Dans les dernières décennies l’église a énormément investi dans plusieurs domaines, les plus importants touchant à la relation d’aide et à la mise à niveau académique de ses instituts de formation ou de ses facultés de théologie. Or, ce qu’on constate, c’est que la première a toujours le vent en poupe - et je dirais qu’elle a trouvé sa vitesse de croisière -, tandis que les seconds, les « académiciens » (1), malgré les efforts consentis, peinent à trouver leur public.
L’humoriste plutôt que le professeur
Bien plus, ils semblent sérieusement en perte de vitesse et ceux qui influencent l’église ne sont plus des professeurs et des enseignants, mais des musiciens, des « théâtreux », des artistes de tous poils, des vidéastes, des informaticiens, des « enchanteurs » (prophètes, visionnaires, guérisseurs, etc.). On investit plus volontiers dans la tournée d’un humoriste chrétien que dans celle d’un professeur d’institut biblique. Faut-il en déduire que l’enseignement est un échec ?
Disons plutôt que le monde culturel a changé et que la relation d’aide se positionne dans la nouvelle demande de nos concitoyens, tandis que l’élévation du niveau des études correspond à un ultime combat pour garder le leadership dans la formation spirituelle et non à un engouement du grand public pour la sphère de la pensée. Bien sûr, il existe toujours une demande dans le secteur de la réflexion et de l’analyse théologique, mais cela ne concerne plus qu’une minorité. Comme pour le livre, lui aussi en perte de vitesse quant à son influence sur le comportement des gens, les études de type académique jouissent encore d’une grande réputation, mais en réalité peu de gens en tiennent compte. Les prédications qui s’inspirent du monde académique sont honnies par une majorité d’auditeurs, au point qu’on n’hésite plus, temporairement, dans certaines de nos communautés, à éliminer la prestation homilétique aux profits de groupes de discussions. Symptomatique, n’est-ce pas ?
Un orateur devient coach
Tout récemment, un groupe d’églises m’a demandé de l’accompagner dans une réflexion sur l’argent dans la communauté. Les responsables m’ont proposé de partir faire une course de montagne tout en réfléchissant. Dans un contexte pareil, je ne pouvais pas me comporter en orateur, pourtant c’est ce que l’on m’a appris à « l’académie ». Je suis donc devenu « coach », entraîneur, émulateur, questionneur. Je ne pouvais pas proposer de prendre des notes. Tout s’est joué dans l’interactivité. Ce petit exemple montre que nos membres d’églises sont parfaitement adaptés à la modernité et que l’église doit ouvrir de nouveaux chantiers pour rester dans la course.
Nous ne sommes qu’au début d’un chamboulement qui va affecter durablement tous les domaines-clés de l’église : l’évangélisation, l’enseignement, la formation des leaders, l’organisation interne, les messages, les cultes.
De nouveaux chantiers à explorer
Dans une série d’articles, je vais m’efforcer de décrire ces nouveaux chantiers. Donner des pistes de travail, montrer également les dérapages possibles et les souffrances à endurer. En voici quelques titres :
Le chantier de l’adaptation culturelle.
Le chantier du fonctionnement en réseau.
Le chantier de la formation.
Le chantier du financement.
Le chantier de la prédication.
Le chantier de la méditation du texte biblique.
Le chantier de la communication.
Le chantier des leaders d’églises.
Le chantier de l’innovation permanente.
Henri Bacher
Logoscom
Note :
1 Dans le cadre de cet article, l’ « académie » ou les « académiciens » sont des termes utilisés pour parler de la formation ou de ceux qui se forment dans une école, un institut ou une université. En fait dans la sphère de l’écrit.