Autrefois, les rôles étaient clairement définis: l'homme travaillait à l'extérieur du foyer, la femme à l'intérieur. Comme l'a rappelé le sociologue et théologien Frédéric de Coninck, aujourd'hui les liens sont plus diversifiés, mais aussi plus faibles. On peut choisir les personnes avec lesquelles on désire partager l'existence. Economiquement, il est possible de vivre seul. On baigne dans une logique de consommation. Et le couple est souvent l'objet d'attentes démesurées.
La différence sexuelle, incdice de l’altérité
Lydia Jaeger, théologienne, a relevé le rôle structurant de la sexualité dans la condition humaine. Cette distinction est la seule mentionnée avant le péché originel: elle est donc voulue du Créateur. Elle nous rappelle notre statut de créature et nos limites: nous ne saisissons la réalité humaine que d'un seul point de vue! L'altérité entre l'homme et la femme nous rappelle aussi l'altérité entre Dieu et sa créature.
Dans son caractère social, le mariage est une démarche humaine. Pourtant, cet acte est voulu de Dieu qui recommande à l'homme de quitter ses parents pour s'attacher à sa femme. Ainsi, toute rupture est contraire au projet du Créateur. En Marc 10, Jésus n'est pas idéaliste: le divorce existe bel et bien. Le Seigneur a certes condamné le divorce. Pourtant, il a toujours réservé un accueil extrêmement bienveillant et chaleureux aux personnes séparées: il suffit de penser à son attitude envers la Samaritaine ou la femme adultère.
Il y a mariage et mariage !
Bernard Bolay, théologien et formateur d'adultes, a rappelé la distance culturelle qui nous sépare des textes bibliques. Chaque culture élabore sa propre conception du mariage. Au premier siècle, par exemple, on se mariait d'abord pour constituer un patrimoine. L'amour n'était pas le but, mais seulement un moyen. D'où l'importance de transposer ce qui est dit dans notre culture actuelle.
Christian Reichel, pasteur et conseiller conjugal, a relevé différents modèles de mariages au cours des siècles. Au centre, certaines sociétés ont placé l'échange économique (la dot), ou le consentement mutuel. Les premiers chrétiens ont repris le modèle de l'Empire romain, à cause de sa stabilité. Mais au centre, ils ont remplacé le consentement mutuel par l'indissolubilité du mariage. Augustin d’Hippone forgera le modèle qui aura cours tout au long du Moyen Age, en introduisant notamment le devoir d'assistance réciproque, avec la traditionnelle formule: "Dans les bons comme dans les mauvais jours". Aujourd'hui, c'est la notion d'amour qui est au centre, avec l'idée que le mariage est le lieu du bonheur.
Affirmer des principes et accompagner
En guise de conclusion, une table ronde a permis aux différents intervenants d'échanger leurs points de vue et de dialoguer avec le public. Si les normes bibliques ont pu être esquissées avec clarté, les nombreuses questions liées à la pastorale ont montré combien l'accompagnement des personnes en difficulté conjugale est délicat… et préoccupe nos Eglises! Une fois de plus, les organisateurs des rencontres de Lavigny ont su mettre le doigt sur une problématique sensible, et nous inviter à une réflexion conduite par d'excellents intervenants!
Anne-Catherine Piguet, rédactrice responsable du journal "Vivre"