Opinions
Les évangéliques, 180 ans de convictions qui durent et… d’ouverture
Le courant évangélique est peu connu. Beaucoup ignorent son existence. Or en 2000, les chrétiens évangéliques représentaient autour des trois quarts du protestantisme dans le monde. Environ 1500 Eglises évangéliques sont recensées actuellement en Suisse, dont quelque 250 en Romandie. La mouvance évangélique est également présente dans bien des Eglises dites historiques. Mais qu’en est-il dans notre pays?
Vers 1825 un Réveil religieux traverse la Suisse romande. On assiste alors à un remarquable renouveau de la piété et de l’engagement personnel. En plusieurs lieux, des rassemblements spontanés s’instituent en «assemblées évangéliques». Brisant le monopole de l’Eglise officielle, ils supportent critiques, mépris et même… cailloux!
Il en faudrait pourtant plus pour arrêter ces pionniers, nourris de la substantielle théologie des Réformateurs, dont ils estiment être parmi les héritiers. Comme eux, Bible en mains, ils redécouvrent que le salut personnel est accordé non sur la base d’œuvres ou d’une conduite exceptionnelles, mais par une pure faveur de Dieu. Ils interprètent la mort de Jésus, le Fils de Dieu, comme une substitution, lui-même étant venu pour assumer en Croix… leur propre jugement! Seule demeure alors la joyeuse assurance du pardon, accordé à tout croyant sincère. Selon la théologie évangélique, on ne naît pas chrétien, on le devient. Par décision de foi individuelle. En entretenant avec le Christ une relation forte et personnelle. Signe de ralliement par excellence, la Bible rassemble les évangéliques, toutes dénominations confondues. Elle est tenue comme étant Parole de Dieu, divinement inspirée, entièrement fiable, faisant autorité en matière de foi et de vie.
Alors sont-ils des fondamentalistes? Rarement, si l’on sous-entend qu’ils adopteraient un certain fondamentalisme de type américain, politique et activiste, courant minoritaire au sein du protestantisme des Etats-Unis. Citoyens solidaires, oui! Ils sont disposés à s’engager au plan politique, mais sans être poussés pour autant par leurs Eglises respectives à interférer comme groupe de pression musclé dans les affaires de la cité démocratique. Il leur suffit de faire valoir, avec conviction et respect, leurs opinions diverses. Ils n’hésitent pourtant pas à servir dans les instances politiques de leurs communes où l’on retrouve certains d’entre eux comme conseillers, syndics et même préfet.
Ils refusent légitimement l’appellation dédaigneuse de secte et participent souvent à un œcuménisme de la base. Autonomes, leurs communautés salarient elles-mêmes leurs pasteurs, à hauteur du revenu d’un bon ouvrier, et n’imposent aucune contribution financière à personne. Leurs ministres ont généralement exercé une autre profession, ce qui leur garantit une meilleure présence au monde. Ils ont poursuivi, plus tard, une formation théologique dans un institut biblique ou en faculté.
A côté d’autres dénominations chrétiennes, les évangéliques proclament qu’en la personne même de Jésus-Christ, Dieu le Créateur, Préservateur, Juge et Sauveur du monde, s’est historiquement manifesté.
Dès lors seraient-ils à craindre comme s’ils cherchaient à manipuler les consciences dans leurs cultes, publics et accueillants à tous? S’il arrive que la politique recherche le pouvoir, la foi authentique, elle, se borne à proposer une bénéfique influence. Or celle des évangéliques, si elle est conquérante, l’est au grand jour. Elle se veut joyeuse et positive. Et à dire vrai: ouverte au dialogue.
L’invité: PAUL DUBUIS
Prédicateur,
Aubonne-Château-d’Œx
© 24 heures Région La Côte; 29.12.2006; page 2