Vous arrive-t-il de prendre conscience de ce que vous êtes par rapport à la nature ou, pour les croyants, par rapport à la création ? Vous arrive-t-il de goûter à ces instants de lucidité existentielle, à ces instants « L. E. », où vous réalisez ce que vous êtes au milieu de la création de Dieu ?
Souvent dans notre quotidien, nous avons réduit ce qui nous entoure à un objet que nous parcourons tambour battant, sans trop nous en soucier. Nous avons des objectifs, une mission à accomplir, un job à faire… et nous sommes focalisés sur l’objet de nos pensées !
Prendre conscience de nos instants de lucidité existentielle
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de faire un grand voyage en Colombie britannique, tout à l’ouest du Canada. Dans un contexte où, sur la route, on croisait des panneaux de circulation indiquant : « Attention élans sur 170 kilomètres », je me suis senti tout petit et j’ai repris conscience de l’extraordinaire jardin dans lequel nous nous mouvons.
Dans son livre autobiographique « Un Dieu zéro déchet ! » (1), Dave Bookless, le cofondateur de l’antenne britannique de l’ONG écologique chrétienne A Rocha, raconte : peu après son mariage, il séjourne dans l’une des îles Silly, au sud-ouest de l’Angleterre. Arrivé au terme de son séjour, il ne sait que faire de ses deux semaines de déchets. Lorsqu’il pose la question aux autochtones, on lui indique gentiment la pointe de l’île, un coin rocheux face à l’Océan atlantique, où il faut « balancer » ses sacs de détritus ! Au moment de « balancer » ses sacs dans le vide, une voix interpelle Dave Bookless : « Que penses-tu que je ressens devant ce que tu fais à mon monde ? »
La Terre et ses richesses appartiennent à Dieu
Ces instants de lucidité, ces instants « L. E. », on en connaît tous… Laissons-nous alors monter dans notre esprit cette affirmation que l’auteur d’un Psaume de la Bible a prononcée : « La Terre et ses richesses appartiennent à l’Eternel » (Psaume 24.1) ? Acceptons-nous d’entendre à nouveau ce magnifique récit de création du livre de la Genèse au chapitre 2, où l’être humain est considéré comme le gérant du jardin et pas comme son propriétaire ? Dieu seul est le propriétaire de la Création tout entière, et notre rôle a tout de celui d’un jardinier auquel est confié le soin de la création.
Que faites-vous de vos instants de lucidité existentielle, de vos instants « L. E. », face à la création ? Ne serait-ce pas l’occasion d’un changement profond de perspectives ? Une occasion unique de modifier votre manière de traiter la terre pour la considérer vraiment comme le jardin de Dieu… Une occasion unique de voir votre rôle comme celui d’un jardinier de la création.
Alors, ne manquez pas de revenir sur vos instants « L. E. »… et pourquoi pas de vous laisser imprégner de la présence du Propriétaire !
Serge Carrel
Note
1 Dave Bookless, Un Dieu zéro déchet !, Dossier Vivre 42, trad. franç. Anne Emmett, Saint-Prex, Je Sème, 2019, 192 p. A commander ici.