« Après une expérience pilote en 2006, nous proposons le concept pour la cinquième année consécutive en Suisse », indique à Lausanne Paul Marsh, 54 ans, sociologue de formation, et engagé depuis des années au côté de couples en difficulté. Coordinateur national de la formule, il explique que cette semaine dédiée aux couples n’est non pas thérapeutique, mais préventive. « L’éclatement familial coûte cher, au niveau relationnel, comme au niveau économique : le divorce est la première cause de pauvreté en Suisse, déclare-t-il. Cela me touche et je pense qu’il est urgent d’investir dans cette cellule de base. »
Comme les années précédentes, près d’une centaine d’activités sont proposées aux couples – du repas au restaurant à la leçon de fitness – auprès de prestataires sensibles à la démarche. Contacté par téléphone, ce libraire ne cache pas que son adhésion à MarriageWeek tient de la démarche commerciale et a un intérêt publicitaire évident. Mais pour lui, il est indispensable qu’un couple échange au niveau artistique, que ce soit au niveau de la lecture ou au moyen d’une exposition ou d’un concert : « Cela crée des liens et aide à comprendre les aspirations de l’autre. » Du coup, il offre 10% de réduction sur tout son assortiment « pour autant que les conjoints se rendent ensemble au magasin » !
Adopter les bons réflexes
Il y a 15 ans, l’un des facteurs à l’origine du succès du concept en Angleterre tournait déjà autour de la lecture avec « la carte des 10 minutes » : chaque partenaire devait faire l’effort quotidien d’exposer à son conjoint la teneur d’un article lu dans la presse qui l’avait particulièrement intéressé. Prendre du temps à deux, écouter l’autre, se dire à l’autre... autant de formules qui pourraient faire l’objet d’automatismes salutaires : « Nous mettons volontiers notre ceinture de sécurité et nous nous brossons les dents pour éviter les caries, mais rares sont ceux qui ont les bons réflexes pour maintenir leur relation conjugale en bonne santé », estime Paul Marsh.
Cette année, « la qualité des activités proposées est en hausse », déclare-t-il par ailleurs, en citant par exemple une suite proposée dans un hôtel de Montreux avec coupe de champagne en accueil et 10% de rabais sur la facture. A Lausanne, une école de danse ouvre gratuitement ses cours aux participants de MarriageWeek... « Les couples réguliers qui viennent ici me disent qu’ils font au moins une fois par semaine quelque chose ensemble », commente son directeur.
Une formule qui s’étend
C’est en 1996 et dans un magasin de bricolages en Angleterre que Richard Kane, chrétien engagé, a eu le déclic. Entre les rayons d’ampoules, de clous et d’outils, il s’est demandé pourquoi les gens dépensent autant d’argent et de temps pour entretenir leur maison et appartement, et si peu pour entretenir leur relation, notamment leur relation de couple. MarriageWeek était né. Aujourd’hui, cette semaine spéciale se déroule dans 12 pays.
En Suisse, plusieurs villes et régions sont partenaires du concept avec informations dans les commerces, comme par exemple à Montreux et Genève en Suisse romande. Mais des activités se déroulent dans plusieurs villages décentrés, notamment dans la région de la Broye.
Sur l’ensemble du pays, le nombre de divorces s’est accentué ces dernières décennies pour atteindre 48%, et concerne donc près d’un couple sur 2. A méditer !
Gabrielle Desarzens