Jacques Chollet a publié cette prise de position dans la rubrique “invité” de “24 Heures” le 20 avril. Il s’exprime sur l’un des thèmes des prochaines votations vaudoises: les prestations complémentaires cantonales pour familles et les prestations cantonales de la rente-pont (LPCFam). Jacques Chollet est un ancien député UDC au grand Conseil vaudois. Actuellement il est membre du PBD. Par ailleurs, il préside le Conseil de fondation de Praz-Soleil, une oeuvre sociale proche de la FREE.
L'invité: Jacques Chollet | 19.04.2011
Alors que certains peuples vivent des situations dramatiques en revendiquant des droits humains fondamentaux, notamment dans les pays du Maghreb, nous aurons, nous, heureux Vaudois, à nous déterminer sur la loi qui institue des prestations complémentaires cantonales pour familles et une rente-pont; cette loi, acceptée par le Grand Conseil en novembre dernier, est combattue par un référendum orchestré par le Centre patronal.
J’avais, en 2001, déposé un postulat qui visait à soutenir les familles à faible revenu. Ce postulat, amendé et accepté à l’unanimité par une commission, a été entériné par le Grand Conseil, qui a mandaté le Conseil d’Etat pour élaborer la loi aujourd’hui contestée par une partie de la droite vaudoise.
Certes, sur le fond, je peux comprendre l’allergie à l’augmentation des retenues sur le travail, mais, en l’occurrence, une pesée d’intérêts milite très nettement en faveur de cette loi.
Parler d’un financement inique, pour reprendre les propos d’un membre du Centre patronal, est un abus de langage qui ne respecte pas la proportionnalité de l’enjeu, 0,06% du salaire. La valeur d’un café par mois, et encore à un prix réduit, mérite-t-elle un tel acharnement? Le Centre patronal est-il à cours de combats utiles à la société pour s’attaquer à cette loi acceptée par notre législatif cantonal? Le prélèvement infime sur le salaire, en regard de l’avancée sociale proposée pour les personnes les plus vulnérables de notre société, donne à ce référendum un éclairage peu glorieux.
Une chaîne ne tient que par la résistance de son maillon le plus faible. Chacun de nous, après un coup dur, tant au niveau familial que pro- fessionnel, peut se retrouver d’un jour à l’autre bénéficiaire de cette loi. Nous vivons dans une société démocratique, construite sur un consensus populaire et une solidarité sociale, remarquée dans le monde entier, qui rend notre pays performant et enviable.
Je suis convaincu que ce succès a été construit sur le capital humain, en particulier en permettant à chaque famille de vivre dans la dignité et d’avoir les moyens d’élever des enfants décemment. Les enfants de working poor doivent avoir les mêmes atouts de formation et d’éducation que ceux des milieux plus favorisés, c’est le plus bel investissement pour la Suisse de demain. La rente-pont pour les travailleurs âgés qui ont perdu leur emploi, non contestée par les référendaires, découle de la même logique de solidarité.
La paupérisation croissante de beaucoup de familles est une réalité qui doit nous interpeller. Une dégradation sociale ne serait bonne pour personne, et surtout pas pour notre économie. Le système de prestations proposées, plus incitatif, moderne et souple dans son application que le revenu d’insertion (RI), est un progrès incontestable. J’invite chacune et chacun à confirmer la sage décision du Grand Conseil.