Déclaration de Larnaca : Juifs messianiques et Palestiniens chrétiens avocats les uns des autres dans leur communauté

Camille Kursner vendredi 18 mai 2018

Face à l’un des conflits les plus difficiles au monde, 30 Juifs messianiques et Palestiniens chrétiens ont décidé de faire primer leur identité chrétienne sur leurs différences. C’est ce que révèle la Déclaration de Larnaca publiée par la revue de réflexion théologique Hokhma dans son dernier numéro. Suite à l’Initiative de Lausanne pour la Réconciliation en Israël-Palestine lancée à Cape Town en 2010, cette déclaration témoigne du fait que ces deux communautés choisissent le dialogue, plutôt que la confrontation et la violence.

« Nous avons adoré, prié et étudié les Ecritures ensemble. Nous avons formé et approfondi des amitiés en mangeant, en buvant et en parlant ensemble dans la fraternité de l’Evangile. » Telles sont les premières lignes de la Déclaration de Larnaca signée par 30 Juifs messianiques et Palestiniens chrétiens, suite à l’Initiative de Lausanne pour la Réconciliation en Israël-Palestine lancée à Cape Town dans le cadre du Troisième Congrès de Lausanne en 2010. La Déclaration de Larnaca a été publiée en anglais en 2016. Elle vient d’être traduite en français par la revue de réflexion théologique Hokhma (1).

Un engagement à s’aimer et à vivre ouvertement l’unité au sein du conflit !

Malgré les tensions palpables dans le débat, Juifs messianiques et Palestiniens chrétiens ont fait le choix de s’engager les uns envers les autres à vivre concrètement leur unité en Christ. Bien conscients de leurs différences historiques, politiques et théologiques, les représentants de ces deux communautés se sont engagés à affirmer ouvertement leur unité en tant que disciples de Jésus-Christ au sein du conflit et des divisions qu’ils connaissent.

En reconnaissant les « zones de défi et de désaccord théologique », la réaffirmation de l’unité se base non seulement sur l’appel de Jésus en Jean 17 à être « un », tout comme il est « un » avec le Père, mais elle tend aussi à maintenir « des standards éthiques de vie dignes de l’appel, dans toutes nos attitudes, nos paroles et nos actes. »

Des actions pratiques qui expriment l’espoir pour l’avenir !

« Nous refuserons de nous dénoncer, de nous déshumaniser ou de nous diaboliser les uns les autres ou nos communautés respectives » ! Ces paroles fortes lancent un appel à faire évoluer les relations de ces deux communautés dans leur quotidien. Selon les participants, les opinions « incompatibles » ne doivent pas être un frein à l’expression de l’amour, de la paix et de l’unité de l’Esprit.

Ainsi, la Déclaration de Larnaca propose des actions qui favorisent l’entente, l’écoute et le savoir-vivre telles que le fait de ne pas « rendre publics les griefs contre un frère ou une sœur, ou les ministères ou organisations qu’ils représentent » ou l’engagement d’une défense mutuelle dans leur camp. « Nous nous engageons dans les intentions et les actions suivantes à être les avocats les uns des autres dans nos communautés, particulièrement pendant les temps de violence accrue... »

Apprendre à s’accepter

L’unité passe aussi par la reconnaissance et l’acceptation des différences historiques, sociales et théologiques. Quand bien même « beaucoup de Juifs messianiques voient le retour des Juifs dans le pays et l’établissement de l’Etat d’Israël comme un signe de la fidélité de Dieu envers son peuple Israël », quand bien même « beaucoup de Palestiniens chrétiens considèrent la présence de l’Eglise chrétienne dans leur pays comme un témoignage de la fidélité de Dieu et l’établissement de l’Etat d’Israël comme une catastrophe », la Déclaration de Larnaca invite les deux communautés à se respecter, à reconnaître l’identité et la légitimité de l’autre.

L’étude et la prière au secours des différences !

Les réunions entre les théologiens juifs messianiques et chrétiens palestiniens n’ont pas toujours été évidentes ! Elles étaient même très intenses et chargées en émotions, avec parfois quelques désaccords tranchants. Cependant, les divers participants ont pu signer la Déclaration de Larnaca à la fin des discussions. Pour le théologien britannique Christopher Wright, facilitateur de ces rencontres et principal artisan de L’Engagement du Cap (2), « cela relève du miracle ! L’étude et la prière sont venues au secours des différences entre les deux communautés. »

Camille Kursner

Notes
1 « Présentation de la Déclaration de Larnaca », Hokhma 112/2017, pp. 5-7. Puis « Déclaration de Larnaca (janvier 2016) », Hokhma 112/2017, pp. 9-19. La Déclaration de Larnaca est disponible sur le site de la revue Hokma (voir le no 112).
2 Troisième Congrès de Lausanne pour l’évangélisation du monde, L’Engagement du Cap, Une confession de foi et un appel à l’action, Marpent, BLF Europe, 2011. Pour ce qui a trait à la primauté de l’amour mutuel dans la famille de Dieu, voir pp. 40-41.
Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !