Depuis les années 70, le mouvement évangélique au sens large dit sa foi… et bien entendu sa perception de la crise écologique en lien avec les congrès du Mouvement de Lausanne. La Déclaration de Lausanne en 1974, le Manifeste de Manille en 1989, l’Engagement du Cap en 2010… autant de prises de position de référence issues de grands congrès évangéliques internationaux.
Une sensibilité qui grandit progressivement
En 1974, ces évangéliques sont rassemblés à Lausanne en Suisse par l’évangéliste américain Billy Graham. Et sous la conduite du théologien anglican John Stott, ils publient la Déclaration de Lausanne sur l’évangélisation du monde et la manière d’être témoin du Christ (1). Dans cette déclaration, rien à proprement parler sur la question écologique.
En 1989, le Mouvement de Lausanne rassemble des évangéliques du monde entier à Manille aux Philippines. A l’issue de ce congrès, le Manifeste de Manille est publié et il s’intitule « Proclamer le Christ jusqu’à ce qu’il vienne ». On perçoit l’orientation du Mouvement de Lausanne à rassembler les évangéliques autour de ce qui est le cœur de leur mission : l’annonce de l’Evangile à tout être humain… Et dans ce document, la thématique écologique apparaît à quelques reprises (2)… Mais il faut reconnaître que c’est un peu entre les lignes qu’elle se laisse entrevoir…
Le tournant de « L’Engagement du Cap »
Le troisième document rassembleur est « L’Engagement du Cap », un document adopté en 2010 à Cape Town en Afrique du Sud. Il est le fruit du travail préparatoire de Christopher Wright, un spécialiste britannique de la réflexion éthique dans l’Ancien Testament. Ce document comprend deux parties. Tout d’abord une confession de foi, puis un appel à l’action… aussi dans le domaine écologique (3). Et ce qui est intéressant, c’est que deux ans plus tard, 57 théologiens, scientifiques et personnes de terrain se sont retrouvés en Jamaïque pour approfondir la question et publier : « Evangile et protection de l’environnement. Appel à l’action » (4).
Dans la structure de ce dernier document, on retrouve les deux dimensions de confession de foi et d’appel à l’action de « L’Engagement du Cap ». Deux convictions marquent la confession de foi. Tout d’abord l’affirmation que « la protection de l’environnement est un aspect de l’Evangile qui entre dans le cadre de la seigneurie du Christ ». Ensuite l’affirmation que la crise écologique est « une crise pressante qui doit être résolue de toute urgence par notre génération ».
Une action radicale pour faire front au changement climatique
Il y a aussi un appel à l’action en dix points. Cette déclaration « Evangile et protection de l’environnement » invite notamment à l’adoption d’un style de vie simple, à une action radicale pour faire front au changement climatique, à produire de la nourriture de manière durable, et à développer une économie en harmonie avec la création de Dieu.
Pour les signataires de ce document, notamment Dave Bookless, le directeur théologique d’A Rocha International, et Frédéric Baudin, pasteur et membre fondateur d’A Rocha France, il s’agit de faire de l’engagement écologique un véritable « combat spirituel » – c’est leurs termes ! Ce combat doit passer par une repentance par rapport à notre négligence à prendre soin de la création et par une intercession pour que Dieu apporte la guérison à notre terre… en ne restant pas les mains dans les poches, bien entendu !
Serge Carrel