« Soyons les témoins du Christ dans un monde pluraliste et global ! »

samedi 11 janvier 2014

Au Congrès du Cap en octobre 2010, les leaders évangéliques du monde entier ont signé une déclaration : L’Engagement du Cap. David Valdez a participé à ce congrès. Il commente ici le premier point de la deuxième partie de ce document : une invitation à prêcher tout l’Evangile dans toutes les sphères de la société.

Si nous prenons le temps d’étudier les documents du Mouvement de Lausanne, nous constatons que son objectif principal est de motiver et de former l’Eglise entière à apporter l’Evangile entier au monde entier. Dans la première partie de L’Engagement du Cap, il a été question du contenu doctrinal de la foi chrétienne ; les cinq premiers points traitent de notre amour pour la personne de Dieu. En effet, nous aimons le Dieu vivant, le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Les cinq points suivants de la première partie du document concernent notre amour pour la Parole de Dieu, le monde, l’Evangile, les êtres humains et les missions. Cependant la deuxième partie est un appel à l’action. Cet appel se présente en six points et le premier thème qui avait lors du congrès interpellé beaucoup de participants est celui de « porter témoignage à Jésus-Christ et l’ensemble de son enseignement partout dans le monde, non seulement géographique mais dans toutes les sphères de la société et dans le domaine des idées, en identifiant les problématiques clés de notre époque et en y apportant des réponses ». Par conséquent, puisque le Christ est la vérité, le chemin et la vie les chrétiens sont appelés à être le « peuple de la vérité » ; ils doivent vivre et proclamer la vérité. Les orateurs qui ont traité de ce sujet durant le congrès ont mis un accent particulier sur l’urgence d’un tel témoignage.

Urgence dans notre témoignage au Christ
Dès le début de l’Ecriture, nous observons que la mission de Dieu est de bénir le monde entier par l’intermédiaire de son peuple. Par la venue, la mort, la résurrection du Christ et le don du Saint-Esprit, l’Eglise est invitée et en mesure de prendre part à la mission de Dieu. Lors du Congrès du Cap, après avoir bien défini l’Evangile dont le cœur est la personne et l’œuvre du Christ, il a été rappelé que l’Eglise se compose de chrétiens qui doivent être des témoins de la vérité. Dans la deuxième partie de L’Engagement du Cap, nous constatons que les auteurs désirent nous rendre sensibles à l’urgence du témoignage de l’Eglise. Si nous prenons le temps de lire la Bible, nous constatons qu’à plusieurs reprises le peuple de Dieu était conscient que les personnes qui ne connaissent pas Dieu se rendaient vers l’endroit le plus indésirable qui soit : l’enfer. Nous retrouvons de tels sentiments chez Paul qui, dans la lettre aux Romains (9.1-4), fait référence à la situation des juifs. Il dit tout d’abord : « Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience m’en rend témoignage par l’Esprit Saint » (9,1). Ensuite, dans le verset suivant, il exprime ses sentiments concernant l’égarement des juifs en écrivant : « J’ai une grande tristesse et un grand tourment dans le cœur » (9,2).
Finalement, il décrit la vérité concernant l’égarement des juifs qui le motive à s’engager pour son Dieu, « car je souhaiterais être moi-même anathème, séparés du Christ pour mes frères, les gens de ma parenté selon la chair, eux qui sont les Israélites » (9,3). Plus loin dans cette même lettre, Paul exprime son désir de voir tout Israël sauvé : « Mes frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés » (10.1). Il est important que nous réalisions une telle vérité.
A combien de reprises dans l’histoire de l’Eglise ne pouvons-nous pas lire les propos de serviteurs de Dieu sur cette vérité. Le missionnaire Hudson Taylor disait un jour : « Je n’aurais jamais pensé aller en Chine, si je n’avais pas réalisé que les Chinois étaient perdus et qu’ils avaient besoin de Jésus. »
Le fondateur de l’Armée du Salut, William Booth, aurait désiré que chaque soldat (salutiste) puisse expérimenter un jour et une nuit en enfer pour s’atteler au ministère d’évangélisation ! Je me demande parfois si nous avons réellement de la compassion pour les personnes qui nous entourent et si nous aimons le Christ à un point tel que nous sommes prêts à tout pour mieux connaître le Christ et surtout si nous sommes disposés à tout mettre en œuvre pour le faire connaître au monde. Lors du Congrès du Cap, les membres de la délégation suisse ont fortement été interpellés par le zèle des délégués d’autres pays et principalement de ceux des pays du Sud.
Ces derniers ne désirent pas voir leur prochain périr et ils mettent déjà tout ce qui est nécessaire pour que leur entourage entende parler du Christ au péril de leur vie. J’ai eu l’impression que ces personnes réalisaient le prix que le Christ a payé sur la croix pour le pardon de leurs fautes. Non seulement ces personnes ne cessent de sonder les Ecritures, non seulement elles sont débordantes de reconnaissance et conscientes de l’avenir du monde, mais elles ne désirent rien d’autre que de partager la Bonne Nouvelle aux autres. Comment pourrions-nous animer à nouveau notre passion pour le Dieu Père, Fils, Saint-Esprit et sa création tout entière ?
 
Laissons-nous toucher par la vérité de l’Evangile
L’Engagement du Cap appelle les chrétiens à rendre témoignage detout l’enseignement de Dieu contenu dans la Bible et cela partout dans le monde. Un défi que doit relever l’Eglise aujourd’hui est de donner un enseignement systématique de toute la Bible à tous les chrétiens et aux personnes qui portent un intérêt pour la foi chrétienne. En parlant avec plusieurs responsables du Mouvement de Lausanne, je les ai entendus exprimer de l’inquiétude quant à une croissance aussi bien quantitative que qualitative de l’Eglise. Il est donc fondamental que les responsables des Eglises mettent en place une vision qui permette à tous les chrétiens de bénéficier d’un enseignement fidèle, clair et pertinent de toute la Bible. La fondation John Stott (Langham Partneship International) a vu le jour pour permettre aux responsables d’Eglise de faire face à ce danger qui les guette. Pour que les leaders chrétiens soient conscients d’un tel besoin, il faudrait qu’ils soient convaincus que la Bible contient les paroles inspirées par Dieu.
Par exemple, dans la deuxième lettre de Pierre (1.20-21), il est écrit que ces paroles n’ont pas leur origine dans l’intelligence humaine, mais qu’elles nous sont parvenues par la volonté divine. Cependant ces hommes et ces femmes ont parlé et ont écrit les paroles qui viennent de Dieu par la puissance du Saint-Esprit.
L’effort écrit et oral est le produit de la main et de l’intelligence humaine, mais derrière une telle tâche se trouve l’intention et la pensée de Dieu. Il est important que nous puissions croire que les récits de la Bible qui s’appuient sur la réalité historique sont vrais. Si nous ne croyons pas dans l’autorité divine de toute l’Ecriture, il sera difficile demander aux leaders des Eglises de veiller à ce qu’il y ait un témoignage, un enseignement systématique de toute la Parole de Dieu en Suisse et ailleurs. En réfléchissant à l’importance d’un tel témoignage, nous pouvons penser à ce qui s’est passé peu de temps après la mort de Jésus sur le chemin d’Emmaüs. Deux disciples passent en revue tout ce qui vient de se passer. Ils sont désespérés. Jésus vient à leur rencontre. Ils ne le reconnaissent pas jusqu’à ce qu’ils prient avant le repas et qu’il rende grâce. Cependant ils dirent un peu plus tard : « Notre cœur ne brûlait-il pas lorsqu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait le sens de l’Ecriture ? » (Luc 24.32). Jésus prit le temps de leur expliquer toutes les Ecritures en commençant par Moïse et les prophètes, et il enseigna tout ce qui le concernait. Le fait de (re)découvrir la vérité de la Bonne Nouvelle les conduisit à désirer faire connaître le Christ là où ce dernier les enverrait. Nous pouvons apprendre de ce récit qu’il est absolument nécessaire que nous prenions le temps de redécouvrir toute l’Ecriture.
Les propos de Paul dans sa lettre aux Romains illustre bien l’importance de la découverte de la vérité de l’Evangile. Il a pris conscience de la hauteur, de la profondeur, de la largeur et de la longueur de l’amour de Dieu, et il a été poussé à proclamer la Bonne Nouvelle à Rome en réalisant que ces paroles venant de Dieu étaient utilisées par celui-ci pour manifester sa puissance dans la vie des gens : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile parce qu’il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1,16). Paul a été touché par la grâce de Dieu et il a reçu la conviction que l’Evangile est puissance de Dieu. Par conséquent, touché ainsi par le Christ, il ne put rien faire pour résister à son désir ardent de partager l’Evangile partout où le Seigneur l’enverrait. La tâche des évangélistes et des enseignants de la Bible est donc primordiale. De manière générale, prenons chacun le temps de nous laisser saisir par les paroles de l’Ecriture, découvrons ce que Dieu veut nous révéler de sa personne et de son œuvre. Une telle expérience de vie de foi est envisageable partout dans le monde.
Cependant, L’Engagement du Cap précise que le chrétien est invité à témoigner du Christ partout dans le monde, et donc également « dans toutes les sphères de la société et dans le domaine des idées, en identifiant les problématiques clés de notre époque et en y apportant des réponses ».
 
L’importance de l’apologétique
Le domaine de l’apologétique reste un outil très important pour l’évangélisation mondiale.
Comment pratiquer l’apologétique ? Tout d’abord, il faut que nous soyons non seulement à l’écoute de la Bible, mais à l’écoute de ce qui se passe dans le monde. Nous sommes invités à cultiver le dialogue. Socrate, le père de la philosophie occidentale, posait des questions à ses compatriotes athéniens sur, par exemple, des thèmes tels que la piété, la justice, la beauté et la vérité, dans le but d’exposer l’ignorance des uns et les pensées contradictoires des autres.
Jésus opérait de la même manière. Souvenons-nous par exemple de la rencontre avec la Samaritaine (Jean 4) qui permet à ses interlocuteurs de découvrir son identité et de confronter ses auditeurs avec les revendications du Royaume. Par conséquent, Socrate et Jésus posèrent des questions pour permettre à leurs auditeurs d’aller plus loin dans leurs réflexions. Il est important d’ajouter que Jésus ne s’est pas limité à poser des questions à son entourage pour proclamer des vérités, mais aussi pour l’aider à communiquer avec Dieu ou avec son prochain d’une tout autre manière. Prenons par exemple la parabole du bon Samaritain. Jésus termine son récit en posant une question : « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé aux mains des bandits ? » (Luc 10.36). Si nous désirons devenir de bons défenseurs de la foi, il est important d’étudier les questions posées par Jésus. De plus, si nous arrivons à cerner le sens des questions posées par nos interlocuteurs, nous pourrons leur donner des réponses pertinentes mais nous pourrons également à notre tour leur poser les bonnes questions.
La formation dans le domaine de l’apologétique doit devenir une priorité ; L’Engagement du Cap insiste sur le fait qu’il faut former les gens qui travaillent dans les hautes sphères de la société pour qu’ils puissent défendre de manière appropriée la cohérence de l’Evangile. De manière générale il est nécessaire que les chrétiens soient formés à expliquer ce qu’ils croient et les raisons pour lesquelles ils ont de telles convictions. Il faut aider les chrétiens à comprendre la société dans laquelle ils vivent et leur donner des outils afin de pouvoir être des témoins dans les différentes sphères de la société (monde des affaires, de la politique, dans les médias, les arts…). Il faut aussi enseigner les valeurs de l’Evangile afin que les chrétiens puissent assumer leur engagement professionnel de manière à honorer le Seigneur. Pour terminer cette réflexion, je désire rappeler que notre défense de la foi chrétienne doit s’accompagner d’amour. Il est indispensable que notre entourage constate que nous ne pouvons pas seulement répondre à ses questions de manière pertinente et convaincante, mais il faut qu’il voie une harmonie entre ce que nous croyons et ce que nous vivons.
 
***
Nous avons entendu et compris l’appel qui nous est adressé dans le premier thème de la deuxième partie de L’Engagement du Cap. Nous sommes invités à être les témoins du Christ dans un monde pluraliste et global. Il nous faut témoigner dans l’urgence, car des gens s’éloignent (in)volontairement du Dieu Père, Fils et Saint-Esprit chaque jour. Cependant pour pouvoir être des témoins fidèles de l’Evangile, il faut que les chrétiens puissent bénéficier d’un enseignement systématique de toute la Bible.
De plus, il est également indispensable que les chrétiens reçoivent la formation nécessaire afin de pouvoir expliquer ce qu’ils croient et les raisons de leurs convictions. La ligne de conduite et les considérations pratiques proposées par le mouvement de Lausanne dans L’Engagement du Cap ne semblent apporter rien de nouveau au mouvement évangélique, et pourtant les Eglises et les œuvres chrétiennes devront encore progresser davantage dans les domaines discutés, pour pouvoir prendre part à la mission de Dieu.

David Valdez, pasteur dans l’Eglise évangélique libre de la Rochette à Neuchâtel (FREE)
 
Lire la première contribution sur L’Engagement du Cap signé David Valdez : « L’Engagement du Cap, un plaidoyer basé sur l’amour de Dieu et du prochain ».
 
Voir la version web de L'Engagement du Cap.
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