Une vérité qui transforme le monde

vendredi 22 octobre 2010
De congrès en congrès, le Mouvement de Lausanne affine sa théologie de la « mission intégrale ». Il s'agit d'une mission qui prend en compte l'intégralité du message de l'Evangile: proclamer, aider, transformer.
Depuis plus de 36 ans, les protestants de conviction évangélique arrivent à mieux œuvrer ensemble pour proclamer la Bonne Nouvelle au monde entier. Cependant, le Mouvement de Lausanne ne s’est pas réduit à une simple organisation qui insiste sur la proclamation verbale de l’Evangile... même si celle-ci reste au cœur de mission de l’Eglise. Depuis 1974, les leaders évangéliques ont commencé progressivement à parler de la mission holistique ou intégrale de l’Eglise. Les chrétiens ont commencé à prendre conscience qu’ils ne suffisaient pas de proclamer l’Evangile afin que des cœurs soient transformés, mais qu’il faudrait également aider les personnes blessées par la vie. 

Nous vivons dans un monde brisé
La Chute (Genèse 3) a plongé toute l’humanité dans une situation dramatique. Elle a touché tous les aspects de la vie de la création. Par conséquent nous sommes tous victimes, d’une manière ou d’une autre, des actions mauvaises de certains individus ou de structures politiques et sociales. Durant notre deuxième journée du congrès, nous avons parlé du thème de la réconciliation et des dégâts causés par la pauvreté, le trafic d’être humains, la violence ethnique ou l’immoralité sexuelle au sein de la société. La prédicatrice du jour, Ruth Padilla De Borst (photo), a utilisé le deuxième chapitre de la lettre aux Ephésiens. Elle nous a parlé du Christ qui, par sa personne et son œuvre, est « paix ». Il donne la paix et prêche la paix – la réconciliation entre l’humanité et Dieu.  La costaricaine a développé le thème du plan cosmique de Dieu qui, par son Fils, désire réconcilier l’univers entier. Elle a insisté sur le fait que cette démarche de réconciliation doit être quotidiennement rendue manifeste dans la vie de la communauté chrétienne. En d’autres termes, l’Eglise est appelée à exercer un ministère de réconciliation qui va conduire à la transformation des vies humaines, de la société et, de manière générale, de toute la Création (l’environnement).

Nous vivons dans un monde où l’Eglise se soucie de l’humanité
Durant plusieurs décennies, la question de la responsabilité sociale du chrétien a créé de grandes tensions au sein du monde évangélique. Une frange du monde évangélique s’est rassemblée pour s’opposer à cet « Evangile social ». Aux Etats-Unis, les « nouveaux évangéliques » ont affirmé qu’il fallait absolument prendre en considération l’engagement social de l’Eglise. Carl Henry a publié en 1947 un livre (« Uneasy conscience of modern fondamentalism », « La conscience lourde du fondamentalisme moderne ») qui accuse les fondamentalistes de ne pas proclamer l’Evangile « entier ». Cette opinion rassemble une grande part de l’évangélisme nord-américain.
Carle Henry exhorte les chrétiens à s’engager à nouveau dans la société. Il propage cette nouvelle identité évangélique grâce à des forums et à la revue « Christianity Today » (« Christianisme aujourd’hui »), dont il a été le premier éditeur dès 1957.
Ce nouvel évangélisme « modéré » a acquis une certaine notoriété. Lors du congrès pour l’évangélisation de Berlin, en 1966, le thème de la responsabilité sociale a été abordé, pour être finalement développé par le Mouvement de Lausanne, à partir 1974. Durant des années, cette réalité a provoqué des tensions sérieuses au sein du monde évangélique. Cela s’est parfois traduit par une division entre les chrétiens occidentaux et les chrétiens vivant dans les pays « pauvres. Dans la foulée du premier congrès de Lausanne, lors d’une consultation qui s'est déroulée en 1982, à Grand Rapids, les participants ont trouvé un accord concernant le lien qui devait exister entre l’évangélisation et l’engagement social.
En écoutant aujourd’hui les participants de ce troisième congrès de Lausanne, il apparaît que l’Eglise est invitée à s’engager d’une manière plus concrète dans des questions politiques et sociales. Lors d’un débat sur le thème de la pauvreté et la richesse, de nombreux participants ont demandé qu'un article plus précis sur le sujet soir inclus dans la future déclaration du Cap – qui sera publiée en janvier 2011. Nous sommes heureux de constater que, lors de ce congrès, des organisations chrétiennes humanitaires telles que « World Vision » stimulent la réflexion des participants dans ce domaine.

Nous vivons dans un monde qui doit être transformé par l’Eglise
Est-il juste de voir l'Eglise comme une entité appelée à transformer le monde ? L’Eglise ne doit-elle pas demander aux autorités compétentes d’agir ? Le président de « World Vision » répond de manière convaincante que l’Eglise doit assumer la responsabilité de changer ce monde. S’agit-il d’une idée nouvelle ? Depuis le début du christianisme, l’Eglise s’est engagée dans ce que nous appelons « la mission intégrale ». Jésus n’a pas seulement guéri des corps mais également des cœurs. Pensons simplement à Zachée qui, suite à sa rencontre avec le Christ, a décidé de rendre bien plus que ce qu’il avait volé par le passé ! Pensons aussi aux livres des Actes. Nous pouvons y lire que, lorsque les apôtres ont proclamé l’Evangile, leur action a été accompagnée de guérisons et d’action sociale ! Les Pères de l’Eglise ont également fait prendre conscience à leurs lecteurs qu’il fallait s’occuper du pauvre et de l’opprimé. Les textes de théologien Tertullien, Saint Irénée ou de Basile le Grand en témoignent vont dans le même sens. Les témoignages de Jean Calvin, de Charles Spurgeon, de Georges Müller, de William Wilberforce, William Booth, de Martin Luther King ou de Mère Térésa nous montrent également une Eglise qui désire transformer le monde.
Est-il bon de vouloir transformer ce monde ? Oui! Car, lorsque nous lisons de nombreux textes dans l’Ancien Testament, nous observons que nous avons à faire à un Dieu qui déteste les injustices perpétrées par l’être humain.
Souvenons-nous par exemple des paroles de la prophétie d’Amos: « A cause de trois transgressions, à cause de quatre... j’enverrai le feu ». Ces paroles de Dieu sont répétées à huit reprises et elles concernent les méfaits perpétrés par les nations voisines du peuple de Dieu.

Nous vivons à une époque où Dieu doit reprendre son Eglise
Dieu parle du jugement qui tombera sur ces nations là. Mais ensuite, il va plus loin. Car, en parlant à son peuple, il dit: « Toi aussi. Juda... tu as rejeté ma Loi, tu n’as pas observé les prescriptions et tu as préféré vivre selon tes propres principes ! » (2.4). Dieu annonce déjà les événements difficile auxquels son peuple devra faire face plus tard. Nous croyons en un Dieu qui ne veut pas de l’injustice dans ce monde. Il attend de son Eglise qu’elle intervienne pour que des vies soient transformées par la proclamation de l’Evangile et la responsabilité sociale de celle-ci.
N’est-ce pas Jésus qui dit à ses disciples: « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde »? Le sel et la lumière change leur environnement. Lorsque le sel se trouve sur la viande, les bactéries meurent. Et lorsque la lumière est dans la maison, elle illumine l’obscurité. Le sel et la lumière ont à la fois un impact positif et négatif. Lorsque nous regardons la pauvreté, l’injustice, la violence, la corruption, les abus sexuels, le SIDA et, de manière générale, la destruction de la vie humaine, nous nous demandons qui est le responsable de cette situation. Nous aurions tendance à rejeter la faute sur les autres et non sur nous-mêmes. Si nous voyons ce morceau de viande en train de pourrir ou cette maison rester dans l’obscurité, qui allons-nous accuser de cet état de fait ? Le sel ? La lumière ? Qui d’autre ? Si la société est corrompue, qui allons-nous accuser de cette situation ?

La responsabilité de l'Eglise
Nous devrions nous demander où est l’Eglise. Car celle-ci est le sel et la terre du Christ !  Nous devrions accepter que nous sommes également responsables de la situation dans laquelle se trouve notre société, car nous sommes censés en être le sel et la lumière. La société peut être changée. Nous pouvons la transformer sans pour autant qu’elle soit parfaite.  Celle-ci a déjà connu des changements significatifs: meilleures conditions d’hygiène et de santé, émancipation des femmes, amélioration des conditions de détentions, amélioration des conditions de travail dans les entreprises, meilleur niveau d’éducation pour tous, abolition de l’esclavage... Ces progrès n’ont pas tous été provoqués par l’engagement des chrétiens ! Le professeur Latourrette, de l'Université de Yale, disait: « Le Christ est le seul à avoir exercé dans la vie des hommes et des nations une influence sans précédent ».
Tout en se souvenant que la proclamation verbale de l’Evangile reste centrale, le Christ invite son Eglise à contribuer à la transformation de ce monde. Ce dernier ne connaîtra pas la perfection avant le retour du Christ. Cependant, il nous faut agir, car nous avons placé notre confiance dans un Dieu qui est aimant, bon et juste.
Durant la soirée du mardi, nous avons écouté avec intérêt deux chrétiens ayant contracté le virus du SIDA, mais qui n’ont pas pour autant baissé les bras au service de Dieu ! Au contraire, malgré les souffrances, ils ont tout d’abord expérimenté l’amour du Christ par le témoignage des chrétiens qui les ont soutenus. Et par la puissance du Saint Esprit, ils se sont levés, ils ont prêché l’Evangile et ils ont mis en place des structures de soutien pour les personnes de tous les âges, atteintes par le virus du SIDA. Le mercredi matin, une jeune femme indienne a partagée quelques aspects de son ministère qui consiste à accompagner des personnes abusées sexuellement ou réduites en esclavage. C'est ainsi que l’Eglise accomplit la mission intégrale !

Une mission intérgrale
Nous vivons dans un monde brisé et nous croyons en un Dieu d’amour qui n’accepte pas les injustices commises. Dieu désire que nous soyons des agents de sa justice. Il nous demande d’être des artisans de paix. Mettons tout en œuvre pour que la mission intégrale soit au cœur de notre vie d’Eglise. Mais attention! Il est important de ne pas oublier que l’Eglise ne se soucie pas uniquement du sort des victimes d’injustices, mais il faut également qu’elle continue de se soucier simultanément du salut des personnes qui quotidiennement se perdent spirituellement.
David Valdez

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