«Quel sens pour Noël?» par Jean-René Moret

Jean-René Moret mercredi 18 décembre 2019

C’est simple ! C’est bon ! C’est bienvenu ! Au cœur des excitations et du stress des préparatifs autour de la fête de Noël, Jean-René Moret, pasteur dans l’Eglise de Cologny (FREE), recentre sur l’essentiel de l’extraordinaire message de Noël. Cet article est paru dans la rubrique « Réflexions » de « 24 Heures », le 16 décembre 2019.

Noël approche. C’est la période où l’on doit se coltiner les achats de Noël, pour pouvoir se forcer à offrir des cadeaux que les gens feront semblant d’apprécier. C’est le temps de feindre l’existence d’un gros St-Nicolas dévoyé par Coca-Cola, et d’afficher des bonshommes de neige en plastique, puisque la neige manque de plus en plus pour l’original. Pas surprenant qu’un John Grisham ait écrit un roman basé sur l’idée d’esquiver Noël ! (1)

Si Noël semble une fête en toc, une mascarade assez creuse, c’est peut-être qu’on a perdu de vue ce qu’on y fête. Et le contenu original a assurément un message à transmettre pour notre société, qui pourrait même donner sens à toutes ces célébrations.

Dieu qui vient sur terre

Noël, c’est l’histoire de Dieu qui vient sur terre. Il ne vient pas comme un super-héros plein de pouvoirs et de biscottos, mais comme un petit enfant vulnérable. Il ne vient pas naître dans une maison royale, comme les pharaons qui se prétendaient fils des dieux. Il naît chez un couple de Moyen-Orientaux modestes qui cherchaient un lieu où dormir loin de chez eux. Jésus est bien reconnu comme le Fils de Dieu, mais pas au sens de la mythologie grecque : Zeus a des fils sur terre lorsqu’il profite de son pouvoir pour coucher avec des mortelles ; ils ne sont qu’un effet secondaire de la satisfaction (souvent abusive) de ses désirs. Jésus est, lui, conçu en toute innocence, avec l’accord de la jeune future maman.

Se faire connaître à l’humanité

En Jésus, c’est Dieu lui-même qui vient sur terre. Il vient se faire connaître à une humanité qui s’est éloignée de lui. Il vient marcher avec les humains, et les appeler à retrouver le projet d’amour du créateur, une humanité unie dans l’obéissance filiale envers Dieu, une humanité qui reflète entre elle l’amour qui existe en Dieu. Au cours de cette mission, il va rejoindre les exclus, guérir les malades, relever les faibles, mais aussi critiquer les hypocrites et les religieux bien comme il faut, et montrer qu’il existe une autorité au-dessus des pouvoirs et dominations humaines. Ces remises en causes vont le mener à connaître le rejet, l’humiliation, la souffrance et la mort. Noël nous parle aussi d’un Dieu qui connaît, comprend et partage les souffrances humaines, pour ramener l’humanité à lui.

Partager douleur, solitude et faiblesse

Le Dieu qui vient en Jésus-Christ n’est pas un potentat imbu de sa puissance, pas plus qu’il ne se contenterait de jouir d’un bonheur sans faille en ignorant les pauvres humains. Il n’est pas le dieu horloger d’un Voltaire, qui lance la machine et ne s’en préoccupe plus. C’est un Dieu qui comprend la douleur, la solitude et la faiblesse, qui vient les vivre et les partager. Le message de Noël, c’est que Dieu est humble, qu’il veut restaurer ce qui est brisé dans l’humanité, et se faire proche de chacun. La joie de Noël c’est d’accueillir ce Dieu-là. Et elle se traduira en réconciliation, en soucis pour les plus faibles, en accueil de celui qui ne nous ressemble pas. Pas de meilleure manière de se libérer d’une vacuité mercantile que de revenir à ce sens de Noël !

Jean-René Moret, Dr des., pasteur dans l’Eglise évangélique de Cologny (FREE)

Note
1 John Grisham, Pas de Noël cette année, Paris, Robert Lafont, 215 p.

Opinion - avertissement

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