«François d’Assise, une figure écologique qui rassemble au-delà des milieux chrétiens», une chronique StopPauvreté/Radio R de Serge Carrel

Serge Carrel vendredi 17 janvier 2020

Le christianisme serait la source principale de notre « objectivation » de la nature. C’est ce qu’affirment en tout cas certains écologistes. Pourtant des figures marquantes de l’histoire de l’Eglise ne s’inscrivent pas dans cette perspective. Par exemple : François d’Assise. Serge Carrel raconte. Cette chronique a été diffusée sur Radio R et elle est parrainée par StopPauvreté.

Que l’on soit chrétien ou pas, il y a une personne de l’histoire de l’Eglise qui séduit largement dans les milieux écologiques, c’est François d’Assise. Que l’on s’appelle Lynn White (1), le pourfendeur d’un certain christianisme occidental et de son objectivation de la nature… que l’on s’appelle pape François (2)… On affectionne tout particulièrement ce fils d’un marchand drapier né en 1181 et mort en 1226.

Un rêve : devenir chevalier

François d’Assise est vraiment un homme de son temps. Son père a fait fortune dans le commerce du drap, dans cette Italie de la fin du XIIe siècle, qui connaît l’essor du commerce et l’émergence d’une nouvelle classe sociale : celle des marchands. François naît donc dans une famille prospère et il compte, jeune adulte, parmi les jet-setteurs de la cité d’Assise. Fasciné par le métier des armes, il rêve de devenir chevalier. Il s’engage dans les hostilités que mène Assise contre sa voisine Pérouse. Il est fait prisonnier et passe plus d’une année en prison. Cette expérience douloureuse ne le réfrène nullement. Il s’engage en 1205 dans les armées pontificales qui guerroient contre les troupes impériales. Il rencontre un chevalier en haillons et décide de lui donner son manteau. C’est le début d’une démarche de conversion.

Un message de paix à la nature

Lors d’une fête de jeunesse, alors que la nuit est avancée, il fait une expérience spirituelle qui le conduit à rechercher la solitude pour méditer. A partir de ce moment, il s’efforce de « retenir Jésus-Christ au centre de son âme », comme le dit son principal biographe.

A partir de cette expérience fondatrice, François d’Assise lance un mouvement qui bouleverse le Moyen-Age. Ce véritable réveil spirituel entraîne qu’en quelques années François va rassembler plusieurs milliers de personnes autour de lui, des hommes et des femmes, qui seront porteurs d’un message de paix au nom du Christ. Non seulement à l’endroit des pauvres et des laissés-pour-compte de cette époque, non seulement à l’endroit des musulmans, mais aussi à l’endroit de la nature et de la création dans laquelle François d’Assise discerne la présence de Dieu.

Le « Cantique des créatures »

A la fin de sa vie, entre 1224 et 1226, François compose son célèbre « Cantique des créatures » qui dit :

« Très haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur et toute bénédiction,
à toi seul ils conviennent ô Toi Très haut
et nul homme n’est digne de te nommer.
Loué sois-tu, Seigneur, avec toutes tes créatures
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur
et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole…
Loué sois-tu mon Seigneur pour soeur notre mère la Terre
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits
avec les fleurs diaprées et les herbes...
 

Et là ce qui séduit aujourd’hui nombre d’écologistes, c’est cette dimension de fraternité avec tous les éléments de la création, gage d’une autre relation avec ce qui nous environne ! En christianisme, une autre perception de la création est possible !

Serge Carrel

Notes
1 Lynn T. White Jr, Les racines historiques de notre crise écologique, trad. Jacques Grinevald, Paris, PUF, 2019, p. 43.
2 Pape François, Loué sois-tu, Encyclique, Paris, Bayard, Cerf, Mame, 2015, p. 15-17 ; p. 73-74.
3 François d’Assise, Cantique des créatures, Paris, Cerf, coll. « Sources chrétiennes » no 285, 2003, p. 343-345.
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