Multinationales responsables: «Profiter de richesses qui reposent sur des injustices n’est pas chrétien!» par Markus Meury (ChristNet)

Markus Meury vendredi 06 novembre 2020

Le 29 novembre, les Suisses voteront sur une initiative populaire « Entreprises responsables – pour protéger l’être humain et l’environnement ». Lafree.info vous propose le point de vue personnel de Markus Meury, membre de l’association ChristNet et ancien coordinateur de StopPauvreté en Suisse allemande.

 

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à pratiquer la justice et à préserver la création de Dieu. Déjà dans l'Ancien Testament, les prophètes appelaient le peuple et ses dirigeants à supprimer l'injustice, comme par exemple dans le livre du prophète Esaïe : « Voici le jeûne auquel je prends plaisir : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug » (Esaïe 58.6). Le Nouveau Testament décrit également comment Dieu se montre solidaire des pauvres et des personnes traitées injustement : « Voici que les salaires des ouvriers qui ont fauché vos champs, les salaires que vous leur avez retenus, crient vers le ciel ; les cris de lamentation de ceux qui ont moissonné votre récolte sont parvenus aux oreilles de l'Éternel des armées » (Jacques 5.4).

Pratiquer le bien de manière proactive

Dieu ne se préoccupe pas seulement du fait que nous ne devons pas accomplir d’actions mauvaises, mais aussi du fait que nous avons à pratiquer le bien de manière proactive. C'est précisément ainsi que le jugement à la fin des temps sera rendu : « Toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites » (Matthieu 25.45). La préservation de la création en fait partie, car, si nous la détruisons, nos enfants et les générations suivantes n'auront plus de moyens de subsistance. « L'Eternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder » (Genèse 2.15). Mais surtout : que ressentirions-nous, nous-mêmes, en voyant quelqu'un détruire sans s'en soucier l'œuvre d'art que nous avons créée ? Comment Dieu sera-t-il honoré si nous piétinons ainsi sa grande création ? 

Dieu s'oppose clairement aux richesses acquises par l'injustice : « Comme une perdrix qui couve des oeufs qu'elle n'a point pondus, tel est celui qui acquiert des richesses injustement ; au milieu de ses jours il doit les quitter, et à la fin il n'est qu'un insensé » (Jérémie 17.11). Nous bénéficions du fait que des entreprises qui ont leur siège en Suisse nous transfèrent la richesse des mines d'Afrique et d'Amérique du Sud. Mais nous ne devons pas profiter de cette richesse si elle repose sur des injustices !

Quiconque cause des dommages doit être tenu pour responsable

Dans notre législation, une des règles de base est que ceux qui causent des dommages en assument la responsabilité. Cela s'applique également aux entreprises. Mais dans les pays pauvres, de nombreux gouvernements sont faibles ou corrompus. Les plaintes de la population ou des organisations environnementales sont rarement prises en considération. C'est pourquoi il est nécessaire de pouvoir lancer une procédure dans le pays du siège des entreprises.

Les mesures volontaires des entreprises ne suffisent pas

Certaines entreprises profitent de leur impunité et causent d'énormes dégâts. Se confier à une autodéclaration des entreprises sur leurs agissements, tel que cela est prévu par le contre-projet du Parlement, ne suffit évidemment pas, car cela correspond largement aux pratiques actuelles qui visent avant tout à montrer une bonne image au public. Cela ne permettrait pas de résoudre les problèmes connus aujourd'hui sur les pratiques de certaines entreprises.

Les grandes entreprises et Economiesuisse ont lancé une campagne gigantesque contre cette initiative. Pourquoi se donner tant de mal si ces entreprises sont déjà irréprochables ? L'agence FurrerHugi mène à elle seule une campagne de 8 millions de francs suisses. Elle diffuse de fausses affirmations d'un genre que nous ne connaissions jusqu'ici que dans les campagnes présidentielles dans d'autres pays. Si les entreprises n'avaient rien à craindre de la nouvelle loi, elles n'engageraient pas tous ces moyens-là. L'initiative est donc vraiment nécessaire !

Avantages injustes

De nombreuses entreprises respectent la loi et respectent dans leurs pratiques la population et l'environnement. Elles ne doivent pas être victimes d’un désavantage concurrentiel par rapport à des entreprises peu scrupuleuses, qui réalisent des profits à partir d’injustices commises.

Les droits de l'homme sont un minimum. La Suisse a les ressources suffisantes pour oser les faire respecter à ses entreprises. L'initiative ne demande que la base d'une vie digne : des droits humains fondamentaux respectés, et un environnement préservé pour éviter des menaces sur la santé des personnes. Si nous ne pouvons pas nous permettre cela, c'est une déclaration de faillite pour notre pays !

Markus Meury
Ancien coordinateur de StopPauvreté en Suisse allemande et membre de l’association ChristNet
  • Encadré 1:

    A découvrir : un documentaire des partisans de l’initiative

    Les partisans de l’initiation « Entreprises responsables » ont réalisé un documentaire intitulé « Multinationales : l’enquête ». Il est disponible sur le site de la campagne et visible ici.

Opinion - avertissement

Les signataires de ces textes sont soit des membres de l’équipe de rédaction de lafree.ch soit des personnes invitées.
Chacun s’exprime à titre personnel et n’engage pas la FREE.

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !