« Les catholiques ont un avantage sur les protestants lorsqu'ils témoignent du Christ auprès des bouddhistes : ils ont des moines. Ils ont donc quelque chose en commun et cela les rapproche. » Ce témoignage a été donné par l'un des participants au Forum Inspir'action qui s'est tenu les 2 et 3 mai à Saint-Légier. Cette rencontre, organisée conjointement par le Mouvement de Lausanne et l'Institut Emmaüs, reprenait l'un des thèmes de l'Engagement du Cap1 : « Appelés à la vérité. Comment témoigner de la vérité du Christ dans un monde pluraliste et globalisé? »
Les participants au forum ont montré combien l'évangélisation, si elle veut être prophétique, doit trouver des moyens originaux de rejoindre l'autre, qu'il soit bouddhiste, hindouiste, musulman ou... post-moderne. Car notre monde est de plus en plus pluraliste, c'est-à-dire qu'il contraint les sociétés et les religions à se rencontrer.
Le docteur en missiologie malaisien Kang-San Tan a rappelé cette interaction en expliquant : « Comme jamais auparavant, les chrétiens de Suisse doivent trouver des moyens nouveaux et créatifs de parler de la vérité unique de l'Evangile. » Et cet ancien bouddhiste de rappeler que s'il est nouveau pour les chrétiens pratiquants de Suisse d'être minoritaires, il en va tout autrement des chrétiens d'Asie qui ont appris à se penser comme minorité. « Ceux-ci forment depuis toujours des minorités dispersées parmi des religions majoritaires et ils ont appris à être témoins dans cette situation. Leur expérience pourrait être utile aux chrétiens d'Occident », a-t-il estimé.
La délicate mission d'être dans le monde
Une difficulté majeure pour les chrétiens occidentaux qui témoignent est la place de la religion dans la société. Alors que le christianisme occidental prend place dans la vie privée des croyants, le bouddhisme, l'hindouisme et l'islam mêlent la foi à la société. « L'islam n'est pas qu'une religion ; c'est un mode de vie qui dicte les comportements sociaux et même l'économie, rappelle Kang-San Tan. Quant à l'hindouisme et au bouddhisme, ils font partie de l'identité, du socle d'une société. » En Malaisie, par exemple, chaque ethnie est rattachée à une religion. Juger la religion, c'est juger l'ethnie qui la pratique.
« Quittez vos cathédrales et allez à la rencontre des gens », a répété plusieurs fois Kang-San Tan. Son impression est que les chrétiens occidentaux, s'ils veulent être témoins et prophétiques, doivent apprendre à mieux s'approcher des autres, de leurs manières de penser. Nous ne sommes pas du monde, mais nous sommes pleinement dans le monde (1 Co 5.9-12)... marqué par la chute, a-t-il conclu.
Claude-Alain Baehler
1Ecrit dans la foulée du Troisième congrès de Lausanne pour l'évangélisation du monde qui a eu lieu en octobre 2010 au Cap, l'Engagement du Cap est disponible sur www.lausanne.org.