« Benny Hinn est mon oncle, mais l’évangile de la prospérité n’est pas pour moi » par Costi Hinn

vendredi 12 janvier 2018

En septembre dernier, Christianity Today, le magazine évangélique nord-américain de référence, a publié le témoignage d'un neveu de l'évangéliste-guérisseur Benny Hinn. Costa Hinn est aujourd’hui pasteur d’une Eglise évangélique en Californie. Il raconte le quotidien d’un ministère marqué par l’évangile de la prospérité et comment il en est sorti.

Il y a une quinzaine d’années, alors que je me trouvais en bord de mer près d’Athènes en Grèce, j’étais confiant dans ma relation avec le Seigneur et dans l’évolution de mon ministère. Je voyageais dans le monde entier en jet privé, « œuvrant à l’Evangile », tout en profitant de tout le luxe que mes revenus me permettaient de m’acheter. Après un vol confortable et mon repas préféré (des lasagnes) apprêté par mon cuisinier personnel, nous nous sommes préparés à notre « temps de ministère » en nous reposant dans la station balnéaire de Lagonissi. Tout en admirant la villa de 200 m2 avec vue sur la mer et piscine privée que j’occupais, je suis monté sur les rochers au bord de l’eau et je me suis réjoui de la vie que je menais. Après tout, je servais Jésus-Christ et je vivais la vie en abondance qu’il avait promise. 

C’est à peine si je savais que je me trouvais au bord de la mer Egée, cette étendue d’eau que l’apôtre Paul avait traversée alors qu’il répandait l’Evangile de Jésus-Christ. Il y avait juste un problème : nous ne prêchions pas le même Evangile que Paul.

Un mode de vie luxueux

Grandir dans l’empire de la famille Hinn, c’est un peu comme grandir dans la famille royale ou dans la mafia. Notre mode de vie était luxueux, notre loyauté était imposée, et notre version de l’Evangile avait tout du « grand business ». Bien que Jésus-Christ constituât toujours une partie de notre évangile, il ressemblait plus à un génie magique qu’au Roi des rois. Frotter sa lampe dans le bon sens – par des dons d’argent et en ayant assez de foi – devait déverrouiller l’héritage spirituel du chrétien. L’objectif de Dieu n’était pas sa gloire, mais notre propre gain. Sa grâce ne devait pas nous libérer du péché, mais nous rendre riches. La vie abondante qu’il offrait n’était pas éternelle, mais elle était là, maintenant. Nous vivions l’évangile de la prospérité. 

Mon père était pasteur dans une petite Eglise à Vancouver, au Canada. Lors de mon adolescence, il voyageait au moins deux fois par mois avec mon oncle Benny Hinn. La théologie de la prospérité payait vraiment bien. Nous vivions dans un manoir de 10000m2 avec entrée sécurisée, nous avions deux Mercedes Benz, nous passions nos vacances dans des pays exotiques, et nous ne nous privions pas de faire du shopping dans les magasins les plus chers. En plus de cela, nous avions acheté une maison avec vue sur l’océan valant 2 millions de dollars à Dana Point en Californie, où nous avions une autre Mercedes. Nous étions abondamment bénis ! 

Durant ces mêmes années, nous faisions face à de nombreuses critiques, que ce soit dans ou au dehors de l’Eglise. « Dateline NBC » (une émission de TV américaine), « The Fifth Estate » (une émission d’information canadienne), et d’autres émissions TV menaient des enquêtes sur notre travail. Des responsables chrétiens connus ont prévenu le public des dérives de notre enseignement, que ce soit à la radio ou à la télévision, et nombre de pasteurs d’Eglises locales ont incité les membres de leurs communautés à se tenir éloignés de toutes les chaires qui laissaient la parole à un « Hinn ». Alors que les critiques étaient de plus en plus nombreuses, je pensais que nous étions persécutés comme Jésus ou Paul, et que les gens qui nous critiquaient étaient juste jaloux des bénédictions que Dieu nous accordait.

Au sein de notre famille, nous ne tolérions pas la critique. Un jour, j’ai demandé à mon père si nous pouvions aller guérir une camarade d’école qui avait perdu ses cheveux à cause d’un cancer. Il m’a répondu qu’il fallait mieux prier pour elle depuis la maison, au lieu d’aller la guérir. A ce moment-là, je me suis dit : « Si nous avions le même don que les apôtres, ne devrions-nous pas faire les mêmes choses qu’eux ? » Je ne questionnais pas notre capacité à guérir, mais je commençais à avoir des doutes par rapport à nos motivations. Nous ne guérissions des gens que lors de grandes rencontres, lorsque la musique créait une atmosphère, l’argent changeait de main, et les gens nous approchaient avec le « juste montant » de foi. 

D’autres doutes commençaient à apparaître. Que fait-on des prières de guérison qui n’ont pas été exaucées ? On me disait que c’était la faute de la personne malade qui avait douté de la guérison de Dieu. Pourquoi parlons-nous en langues sans interprétation ? On me disait : « N’éteins pas l’Esprit ! Il peut faire ce qu’il veut. » Je me demandais aussi pourquoi beaucoup de nos prophéties contredisaient la Bible. On me répondait : « Ne mets pas Dieu dans une boîte ! » Malgré mes questions, je faisais confiance à ma famille, parce que nous avions tant de succès. Des dizaines de milliers de personnes nous suivaient. Des millions remplissaient des stades chaque année pour entendre mon oncle. Nous guérissions les malades, nous faisions des miracles, nous côtoyions des célébrités, et nous étions devenus extrêmement riches. Dieu devait être de notre côté ! 

Avant d’aller à l’université, j’ai décidé de prendre une année sabbatique. J’ai rejoint le ministère de Benny en tant que « réceptionniste » (celui qui réceptionne les gens qui tombent touchés par l’Esprit) et en tant qu’assistant personnel. C’était comme un rite de passage dans notre famille. La plupart des neveux de Benny Hinn ont travaillé pour lui à un certain moment de leur vie. C’était un signe de loyauté et de gratitude. Cette année-là, nous l’avons vécue comme dans un tourbillon de luxe : des suites royales à Dubaï coûtant 25'000 dollars la nuit, des hôtels en bord de mer en Grèce, des excursions dans les Alpes suisses, des villas au bord du lac de Côme en Italie, des temps de détente au soleil des côtes dorées de l’Australie, des tournées de shopping chez Harrods à Londres, et de nombreux voyages en Israël, à Hawaï, et partout entre ces deux destinations. Le salaire était conséquent, nous volions avec notre jet privé, et j’ai pu m’acheter de nombreux costumes. Tout ce que j’avais à faire, c’était « réceptionner » les gens et avoir l’air spirituel ! 

Un verset qui bouleverse la vie

Au terme de mes études universitaires et à mon retour à la maison, j’ai rencontré mon épouse, Christyne. Je n’avais aucune idée que Dieu allait l’utiliser pour me faire découvrir le salut. En fait, ma famille et moi, nous étions plutôt nerveux : elle ne parlait pas en langues ! Nous nous sommes mis en tête de régler ce problème en l’amenant à une campagne de Benny, mais rien ne se passa. Elle a assisté ensuite à un culte dans mon Eglise à Vancouver, mais là non plus ça n’a pas marché. Finalement, elle a été coachée à une rencontre de jeunes, mais elle ne parvenait à prononcer que quelques syllabes. Je pensais vraiment que je ne pouvais pas l’épouser, à moins que quelque chose ne change.

Un jour, elle m’a montré un passage de la Bible auquel je n’avais jamais prêté attention : 1 Corinthiens 12.30 (« Tous ont-ils le don des miracles ? Tous ont-ils le don des guérisons ? Tous parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils ? »). Ça m’a complétement secoué ! Là, aussi clairement que l’on peut voir quelque chose à la lumière du jour, j’ai réalisé que tout le monde ne devait pas parler en langues. Peu après, l’effet domino s’est mis en branle. D’autres croyances qui m’habitaient depuis longtemps, n’ont pas passé le test de la Bible. Je ne croyais plus que le but de Dieu était de me rendre heureux, que je sois en bonne santé et que je devienne riche. Au lieu de cela, j’ai vu qu’il voulait que je vive pour lui, peu importe ce que je pouvais recevoir de sa part.

Alors que j’avais de la peine à trouver une place pour exercer un ministère, j’ai reçu un appel d’un ami pasteur qui était en train d’implanter une Eglise en Californie. Il me proposait une place de pasteur-jeunesse à mi-temps. Cela m’a semblé un endroit parfait pour apprendre et pour grandir. Christyne et moi, nous avons fait nos valises et un pas de foi en tant que jeunes mariés. 

Peu après avoir rejoint l’équipe pastorale de cette Eglise, Dieu a mis à mal le dernier élément de mon système de croyances erronées. La vérité a jailli comme une vague de grâce. L’une de mes premières prédications devait porter sur Jean 5.1-17 : la guérison à Béthesda. Alors que j’étudiais pour la prédication, mon ami pasteur m’a donné un bon commentaire biblique. Le Saint-Esprit a pris le dessus. Ce récit montrait que Jésus avait guéri un homme dans la foule, celui-ci ne savait pas qui était Jésus, et il a été guéri instantanément. 

Cette découverte a mis trois de mes croyances les plus chères en lambeaux. La volonté de Dieu, n’est-ce pas toujours de guérir ? Non, Jésus a seulement guéri un homme parmi la foule. Dieu ne guérit-il pas uniquement les personnes qui ont la foi ? Non, cet homme paralysé ne savait même pas qui était Jésus (et il avait encore moins foi en lui). La guérison ne requiert-elle pas un guérisseur avec une onction, de la musique de circonstance, et une offrande ? Non, Jésus guérit instantanément au travers d’un ordre simple. J’ai pleuré amèrement en pensant à ma participation à un ministère manipulatoire et cupide, et à ma vie remplie de faux enseignements et de fausses croyances. J’ai remercié Dieu pour sa compassion et sa grâce au travers de Jésus-Christ. Mes yeux se sont complétement ouverts. 

Je suis aussi reconnaissant du fait que mon épouse a eu le courage de questionner mon insistance pour qu’elle parle en langues et que mon ami pasteur m’ait aimé suffisamment pour me sortir de la confusion dans laquelle je me trouvais à cause de l’évangile de la prospérité. J’ai vu comment Dieu utilise l’évangélisation et le discipulat afin de transformer des âmes perdues en des croyants enracinés. La plus grande capacité que puisse développer un chrétien, c’est la disponibilité. Lorsque le peuple de Dieu désire faire un pas de foi et dire la vérité avec amour, des vies sont transformées et Dieu est glorifié. Vous ne savez jamais qui il peut sauver au travers de votre fidélité !

Costi Hinn

Pour lire l'article en anglais sur le site de Christianity Today.


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