurs que d’autres peuples. Mais parce qu’en Suisse, il y a encore des milliers de gens qui aiment Jésus-Christ et qui veulent le servir. C’est un grand capital que Dieu veut utiliser. Il aimerait établir une relation personnelle avec chacun des habitants de ce pays. Nous avons encore devant nous une tâche considérable à accomplir!
Quoi qu’il en soit, il nous faut modifier notre attitude de fond en comble. Notre situation de départ a changé: nous ne sommes plus un peuple chrétien. Des représentations religieuses nébuleuses ont mis fin aux connaissances chrétiennes de base, héritées des siècles passés. Jésus-Christ demeure, malgré tous les avis contraires, le seul chemin vers le Père. Il est la vérité et la vie. Les courants modernes ne changeront rien à ce fait. Le Jour du Christ 2004 se pose en signe courageux pour un nouveau départ. Nous résistons résolument à toutes les tentatives visant à relativiser notre Seigneur et son oeuvre unique. Avec conviction, par le geste et par la parole, nous voulons contribuer à façonner notre vie ensemble de sorte qu’elle en vaille la peine. Les chrétiens doivent redevenir des “gens qui donnent le ton”, des gens que l’on prend au sérieux et avec lesquels on travaille volontiers.
Sommes-nous une fois de plus tournés vers nous-mêmes? Est-il question uniquement de nos convictions et de nos stratégies? Cela ne serait pas suffisant! Parce que Jésus-Christ est vivant, il y a de l’espoir pour nous. Il reste le même pour l’éternité. Il n’éteint pas le feu qui n’abrite plus que quelques braises. Il n’a pas abandonné la direction de sa communauté. Il a un très grand intérêt à ce que le Règne de Dieu se répande dans notre pays.
Il a donné le Saint-Esprit à son Eglise, afin que tout cela ne reste pas lettre morte. Il donne la force pour un nouveau départ. Il incite à un meilleur travail ensemble. Il donne du courage pour témoigner et, si nécessaire, pour résister aux puissants de notre pays. Et il donne aussi une disposition à souffrir.
Non, Dieu ne nous a pas abandonné. Ni la Suisse, ni ce monde. Et cette conviction nous donne un fondement solide. C’est notre certitude. En tant que chrétien, cette espérance nous ouvre une nouvelle perspective pour le futur. Dieu a encore quelque chose en réserve pour nous. Et aussi longtemps que nous fixons les regards sur lui, nous restons sous contrat. Il peut effacer un passé chargé et nous prendre de manière nouvelle à son service. Chacun d’entre nous devrait aujourd’hui à nouveau se mettre à sa disposition. Ce Jour du Christ serait ainsi doté d’une efficacité inespérée.
Josué a promis à son peuple qu’il était sur le point de conquérir la terre promise: “Vous allez être convaincus que le Dieu vivant est au milieu de vous”(Josué 3,10a). En nous appuyant sur cette promesse, nous allons retourner au travail, dans nos villages et nos villes, dans nos logements et nos communautés, avec la conviction que Dieu a de grandes choses en perspective. En lui nous mettons toute notre confiance. Amen.

Karl Albietz

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