Shireen Abu Akleh : la mort d’une icône chrétienne

mercredi 07 septembre 2022

Lundi 5 septembre, l’armée israélienne a avoué du bout des lèvres avoir tué la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh. Son décès met en lumière la minorité chrétienne palestinienne.

Tous les Palestiniens se sont sentis particulièrement concernés par la mort de celle qui travaillait comme journaliste en arabe sur la chaîne de télévision Al Jazeera. Parce que Shireen Abu Akleh était dans leur foyer tous les jours sur petit écran aux heures des informations. Mais à l’occasion de sa mort, beaucoup ont découvert qu’elle était chrétienne, parfois avec grande surprise. Car si 5 millions de Palestiniens habitent les territoires de Cisjordanie et Gaza, il n’y a parmi eux que 40'000 chrétiens, soit une toute petite minorité. Parmi les très nombreux musulmans qui ont porté et accompagné le cercueil de Shireen jusqu’à l’Eglise grec-orthodoxe de la vieille ville de Jérusalem, plusieurs n’osaient pas proférer des paroles de réconfort propres à l’islam, mais tous ont salué cette figure chrétienne qui est devenue leur nouvelle icône.

Visibilité démultipliée

Shireen Abu Akleh traitait de tous les sujets et était le visage, la voix, l’opiniâtreté de la cause de tous les Palestiniens, estime Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en cheffe de Terre sainte magazine. Elle n’est d’ailleurs pas morte en raison de sa foi et n’est donc pas une martyre chrétienne. Mais toutes les cloches de Jérusalem ont sonné à l’unisson lors de son enterrement et toutes les Eglises de la ville ont condamné les violences policières qui se sont manifestées lors de ses funérailles. La visibilité des chrétiens palestiniens s’est ainsi trouvée démultipliée d’un coup.

Un exemple de témoin

Pour le prêtre franciscain et directeur des écoles chrétiennes de Terre sainte Ibrahim Faltas, Shireen a réussi à unir la Palestine, à transcender les divisions. Celui qui était aussi son ami explique que « toute une génération a grandi en écoutant, grâce à ses reportages, les histoires de ceux qui revendiquent le droit de vivre sur leur propre terre, le droit d’avoir une maison, le droit de vivre en liberté ». Et elle est devenue un exemple à suivre en étant au plus proche des pauvres et des sans-voix. Elle aura en ce sens été témoin. Témoin de la vie des Palestiniens. Et témoin dans le sens spirituel du terme. Ce qui signifie qu’elle s’est laissé porter par des valeurs de soin et d’attention pour tous, des valeurs qu’elle a traduit en actes unanimement reconnus. Ce n’est donc plus forcément la double peine ces jours d’être et Palestinien et chrétien dans cette région du monde.

Tuée par balle

La journaliste américano-palestinienne a été tuée par balle le 11 mai alors qu’elle couvrait une opération militaire israélienne dans le camp palestinien de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Ses funérailles se sont tenues le 13 mai et ont réuni une foule immense.

Gabrielle Desarzens

Une chronique à écouter sur RTS La Première 

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