Le Conseil interreligieux du Nigéria (Nirec) a pris position face aux actes de terrorisme qui se multiplient dans le pays et la région du Sahel. Dans une déclaration commune publiée le 18 février par l’agence de presse du Nigéria (NAN), ses cinquante membres responsables – dont vingt-cinq sont chrétiens et vingt-cinq musulmans – ont notamment souligné qu’« aucune religion n’enseigne la violence ». Ils se sont insurgés contre l’intolérance religieuse qui sévit, alors que six étrangers ont été enlevés dimanche 17 février par des groupes armés dans le sud du pays. Mercredi 20 février, le groupe islamiste Ansaru revendiquait l’enlèvement de sept autres ressortissants étrangers dans le nord du Nigéria.
Le Nirec, fondé en 1999 à la base pour pacifier les tensions internes entre chrétiens et musulmans, fait donc aujourd’hui front commun pour combattre l’extrémisme.
Nouveau groupe extrémiste
Le groupe Ansaru qui a revendiqué l’enlèvement de ressortissants dans le nord du pays aurait été créé en janvier 2012 et serait une faction dissidente de la secte Boko Haram, dont les actes violents contre les chrétiens ont fait des centaines de morts ces dernières années dans le nord et le centre du pays. Ansaru, qui signifie « Avant-garde pour la protection des musulmans en Afrique noire », serait actuellement en pleine expansion au Nigéria. Ses membres avaient enlevé en décembre 2012 un ressortissant français. A cette occasion, ils avaient indiqué avoir agi « sur la base des transgressions et des atrocités commises envers la religion d’Allah (…) par les pays européens dans plusieurs endroits, dont l’Afghanistan et le Mali. »
Selon le média Jeune Afrique, « Ansaru se bat pour l'instauration d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria »… à l’instar de Boko Haram, dont les attaques terroristes ont augmenté de façon exponentielle dès 2011. Les cibles principales de Boko Haram sont les églises et résidents chrétiens des Etats du centre et du nord du pays, avec l’objectif avoué d’éliminer le christianisme de cette partie du territoire nigérian.
Le Nigéria est partagé en 2 pôles : un pôle sud à majorité chrétienne et un pôle nord à majorité musulmane, qui pratique un islam traditionnellement modéré. Ces musulmans vivent aujourd’hui difficilement entre les exactions d’extrémistes et les forces gouvernementales.
Mardi 19 février, 7 ressortissants français ont été enlevés dans le nord du Cameroun, à la frontière du Nigéria.
Une Ligue pour lutter contre l’extrémisme
Pour contrecarrer le fanatisme religieux qui sévit plus au nord dans la région du Sahel, les leaders religieux de l’Algérie, du Niger et de la Mauritanie ont créé le 30 janvier une « Ligue des oulémas du Sahel ». En marge des opérations militaires en œuvre au Mali, cette ligue est le fruit d’une volonté des responsables musulmans de ces 4 pays de battre en brèche le terrorisme qui utilise, selon eux, le créneau religieux pour enrôler notamment des jeunes dans des actions de violence. Ils ont décidé de se concerter davantage et de collaborer étroitement avec les mosquées, les maisons de jeunes, les parents et les enseignants de leur pays respectif.
Gabrielle Desarzens
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