Aux premiers siècles de notre ère, les Pères de l’Eglise (1) étaient plutôt préoccupés par d’autres sujets que l’action du Saint-Esprit. En théologie, le Saint-Esprit a surtout été traité dans le cadre de la Trinité. Jusqu’à la montée du pentecôtisme au début du XXe siècle, relativement peu a été écrit sur l’action du Saint-Esprit.
Pourtant, c’est Lui qui rend actuelle l’œuvre du salut en Christ. Peut-être que ce qui était expérimenté par tous les chrétiens avait moins besoin d’être éclairci dans les premiers siècles. Malheureusement, cette lacune a probablement contribué à la lente mais certaine «rigidification» et à l’assèchement de la vie spirituelle des chrétiens au cours des siècles, jusqu’à la Réforme et la redécouverte par Luther du salut expérimenté par la foi. Le refroidissement spirituel guette d’ailleurs tout mouvement d’Eglise après que le souffle d’un réveil s’est calmé!
Pendant la conversion...
Le Saint-Esprit joue un rôle-clé dans notre conversion, même si ce n’est que plus tard que nous nous en rendons compte. Le cheminement est différent et varié d’un chrétien à l’autre, mais il y a plusieurs étapes communes conduites par le Saint-Esprit. Nous entrons d’abord en contact avec la Parole de Dieu qui est inspirée du Saint-Esprit (2 Tim 3.16; 2 Pi 1.20). Ensuite, le Saint-Esprit inspire la personne qui nous met en contact avec cette Parole, que cela soit par une prédication, un témoignage ou un livre. Le Saint-Esprit doit encore nous convaincre de la véracité de cette Parole (Ja 1.18) et surtout du fait que nous sommes pécheurs (Jn 16.8). Cette action est absolument nécessaire, car notre orgueil nous fait plutôt penser: «Je ne suis pas si mauvais que ça, je ne suis pas un voleur et je n’ai tué personne...»
Le Saint-Esprit nous fait comprendre le message de l’Evangile et nous aide à croire en Jésus-Christ et à son sacrifice pour le pardon de nos péchés. Après nous avoir convaincus, le Saint-Esprit nous amène à faire un choix: continuer de vivre pour soi dans le péché et sans Dieu, ou bien nous repentir (2) et commencer à vivre avec et pour Dieu. Suite à cette repentance, le Saint-Esprit effectue un changement de cœur (ou de nature) (3) qu’on appelle aussi nouvelle naissance (Jn 3.5-7) ou régénération (Tite 3.5). Ainsi, l’Esprit vient habiter en nous (Gal 4.6; Rm 8.9), nous devenons le temple (ou la demeure) du Saint-Esprit (1 Co 6.19-20), nous entrons dans le Corps du Christ (Rm 12.5; 1 Co 12.12-13; Ep 4.1-6).
... et après?
L’action de l’Esprit ne s’arrête pas à la régénération au moment de notre conversion! En effet, le Saint-Esprit continue à travailler en nous pour nous transformer progressivement et de plus en plus à l’image de Jésus-Christ, jusqu’à ce que nous le rejoignions dans la vie éternelle (2 Co 3.18). L’Esprit nous éclaire en nous aidant à comprendre la Parole de Dieu. Il nous guide et nous enseigne (Jn 14.26; Rm 8.14) dans nos choix, nos décisions et nos actions, en nous donnant la paix ou le trouble en fonction de ce que nous pensons faire ou avons fait. C’est lui aussi qui nous donne le discernement et la volonté pour vivre de plus en plus dans la vérité (Jn 16.13) et selon la volonté de Dieu dans l’obéissance à ses commandements (Rm 12.1-2). Il parle à notre conscience, il continue à nous convaincre de péché et à nous corriger, par l’intermédiaire de quelqu’un ou de circonstances.
Enfin, il nous aide aussi à prier, y compris dans le combat spirituel (Rm 8.26; Ep 6.10-20; Jude 20). Nous avons besoin du Saint-Esprit pour faire le tri face à tout ce que notre monde nous propose, face aux valeurs et mœurs de notre société.
Objectif: grandir!
L’Esprit nous fait aussi grandir dans notre vie chrétienne. Le Saint-Esprit, collaborant avec notre volonté, nous rend plus saints dans nos actions, nos pensées et nos paroles. Cela implique aussi de nous purifier, de nous séparer du mal, et de nous mettre à part pour Dieu. Nous aimons moins entendre ce message que celui de l’amour de Dieu pour nous... Pourtant, la sanctification, pour le chrétien, n’est pas une option parmi d’autres (1 Pi 15-16; 1 Th 4 3-8).
Grandir dans la foi, c’est marcher de plus en plus par l’Esprit (Ga 5.16): le laisser agir en nous pour faire de bons choix de vie, en renonçant à ce qui est mauvais, en maintenant et en développant notre relation avec Dieu par la prière et la lecture de la Bible, en priant pour recevoir sa direction, en vivant dans la communion avec d’autres chrétiens, etc. C’est ainsi que le fruit de l’Esprit sera abondant en nous et au travers de nous: amour, joie, paix, patience, gentillesse, bonté, fidélité, douceur et maîtrise de soi (Ga 5.21). Beaucoup de non chrétiens ont précisément été gagnés à la foi par les changements observés dans la vie de personnes devenues chrétiennes.
Prêt pour la marche...
Enfin, l’Esprit est aussi celui qui équipe le chrétien pour le témoignage et le service (Ac 4.29-31; Rm 12.4-8; 1 Co 12-14; Ep 4.7-16; 1 Pi 4.10-11). Les évangéliques sont en désaccord sur la manière dont se passe cet équipement. D’un côté, certains pensent que nous recevons le baptême du Saint-Esprit à la nouvelle naissance (4) et que nous sommes exhortés à être de plus en plus remplis de l’Esprit (Ep 5.18b). Cela se concrétise par une vie de service qui témoigne plus efficacement, voire exerce les dons spirituels mentionnés dans 1 Co 12-14: parole de sagesse, parole de connaissance, foi, guérisons, miracles, prophétie, discernement des esprits, parler en langues et interprétation des langues.
Prêt pour la marche...
D’autres chrétiens évangéliques pensent qu’après la nouvelle naissance, nous devons encore rechercher le baptême du Saint-Esprit (Ac 1.8) qui est un revêtement de puissance et la porte d’entrée pour exercer les dons spirituels (5). Selon Louis Schweitzer, «les unions d’Eglises qui rassemblent charismatiques et non charismatiques sont rares et plus rares encore les Eglises locales qui vivent cette diversité en leur sein» (6). La FREE vit et expérimente cette diversité, en ne prenant pas de position précise sur ce sujet.
Et dans l’Eglise?
Chaque chrétien né de nouveau étant le temple du Saint-Esprit, l’Eglise l’est également (Ep 2.19-22). L’Eglise locale n’est donc pas avant tout un bâtiment, mais le regroupement de chrétiens habités de la présence de Dieu par le Saint-Esprit. Chaque Eglise devrait aspirer à marcher par l’Esprit, tout comme le chrétien y est exhorté. Cherchons à ce que l’Esprit nous conduise, nous guide et nous inspire chaque fois que nous nous rassemblons pour adorer le Seigneur Jésus-Christ! Des non-chrétiens qui assistent à nos réunions y ressentiront la présence de Dieu... qui dispense les dons de l’Esprit et équipe les chrétiens pour l’édification de l’Eglise. Cherchons donc à être employés par Dieu et équipés par le Saint-Esprit pour le ministère et le service qu’Il désire que nous accomplissions pour sa gloire! Car «il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de ministères, mais le même Seigneur; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune» (1 Co 12.4-7).
Guy Weideli
Notes
1 Responsables d’église(s) et théologiens/écrivains de l’Eglise ayant exercés leur ministère entre le IIe et le VIIe siècle et dont la vie et l’enseignement font autorité (en particulier pour l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe).
2 Repentance (metanoia en grec): action de regretter ses offenses commises contre Dieu et de placer sa foi en Jésus-Christ, accompagnée d’un changement intérieur de la pensée, des émotions et des convictions avec la conséquence extérieure de se détourner du péché pour se tourner vers Dieu, de se décider à le servir et d’obéir à ses commandements.
3 Accomplissement de la prophétie d’Ezéchiel 11.19-20 et 36.26-27.
4 Par exemple, les auteurs comme Alfred Kuen, Ralph Shallis et John Stott représentent les chrétiens dits non charismatiques.
5 Par exemple les auteurs comme Philippe Emirian, Gaston Ramseyer et Stanley Horton représentent les chrétiens dits charismatiques ou pentecôtistes.
6 Christianisme Aujourd’hui, juin 2007, p. 35.
Bibliographie
C = charismatique, P = pentecôtiste, NC = non
charismatique
• Kromminga, C.G. «Repentance» dans Walter A. Elwell, éd. Evangelical Dictionary of Theology. Grand Rapids (USA): Baker, 1984.
• Palma, Anthony D. The Holy Spirit: a Pentecostal perspective. Springfield (USA): Logion, 2001. P
• Petts, David. The Holy Spirit: an Introduction. Mattersey (UK): Mattersey Hall, 1998. P
Sur la question charismatique:
• Emirian, Philippe H. Le don du Saint-Esprit: revêtement de puissance pour l’Eglise. Metz: Lumière des Nations, 1983. C
• Horton, Stanley M. La Bible et le Saint-Esprit: ce que la Bible enseigne sur le Saint-Esprit. Deerfield (USA): Vida, 1983. P
• Kuen, Alfred. Le Saint-Esprit, baptême et plénitude. Saint-Légier: Emmaüs, 1976. NC
• Ramseyer, Gaston. Préparation au baptême d’eau. Rouen: Menor, 1989. C
• Shallis, Ralph. Le miracle de l’Esprit. Fontenay-sous-Bois: Telos, 1977. NC
• Stott, John. Du baptême à la plénitude: l’œuvre du Saint-Esprit en notre temps. Monnetier-Mornex: Emmanuel, 1977. NC