Paul Jeanson présente l’engagement écologique d’A Rocha

vendredi 05 octobre 2007
Le samedi 29 septembre, Paul Jeanson était l’un des orateurs de la journée « Empreintes d’espérance. L’engagement chrétien pour l’environnement » à Champittet, près d’Yverdon-les-Bains. Le directeur d’A Rocha France évoque dans cet entretien les raisons qui devraient conduire les chrétiens à un engagement écologique plus résolu. Il raconte aussi l’histoire et les réalisations de l’association A Rocha au plan international. Impressionnant !

Paul Jeanson, qu’est-ce qui motive votre implication dans A Rocha ?
Paul Jeanson - Servir le Créateur, servir Dieu et lui exprimer mon amour en prenant soin de sa création. Ce qui est drôle, c’est que je ne suis pas moi-même un naturaliste. J’ai été directeur du Parc du Marquenterre, un centre ornithologique du nord de la France, et maintenant d’A Rocha France sans être un naturaliste. Mon management d’A Rocha France est ma manière de contribuer à la conservation de la création.
Je suis aussi très soucieux de l’implication des chrétiens dans la conservation de l’environnement. A mon avis, les chrétiens devraient prendre le leadership dans ce domaine. Ils ont beaucoup de raisons de préserver la nature.

Lesquelles ?
P. J. - Ce sont tout d’abord les mêmes raisons que les non-chrétiens. Si notre environnement est détruit, c’est une menace pour notre survie. Il s’agit donc d’une démarche de protection de l’espèce humaine et de la planète. Deuxièmement, le souci des générations futures.
Troisièmement, la justice par rapport aux pays les plus pauvres. Les pays riches mettent en question la survie des pays les plus pauvres. Aujourd’hui, la planète n’est plus suffisante pour nourrir tous ses habitants. Développer par exemple les biocarburants, c’est dramatique, parce que c’est se donner de l’énergie soi-disant écologique en réduisant la production de céréales nécessaires pour nourrir l’humanité. Cela entraîne une pression foncière extrêmement forte, notamment au Brésil, un pays qui est en train de défricher sa forêt équatoriale à tour de bras. Tout cela pour remplir nos réservoirs de biocarburants en raison de l’augmentation du prix du pétrole.
Ma motivation est donc de sensibiliser les milieux chrétiens à ce qui m’apparaît comme le plus grand défi du XXIe siècle. Une fois de plus, ce sont les plus pauvres qui trinqueront, et du point de vue environnemental et du point de vue alimentaire !
Les chrétiens sont aussi des spécialistes de la conversion, donc du changement de comportement. Ils sont bien placés pour montrer comment changer. En fait ces modifications de comportement, ils n’ont pas à les faire par contrainte ou par obligation, ils les opèrent par amour pour le Créateur. Faire quelque chose par amour, c’est générateur de bonheur.
Parler de l’environnement et dire que l’on agit en sa faveur parce qu’on respecte la création et que l’on aime Dieu, c’est enfin un excellent moyen d’entrer en conversation avec les gens qui nous entourent. A Rocha est devenu un lieu où beaucoup de gens se tournent vers Dieu.

Comment l’organisation A Rocha est-elle née ?
P. J. - Il y a 25 ans, Peter Harris était pasteur dans l’Eglise anglicane. En Angleterre, il y a beaucoup de « Birdwatchers », de personnes qui baguent les oiseaux. Lui-même était un « Birdwatcher » passionné. Il avait organisé une sortie ornithologique avec un certain nombre de ses paroissiens en Suède. Ce groupe a pris conscience que l’on n’entendait pas du tout la voix des chrétiens par rapport aux problèmes de conservation de la nature. Ils se sont dit qu’il fallait créer une organisation qui s’attaque à ces questions, dans une perspective chrétienne.
Pour s’assurer que cette initiative était vraiment dans la volonté du Seigneur, ils n’ont pas créé cette organisation en Angleterre où cela aurait été facile. Ils l’ont créée au Portugal, où les problèmes environnementaux étaient loin, à l’époque, d’être une préoccupation majeure. On était en pleine phase de restructuration au niveau européen et l’environnement passait au deuxième plan...
Peter Harris est arrivé au Portugal. Il s’est installé dans le sud sur l’Algarve et a commencé à faire du travail de veille écologique et de baguage d’oiseaux, sur un site qui s’appelle Ria de Alvor. A cet endroit, il y a un rocher, « A Rocha » en portugais, d’où le nom de notre association. Il y a eu des bénévoles qui sont venus le rencontrer, puis des scientifiques et des chercheurs... Un centre a rapidement été créé pour s’occuper de ces visites. C’est comme cela qu’est né le premier centre A Rocha à Cruzinha en Algarve.

Quels sont les buts et la vision d’A Rocha ?
P. J.
- A Rocha est une organisation chrétienne de protection de l’environnement. Nous tenons au mot « chrétienne », parce qu’il s’agit vraiment d’un témoignage de chrétiens. Il y a des chrétiens dans le conseil d’administration et parmi les membres permanents, afin de montrer que les chrétiens se sentent concernés par la nature, par l’environnement et par la création. Nous agissons de façon très concrète. Une des convictions d’A Rocha, c’est de ne pas être qu’une association où on parle d’environnement, mais un lieu où on entreprend un travail concret sur le terrain. Plus particulièrement dans le domaine de la conservation de la nature. L’association « A Rocha » est définie par les 5 c : 
- Le c de chrétien,
- Le c de conservation,
- Le c de communauté,
- Le c de coopération,
- Le c de cultures.

A Rocha est présent dans différents endroits du monde. Y a-t-il des actions spécifiques en Afrique par exemple ?
P. J. - En Afrique, il y a actuellement trois antennes d’A Rocha : en Afrique du Sud, au Kenya et au Ghana.
A Rocha Kenya existe depuis une quinzaine d’années et est implanté sur la côte orientale. L’association travaille de manière extrêmement efficace en collaboration avec d’autres associations et avec l’Etat, pour la conservation du dernier petit lambeau de forêt primaire, qui s’étendait sur près de 4000 kilomètres en Afrique orientale et dont il ne reste plus que quelques kilomètres. A Rocha effectue au Kenya un travail de suivi, mais aussi un travail d’intégration des populations locales dans le projet. Elle part du principe que la forêt est une ressource importante pour les populations locales, en bois et en chasse notamment. Attendre de ces populations qu’elles préservent ce reste de forêt sans continuer de la défricher, d’aller couper du bois et de piller ses ressources de gibier, cela implique de leur proposer d’autres activités. Des activités éco-touristiques par exemple. A Rocha est l’organisation qui dirige ce projet.
A Rocha est aussi présent au Ghana. Dans ce pays, il y a d’une part un projet qui vise à établir une bonne cohabitation entre les Ghanéens et les populations d’éléphants, avec lesquelles il peut y avoir des confrontations et donc des problèmes. D’autre part, il y a un grand programme de replantation de forêt. Ce programme s’appelle « climat steward ». C’est un programme de compensation d’émissions de CO2 qui a été créé par A Rocha. Il a pour but de permettre aux chrétiens qui prennent l’avion de payer leur empreinte écologique. L’argent ainsi récolté permet de financer ces programmes de reforestation, qui se font sur plusieurs milliers d’hectares.

Propos recueillis par Maxence Carrel

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