«L'Année anabaptiste doit être l'année de la réconciliation, explique Samuel Lutz, le président du Conseil synodal des Eglises réformées de Berne-Jura-Soleure. Il s'agit d'apprendre à se parler. Le dialogue et la rencontre sont cette première étape incontournable qui permet, avec franchise et authenticité, de découvrir ce qui nos unit et comprendre ce qui nous différencie. Les Eglises réformées et les Anabaptistes partagent une vérité, l'Evangile de Jésus-Christ».
A l'origine de ce beau programme se trouve, non pas des Mennonites désireux de se faire connaître ou des Réformés repentants, mais Pro Emmental, l'organisation pour la promotion de l'économie et du tourisme de cette région. Ainsi, l' « Année anabaptiste 2007 » (« Täuferjahr 2007 ») est le fruit de la collaboration entre une chambre de commerce, des communautés anabaptistes de l'Emmental et l'Eglise réformée. Rencontre originale!
Avec comme thème: «Rendre témoignage à la vérité», l'Année anabaptiste 2007 est l'occasion de toutes sortes de manifestations destinées à mieux faire connaître le mouvement, son histoire, son organisation et ses particularités théologiques. Ainsi, nous voyons fleurir dans l'Emmental – mais aussi dans le Jura, l'autre région de Suisse comprenant une forte population anabaptiste – des expositions, des conférences, des représentations théâtrales, des concerts, des films, des excursions culturelles...
Le Jura, terre d’accueil des Anabaptistes
Le Jura a servi de refuge aux anabaptistes. Chassés de Berne et de l’Emmental, certains se sont réfugiés dès 1530 dans l’Evêché de Bâle. Les entreprises bernoises pour «anéantir cette maudite secte non chrétienne» ont laissé le Prince-Evêque de Bâle assez passif. Des vagues de réfugiés arrivèrent dans l’Evêché du XVIIe au XIXe siècle. En 1815, le Congrès de Vienne attribua l’Evêché de Bâle à l’Etat de Berne, avec des dispositions en faveur des anabaptistes.
Un style de vie particulier
Les hauteurs du Jura furent défrichées pour rendre les terres cultivables. Les familles anabaptistes y développèrent un style de vie simple. Ils se réunissaient en cachette dans des lieux comme la Chapelle des chèvres ou le Pont des Anabaptistes. Plus souvent, ils se retrouvaient dans leurs fermes pour manger, chanter, lire la Bible et la méditer. La limitation des liens sociaux favorisait le maintien de la langue allemande. Bien après la constitution de la Suisse moderne (1848), les anabaptistes édifièrent leurs premières chapelles (vers 1900), s’établirent en dessous de 1000 mètres d’altitude et commencèrent à apprendre le français. Durant la seconde partie du XXe siècle, leur intégration sociale s’est normalisée. Les collaborations avec les autres Eglises se sont intensifiées et des débuts de réconciliation ont été entrepris entre réformés et mennonites. Les lieux de culte mennonites se trouvent aujourd’hui sur les hauteurs ou à l’écart des cités (Les Bulles, La Chaux-d’Abel, Les Mottes, Le Jean Gui, Moron), comme dans les vallées et au pied du Jura (Bienne-Brügg, Cormoret, Tramelan, Tavannes, Moutier, Bassecourt, Courgenay).
Claude-Alain Baehler
Plus d’informations
• Pour en savoir plus sur les anabaptistes: www.menno.ch.
• Le programme de l’année anabaptiste dans l’Emmental, avec des propositions de visites et d’excursions, est disponible sur le site: www.anabaptism.org (une partie du site est traduite en français).
• Quatre excursions sont proposées, à la découverte des lieux importants de l’anabaptisme jurassien. Renseignements auprès de Pierre et Lydia Zürcher, à Tramelan, tél. 032 489 1079, courriel: lydia.z@sysco.ch.
• Les émissions religieuses de la RSR diffusent cette semaine une série d'entretiens sur lea anabaptistes avec Claude Baecher, professeur à l'école biblique du Bienenberg: http://www.rsr.ch/espace-2/a-vue-d-esprit#vendredi.