Katherine Paterson est aujourd’hui une grand-maman américaine de 75 ans. Elle a derrière elle 14 romans pour enfants, 6 livres illustrés et 7 livres pour adultes. Au nombre de ceux-ci : « Le secret de Térabithia », un livre pour enfants qui vient de connaître la « consécration cinématographique ». La maison de production « Walden Media », à l’origine du « Monde de Narnia : le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique », a confié au réalisateur Gabor Csupo le soin de produire un film qui reprenne l’un des livres les plus célèbres de Katherine Paterson.
Une fille de missionnaires en Chine
Katherine Paterson affiche une trajectoire de vie originale. Elle naît en 1932 à Shanghaï de parents missionnaires. Elle y passe quelques années, avant de rentrer aux Etats-Unis à cause de la Seconde Guerre mondiale. A cette époque, elle veut soit devenir star de cinéma ou missionnaire. Durant son adolescence, elle monte régulièrement sur les planches, mais, à 25 ans, elle part comme missionnaire au Japon. Y séjourne 4 ans et retourne aux Etats-Unis pour y suivre une année de formation complémentaire. Durant cette année, elle rencontre un jeune pasteur presbytérien et l’épouse en 1962. Elle a 4 enfants, deux « faits maison » et deux adoptés.
Donner un sens à une tragédie qui n’en a pas !
« Avec « Le secret de Térabithia », j’ai essayé de donner un sens à une tragédie qui n’en avait pas », confie-t-elle au journal américain « Christianity Today ». A l’âge de 8 ans, son fils David perd sa meilleure amie Liza Hill, qui meurt subitement, frappée par la foudre. La même année, Katherine Paterson doit se faire opérer d’un cancer. Elle décide alors d’écrire un livre qui encouragera son fils à vivre son deuil. Le récit de cette femme de pasteur se déroule à la campagne. Un garçon de 11 ans prénommé Jess entre dans une nouvelle année scolaire. Il est convaincu que, cette année enfin, il sera le champion de course à pied de son école. Lors de la première journée de classe, il est coiffé au poteau par une fille de son âge, Leslie, qui vient d’emménager dans une maison à quelques encablures de chez lui. Bien loin de les éloigner l’un de l’autre, cette rivalité rapproche les deux enfants. Au fil du roman, Leslie ouvre Jess à un monde dont il ignorait tout. Notamment au monde imaginaire de Térabithia, qui se trouve dans une forêt, à laquelle on accède en franchissant une rivière par une corde suspendue à un arbre.
Une occasion de se familiariser avec la mort
« « Le secret de Térabithia » est une sorte d’exercice pratique pour enfants, avant de devoir aborder la mort dans la vie réelle », relève Katherine Paterson. Pour elle, les livres permettent de se familiariser émotionnellement avec les difficultés de la vie. En l’occurrence : la mort et le départ d’un proche auquel on est très attaché. Après la noyade de Leslie, on passe avec Jess par les différentes étapes du deuil : le déni, le remord, la révolte... Pour en final voir ce garçon de 11 ans construire un pont au-dessus de la rivière qui aura été fatale à son amie. Un pont qui permettra à Jess d’introduire May-Belle, l’une de ses petites soeurs, dans le monde de Térabithia. Un pont qui symbolise une vie qui continue et qui ouvre au partage avec d’autres des richesses que Jess a découvertes au travers de Leslie.
Pas de prêchi-prêcha
Dans « Le secret de Térabithia » et dans « Comme les étoiles », un autre livre pour enfants de Katherine Paterson traduit en français, les références chrétiennes ne s’imposent pas à chaque détour de page. Dans le livre mis en film par Walden Media, Jess emmène à une reprise Leslie à l’Eglise. S’ensuit une discussion entre enfants au sujet de Jésus, de la Bible et de l’enfer. « Comme dans les étoiles » raconte l’histoire de Angel, une fille de 12 ans, ballottée avec son frère Bernie entre une mère instable et un père en prison. Accueillie chez son arrière-grand-mère, Angel découvre autour d’elle une personne ressource, la bibliothécaire, dont la foi va éclairer le vécu difficile et chaotique de Angel. « Si un livre est écrit par quelqu’un qui est habité par une espérance chrétienne et par la connaissance de la grâce, explique Katherine Paterson, alors l’espérance et la grâce traversent son oeuvre, non parce qu’il souhaiterait à tout prix les y mettre, mais parce qu’on ne peut s’empêcher de les véhiculer avec soi ! »
Serge Carrel
Références bibliographiques :
L’interview de Katherine Paterson sur le site de « Christianity Today » : http://www.christianitytoday.com/movies/interviews/katherinepaterson.html.
Le site personnel de Katherine Paterson: http://www.katherinepaterson.com/about.html.
Katherine Paterson a reçu de nombreux prix pour son activité littéraire, notamment le « Prix de littérature à la mémoire d’Astrid Lindgren » en 2006 : http://www.alma.se/page.php?pid=2673.