Dans notre parcours sur la question écologique et les chrétiens évangéliques, voici un regard dans le passé pour y découvrir le propos de quelqu’un que l’on peut considérer comme un précurseur et un prophète.
Le philosophe Francis Schaeffer est un évangélique américain qui a vécu de nombreuses années dans les Alpes suisses, tout près de Villars-sur-Ollon. Il animait L’Abri, un centre communautaire, qui accueillait des étudiants, principalement anglo-saxons, qui s’interrogeaient sur la foi chrétienne. En 1970, Francis Schaeffer publie en anglais « La pollution et la mort de l’homme » (1), un livre où ce philosophe évangélique conservateur fait le constat que les Eglises ont failli en matière écologique. Tout particulièrement parce qu’elles n’ont pas donné sa juste place dans leur vécu de la foi au thème de la création de Dieu. Francis Schaeffer les appelle à se réveiller et à se faire les avocates d’une réconciliation de l’être humain avec la terre.
La terre n’est pas un objet !
Francis Schaeffer invite aussi les chrétiens à travailler leur vision du monde. Dans un contexte où l’être humain a perdu tout sens de Dieu derrière la nature, où il a « décréé » la nature – c’est le terme de Schaeffer… –, où il a réduit la nature à un objet, alors cette nature peut être utilisée par l’être humain comme bon lui semble. Exploitée, détruite, violée… En reprenant l’exemple du fameux François d’Assise qui a écrit le Cantique des créatures au XIIIe siècle, Francis Schaeffer invite les chrétiens à faire des oiseaux leurs frères, à faire du bouton d’or son camarade… à percevoir que tout ce qui nous entoure est le fruit du travail de Dieu, est créature, tout comme l’être humain.
Respecter la Création
Au final, ce à quoi Francis Schaeffer invite, c’est à un respect de la création, à un respect qui ne soit pas qu’intellectuel. Francis Schaeffer le souligne bien : il souhaiterait que ce respect soit habité psychologiquement, sans jamais tomber dans une forme de panthéisme où la nature serait Dieu. Non ! la nature n’est pas Dieu, mais elle est l’œuvre d’un Créateur, qui fait que lorsque je me découvre créature, je respecte toutes les autres créatures autour de moi.
Voilà 50 ans, ce philosophe évangélique américain développait ce plaidoyer dans « La pollution et la mort de l’homme ». Un plaidoyer bien loin d’avoir été entendu de ce côté-ci de l’Atlantique tout comme outre-Atlantique… Un plaidoyer qui, néanmoins, retentit encore aujourd’hui pour encourager les sceptiques de tous ordres à s’associer à cette « conversion écologique » à laquelle nous sommes appelés, si nous souhaitons limiter le réchauffement climatique à 1,5 ou 2 degrés d’ici 2100, un des objectifs de l’accord de Paris sur le climat, adopté en 2015.
Serge Carrel