Mais la France n'est pas le seul pays à avoir connu de telles manifestations. En Allemagne, des dérapages semblables ont eu lieu. Le quotidien Die Welt s'en est fait l'écho dans son édition du 19 juillet, dénonçant des slogans tels que : « Scheiß Jude, brenn » (« Juifs de m..., au feu ») ou « Hamas, Hamas, Juden ins Gas ! » (« Hamas, Hamas, les Juifs au gaz ! »). Le gouvernement allemand a également réagi assez fermement.
Le conflit écœurant qui se déroule dans la bande de Gaza génère des émotions qui troublent la raison. Il fait apparaître des réflexes jamais complètement enfouis. L'antisémitisme en fait partie. Car on a le droit d'avoir des opinions à propos du gouvernement israélien ou du Hamas. Mais en quoi cela concerne-t-il particulièrement « les Juifs » ?
Malgré tout ce que la première moitié du XXe siècle nous a appris en matière d'antisémitisme, nous entendons encore régulièrement dire, même de la part de chrétiens, que « les Juifs » sont, par exemple, « particulièrement malins en affaires », « plus puissants qu'on imagine »... D'autres, désirant probablement compenser les a priori péjoratifs, parlent de l'intelligence plus grande des Juifs...
Pourtant, à l'origine, le judaïsme s'incarne dans un peuple plutôt banal : « Si l'Eternel s'est attaché à vous et vous a choisis, ce n'est nullement parce que vous êtes plus nombreux que les autres peuples. En fait, vous êtes le moindre de tous » (Deutéronome 7.7). Ensuite, de déportations en diasporas, de conversions de païens au judaïsme en conversions de Juifs à d'autres religions, il est devenu impossible d'associer le judaïsme à une ethnie homogène.
Ainsi, il est faux d'associer les Juifs à un Etat, à une nation, à une politique. Les Juifs sont avant tout d'opinions diverses par rapport aux Palestiniens... comme nous ! Et notre responsabilité, c'est de refuser de nous laisser berner par les vieux a priori les concernant. Par là commence notre nécessaire résistance à l'antisémitisme.
Claude-Alain Baehler
Rédacteur responsable de Vivre