Felix Ceccato, l’ACP rassemble des femmes et hommes chrétiens qui travaillent dans la police, dans le corps des douanes ou parmi les gardes-frontières. Quelle est la différence entre un agent chrétien et un agent tout court ?
Felix Ceccato : La différence est dans le mot « chrétien ». Notre credo est : porter l’uniforme n’empêche pas de vivre sa foi ! Par cela, nous entendons que les valeurs bibliques nous interpellent personnellement et nous donnent du courage, du réconfort et de la force dans notre quotidien. Il est donc vrai que l’on ne va pas voir a priori si un agent est chrétien ou pas, mais peut-être que l’on va le remarquer à son attitude et à son amabilité envers son prochain.
Les policiers en tant que gardiens de l’ordre doivent discipliner les gens pendant le confinement. Ça se passe comment ?
Selon les réactions que j’ai de nos membres, les agents de police et les membres des autres services d’urgence sont souvent eux-mêmes préoccupés par le risque possible d’infection, vu qu’ils travaillent en première ligne. De plus, ils doivent faire respecter les mesures de sécurité adoptées par le Conseil fédéral, ce qui exige beaucoup de tact dans les interactions avec la population.
À cause de cette pandémie, tout s’est soudain arrêté. Est-ce aussi l’occasion pour certains de se poser des questions sur le sens de la vie ?
Il existe différents groupes de chat de policiers chrétiens que je suis personnellement. Ce qui manque le plus est le contact humain. Car on a subitement beaucoup de temps à disposition. Il se peut aussi que surgissent des tensions dans la sphère privée. En discutant avec quelques agents de police, nous étions d’accord sur le fait que la foi chrétienne nous donne ici aussi de l’espoir et du courage pour traverser ces temps difficiles.
Avez-vous des informations sur la situation dans les prisons suisses ?
Ailleurs dans le monde, des organisations sœurs nous ont donné quelques informations. Dans les prisons par exemple, tout le monde essaie d’éviter une contagion par le coronavirus, et donc le contact avec le monde extérieur a été limité au minimum. Une épidémie parmi les détenus serait ravageuse. Là aussi, le personnel est en première ligne. Heureusement, les conditions dans les prisons suisses sont bien meilleures qu’à l’étranger, où, selon les nouvelles, une partie du personnel pénitentiaire ne vient plus travailler et les détenus sont laissés à eux-mêmes...
La criminalité a diminué depuis le début du confinement. Un monde sans crime, ce serait idéal. Serait-ce possible, si nous étions tous chrétiens ?
Malheureusement, le mal et l’injustice règnent dans ce monde. En Jésus-Christ, Dieu a construit un pont et nous dit : « Venez, je vais vous montrer comment serait un monde idéal. Je veux vivre en relation avec vous. » Et c’est ce qui nous permet de résister aux tentations funestes de ce monde.
La pandémie de coronavirus a également été un grand défi pour notre gouvernement. Sa propagation mondiale est alarmante et a montré que les mesures prises diffèrent de pays en pays. Que pensez-vous personnellement des mesures décidées en Suisse ?
Je trouve que notre gouvernement a fait du bon travail dans l’ensemble. À l’ACP, nous prions expressément pour que le Conseil fédéral soit dirigé par Dieu et qu’il agisse avec sagesse. Je pense que les fermetures de frontières et les autres mesures étaient justifiées. Bien entendu, après coup, on peut toujours critiquer si tout a été fait au bon moment. Mais nous avons tous été surpris par la rapidité avec laquelle ce virus s’est répandu et par les dégâts qu’il a causés, en Europe et maintenant aussi aux États-Unis.
En Suisse, de nombreux employés ont été contraints au télétravail. Selon le cercle familial, cela peut être difficile à vivre. Avez-vous eu connaissance d’une augmentation de la violence domestique ?
Selon certaines sources personnelles, oui, il y a eu des problèmes dans certaines familles parce que l’on vivait trop les uns sur les autres et que l’on ne pouvait pas s’évader d’un appartement trop petit. En général, les agents ont essayé de désamorcer les tensions par la discussion. Souvent, ce sont aussi les enfants les victimes, car les parents ne les supportent plus.
Vous aussi avez vécu ce confinement. Quel a été votre expérience personnelle du télétravail, Felix Ceccato ?
Pour moi, c’était un temps très enrichissant. En tant que famille, nous avons appris à mieux nous connaître, peut-être même à nous redécouvrir. Le télétravail reste encore un peu compliqué, et le travail au front ainsi que mes collègues de bureau me manquent.
Et qu’avez-vous fait en premier après la réouverture partielle du 11 mai ?
Je suis allé en premier chez le coiffeur, car je n’aime pas avoir les cheveux longs. Et j’ai hâte, dans les prochaines phases, de rencontrer à nouveau des gens dans la vie de tous les jours. J’espère aussi que l’on puisse un jour se prendre à nouveau dans les bras. Oui, je me réjouis de retrouver les contacts avec les personnes que je n’ai plus vues depuis longtemps.
Interview réalisé par Sandra Lo Curto, Bienne