«Espérance pour l’homme et l’environnement»(1), une prédication de Jean-René Moret (audio et écrite)

Jean-René Moret vendredi 11 octobre 2019

Dimanche 6 octobre, le pasteur Jean-René Moret de l’Eglise évangélique de Cologny (FREE) a prêché sur le thème du réchauffement climatique, des engagements citoyens auxquels les chrétiens doivent participer et de l’espérance qu’ils peuvent nourrir. Parce que Dieu n’a pas dit son dernier mot !

Ce matin, j’ai choisi d’aborder un sujet dont on parle beaucoup dans l’actualité. Il s’agit de l’environnement, du climat et du militantisme qui se déploie autour de cette question de société. J’ai choisi d’en parler pas parce que je veux me mettre à «faire de la politique» du haut de la chaire, mais parce que la foi et la Bible ont des choses à dire dans tous les domaines de nos vies, et parce que prendre conscience des préoccupations de nos contemporains nous aidera à les rejoindre.

On parle beaucoup du climat ces temps. On parle de la forêt amazonienne qui brûle, on parle des glaces polaires et de nos glaciers alpins qui fondent. On parle des canicules qui se font plus fréquentes. On parle aussi de mesures politiques à prendre : conférences sur le climat, objectifs d’émissions, taxes sur le kérosène, etc. On parle enfin de militantisme : les grèves des jeunes inspirées par Greta Thunberg, les cortèges pour le climat, Extinction Rebellion qui bloque des ponts et des voies de circulations à Lausanne et ailleurs dans le monde.

On parle de tout cela dans les journaux et les médias, et vendredi passé je rentrais de Lausanne et les bus avaient de grands retards à cause du cortège pour le climat. Pour moi, tout cela fait que ces questions commencent à faire partie de notre quotidien. Cela fait partie de notre environnement que des questions se posent autour du climat etc.

Dans cette prédication, je vous propose de regarder à la lumière de la Bible et de la théologie chrétienne, d’une part ce qu’on peut dire de la responsabilité humaine face à l’environnement, d’autre part de penser au rôle du pardon et de l’espérance chrétienne face aux sentiments de crainte, de culpabilité, ou de colère que cette situation peut susciter.

1. Peur, culpabilité, colère

Je voudrais d’abord venir sur les réactions qu’on peut avoir face à ces questions climatiques. Ensuite, je donnerai quelques éléments sur notre rôle vis-à-vis de la création, et enfin je montrerai comment cela nous aide à répondre à ces différentes réactions.

Globalement, il faut se rendre compte qu’il y a un vrai danger, qui menace la planète et l’espèce humaine. Le gaz carbonique émis par les sociétés humaines, avec d’autres gaz à effet de serre, modifie le climat en provoquant une augmentation de températures. Cela a toutes sortes de répercussion sur la planète et nos écosystèmes.

Une première réaction possible est celle du déni. Dire : «Non, il ne se passe rien !», ou «Ce n’est pas grave ! », ou : «On n’y est pour rien !» Là-dessus, je mets un instant ma casquette de physicien(2) pour dire qu’il y a un consensus scientifique qui semble solide et dont je ne vois pas de raison de douter pour dire que le climat se réchauffe réellement et que c’est dû à l’activité humaine. La science n’est pas infaillible. Les modèles sont approximatifs et des détails peuvent se préciser par la suite, mais sur les grandes lignes, je ne vois pas de raison de mettre le tout en doute. Je ne prétends pas être un expert, et ce n’est pas parole d’Évangile, mais autant que je peux évaluer un résultat scientifique, ce sont des gens sérieux qui disent des choses sérieuses.

Ensuite, si le danger est réel, logiquement on peut avoir peur. Et pour moi-même, pendant la canicule de cet été, avec les champs qui se desséchaient, je me suis vraiment demandé : «Mais qu’est-ce qu’on a fait à notre planète, et jusqu’où ça va aller ?»

Par après, on se rend compte que pour limiter les dégâts, il faut que le comportement humain change. Il faut que chacun y mette du sien. Et cela mène à l’apparition d’une nouvelle morale : on attend de chacun, individus, gouvernements, entreprises, etc., un comportement responsable vis-à-vis de l’environnement et du climat. C’est un changement, parce que nos sociétés avaient tendances à refuser l’idée de morale. On était dans l’idée que chacun faisait ce qui lui semblait bon, et personne n’avait le droit de poser un jugement. Maintenant, il peut y avoir un jugement moral face à ce qu’on fait à l’environnement, face au fait de prendre l’avion, etc.

Et face à cette morale, on peut facilement se sentir coupable. A-t-on fait tout ce qu’on pouvait, n’a-t-on pas consommé un truc de trop ? Est-ce qu’on avait vraiment besoin de prendre la voiture ? Greta Thunberg dit d’ailleurs que ses parents ont arrêté de prendre l’avion parce qu’elle les a fait se sentir coupables. Et ce sentiment de culpabilité diffuse est compliqué, parce qu’on ne peut jamais être sûr d’en avoir fait assez. Et en même temps, on est aussi dans une société qui fonctionne avec un mode de vie dans lequel on est en partie pris. D’un côté, on reste chacun responsables de nos actions, d’un autre beaucoup de choses dépendent de gouvernements, d’entreprises, et de changements qui ne peuvent se faire que collectivement.

Et puis, s’il y a une morale que nous sommes tous appelés à respecter pour sauver la planète, cela crée aussi une catégorie de «méchants» : les pollueurs, les gouvernements oisifs, les vendeurs de charbon, voire ceux qui roulent en SUV, etc. Il y a de la colère face à ceux qui mettent en danger l’avenir de la planète. Greta Thunberg a eu des mots forts dans son discours à New York, disant aux décideurs que s’ils faisaient faux bond à la génération qui monte : «Nous ne vous pardonnerons jamais !» Ce sont des mots qu’il faut d’abord comprendre. Si ceux qui tiennent les rênes du pouvoir aujourd’hui ne font rien et qu’on augmente perpétuellement nos émissions pendant encore 30 ans, la génération de Greta en payera les pots cassés (et honnêtement, la mienne aussi). La focalisation du politique sur les questions économiques est nocive et dangereuse, et il est normal de mettre les dirigeants face à leurs responsabilités. Très honnêtement, la colère de Greta me semble justifiée. Mais une vraie colère face à de vrais manquements pose de vraies questions. Si on promet de ne jamais pardonner, est-ce qu’on prend le chemin d’une rancœur perpétuelle ? Comment se battre pour ce qui est juste, sans haïr ceux que l’on voit comme des dangers ou des obstacles ?

Et réciproquement, il peut aussi y avoir de la colère voire de la haine dans l’autre sens. Trouver que les environnementalistes en demandent trop, qu’ils briment notre liberté, qu’ils menacent notre mode de vie. Alors, que peut-on dire d’un point de vue chrétien ?

2. Responsabilité environnementale

Une première chose à dire, c’est que clairement, Dieu donne à l’homme une autorité et une responsabilité sur la création. Dans le récit du jardin d’Eden, après avoir créé l’homme, «l’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour qu’il le cultive et le garde»(3).

Dieu donne à l’homme le soin de cultiver et de garder la création. L’être humain a le droit de tirer sa subsistance de la nature, et cultiver veut dire changer des choses, développer ce monde. On peut s’émerveiller et être reconnaissant du monde dans lequel Dieu nous a placés. Et l’être humain en a fait de belles choses, des pâturages, des vignobles en terrasse, etc. Mais garder la création veut dire aussi qu’on doit protéger la nature de ce qui pourrait la détruire, et qu’on n’est pas censés tout casser.

Dimanche passé dans sa prédication, Elisa Meylan a utilisé une image. Elle parlait de sa mère qui trouvait qu’elle vivait à la maison «comme à l’hôtel». Et elle disait que nous aussi, on avait tendance à être dans ce monde comme à l’hôtel : on veut bien profiter de tout ce qui est fourni, de tous les services, mais on ne veut pas être en relation avec celui qui a tout fait et qui nous donne ce dont on profite. Quand elle relevait cela, je me disais qu’en plus, collectivement parlant, l’humanité ne fait pas juste comme un hôte poli, qui utilise tranquillement sa chambre et la laisse en bon état avec un peu de ménage à faire. On fait plutôt comme les groupes de rock des années 80, qui avaient réputation de massacrer leurs chambres d’hôtel en faisant la fête, voire juste pour passer leurs nerfs(4). Collectivement, on fait passer un sale quart d’heure à la planète. Et le simple respect dû au créateur qui nous la confie est déjà une raison suffisante pour prendre garde à notre comportement. Mais bien sûr, respecter les lieux ne remplace pas le fait de connaître le créateur.

En plus du respect dû à Dieu, prendre soin de notre environnement est aussi une question de justice et d’amour du prochain. En particulier, on peut se demander quel monde nous laisserons à nos descendants. Aurons-nous pris de ce monde tout ce qu’il avait à donner, pour laisser à ceux qui nous suivront une planète au climat déréglé?

Je vais me permettre une petite analogie avec une règle biblique de l’Ancien Testament. On peut lire dans le Deutéronome :

Si tu rencontres en chemin un nid d’oiseau, sur l’arbre ou par terre, avec des petits ou des œufs et la mère couchée sur les petits ou sur les œufs, tu ne prendras pas la mère et les petits. Tu laisseras partir la mère et tu ne prendras que les petits, afin d’être heureux et de vivre longtemps (Deutéronome 22.6–7).

Là, il s’agit de trouver par chance de la nourriture dans la nature. Le réflexe serait de prendre les œufs et la mère pour y gagner le plus possible. Mais le texte dit de laisser partir la mère, ce qui permet de préserver cette ressource pour la suite. On peut y voir un principe : prendre de la nature ce qu’elle produit, mais sans risquer de l’appauvrir pour la suite de notre vie et pour nos descendants. D’ailleurs, le Deutéronome justifie cette règle en disant «afin d’être heureux et de vivre longtemps»; c’est dans notre intérêt d’agir ainsi. En ce qui concerne le climat, on est en ce moment sur une pente où nos descendants ne pourront pas utiliser autant de ressources que nous, et ne pourront pas profiter de la nature autant que nous. La justice et l’équité demandent d’y prendre garde.

Je voudrais maintenant prendre mon texte principal, dans la lettre de Paul aux Romains, chapitre 8, versets 18 à 25 :

J’estime que les souffrances du moment présent ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire qui va être révélée pour nous. 19 De fait, la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. En effet, la création a été soumise à l’inconsistance, non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise. Toutefois, elle a l’espérance d’être elle aussi libérée de l’esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Or nous savons que, jusqu’à maintenant, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’accouchement. Et ce n’est pas elle seule qui soupire, mais nous aussi, qui avons pourtant dans l’Esprit un avant-goût de cet avenir, nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la libération de notre corps. En effet, c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or l’espérance qu’on voit n’est plus de l’espérance : ce que l’on voit, peut-on l’espérer encore? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance (Romains 8.18–25).

On voit là que la création elle-même est dans la souffrance. La création a été soumise à l’inconsistance, ou à la vanité. Dieu a placé la création sous l’autorité de l’être humain, et quand l’être humain s’est détourné de Dieu, cela a entraîné des conséquences pour la création. La terre devait être développée par un être humain en relation avec Dieu. Par un être humain qui se laissait conduire par Dieu, par un être humain qui trouvait toute sa satisfaction en Dieu. Mais l’être humain s’est éloigné de Dieu, il s’est même révolté. Et par ricochet, cela a eu des conséquences sur toute la nature. Paul dit que la création a été soumise à l’inconsistance, «non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise». Je crois que dans ce texte, «celui qui l’y a soumise» renvoie à Dieu, mais que c’est à cause de la faute de l’homme qu’il a soumis la création à la vanité.

On peut le voir dans le livre de la Genèse, au chapitre 3, quand Dieu énonce à l’homme les conséquences de sa faute :

[Dieu] dit à l’homme : «Puisque tu as écouté ta femme et mangé du fruit au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : ‘Tu n’en mangeras pas’, le sol est maudit à cause de toi. C’est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. Il te produira des ronces et des chardons, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, et ce jusqu’à ce que tu retournes à la terre, puisque c’est d’elle que tu as été tiré. Oui, tu es poussière et tu retourneras à la poussière» (Genèse 3.17–19).

Le sol est maudit à cause de l’homme. Cette malédiction et cette souffrance de la création sont d’une part une réalité spirituelle. Il devait y avoir harmonie entre Dieu, l’homme et la création, et l’homme était comme le représentant de Dieu sur terre –c’est une des manières de comprendre le fait que l’être humain a été créé à l’image de Dieu. Mais quand un élément de cette harmonie est rompu, cela a des conséquences aussi sur la création, sur la relation entre Dieu et la création, sur la relation entre l’être humain et la création.

À la fois c’est une réalité spirituelle, et à la fois cela se traduit aussi dans le monde matériel. L’homme a dû se battre contre des éléments hostiles de la nature pour survivre et gagner sa subsistance. Et également, l’homme s’est comporté en tyran plutôt qu’en gestionnaire. La création souffre de ce que l’homme ne remplit pas bien son rôle. De plus, l’être humain porte en lui le manque de la relation avec Dieu qu’il a perdue. L’humanité est faite pour trouver en Dieu sa satisfaction. Et l’être humain qui rejette Dieu va chercher à le remplacer par toutes sortes de choses (5). En particulier, on aura tendance à chercher notre satisfaction dans les biens de consommation et dans les expériences que nous pourrions avoir dans cette vie. Cette avidité insatiable nous pousse à surexploiter notre planète, à courir le vaste monde en espérant trouver une nouveauté ou une expérience qui nous remplisse. Et cela participe aussi à nous faire maltraiter le monde qui nous porte. Le texte que nous allons prendre en étude biblique cet après-midi dit que la soif de posséder est une idolâtrie. Et effectivement, on a soif de posséder plus, parce qu’on met les biens matériels à la place de Dieu. Qu’on attend que nos possessions nous comblent, d’une manière dont seul Dieu peut nous combler. La cause profonde de nos problèmes environnementaux est notre éloignement de Dieu.

Mais Paul nous dit aussi que la création souffre avec espérance, comme une femme qui accouche, qui souffre mais sait que c’est avec un but et une espérance. Elle attend la révélation des fils de Dieu. «Elle a l’espérance d’être elle aussi libérée de l’esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu.» Elle sera libérée de sa mauvaise situation. Mais quand ? Quand on verra le vrai statut des enfants de Dieu. Quand les êtres humains réconciliés avec Dieu seront entièrement renouvelés. Quand Jésus-Christ reviendra, il réparera ce qui a été brisé dans ce monde, et les êtres humains réconciliés avec Dieu vivront enfin sur une terre renouvelée, dans l’harmonie entre Dieu, l’humanité et le monde créé. La création attend le jour où le salut en Jésus-Christ déploiera tous ses effets. Quand les êtres humains sauvés seront enfin tout ce qu’ils sont appelés à être, la création sera libérée de la vanité et de ses souffrances.

L’apôtre Paul exprime ailleurs cette visée du salut en Jésus :

Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. En effet, c’est en lui que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, souverainetés, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il existe avant toutes choses et tout subsiste en lui. Il est la tête du corps qu’est l’Église; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. En effet, Dieu a voulu que toute sa plénitude habite en lui. Il a voulu par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix (Colossiens 1.15–20).

C’est un passage très riche, qui parle aussi du rôle de Jésus comme Fils de Dieu, qui participe à la création du monde. Mais je veux surtout souligner le dernier verset : «Il a voulu par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix.» Dieu veut tout réconcilier avec lui-même, aussi bien les réalités spirituelles que l’humanité et la création terrestre. Il est venu faire la paix par son sang versé sur la croix : en Jésus, Dieu est venu payer le prix des fautes humaines, le prix de la rébellion contre Dieu. Par là, la culpabilité de l’humanité peut être effacée, et la réconciliation avec Dieu est possible. Et en se réconciliant avec Dieu, l’être humain retrouve sa place dans l’ordre des choses. Et lorsque l’humain sera réparé et guéri, il en sera de même pour la création. Alors elle sera libérée de la vanité et de la souffrance, et guérie du mal fait par l’humanité.

Où tout cela nous laisse-t-il par rapport aux soucis environnementaux, à la peur, à la culpabilité, au risque de la haine?

Par rapport à la peur, nous avons une espérance. Nous savons que ce monde sera réparé, que Dieu viendra régler les problèmes causés par l’humanité rebelle. Nous ne tomberons pas dans le désespoir, car nous savons que l’avenir calculé par les scientifiques n’est pas la fin ultime qui attend notre monde. C’est une réalité, mais pas la dernière réalité. En même temps, notre espérance ne doit pas nous laisser inactifs. Si nous attendons la réconciliation de toutes choses, nous devons aussi manifester notre espérance par un comportement qui anticipe cette réconciliation. Notre espérance est aussi de retrouver notre rôle de bons gestionnaires du monde dans la dépendance de Dieu, alors agissons déjà comme de bons gestionnaires dans la dépendance de Dieu ! Montrons aussi combien la relation restaurée avec Dieu est plus satisfaisante que tout ce que la société de consommation peut nous proposer ! Je crois qu’en sachant dire : «Dieu me suffit», on peut retrouver un mode de vie plus simple mais plus riche, faire envie et épargner notre monde (6).

Face au sentiment de culpabilité, nous pouvons avoir l’assurance que Jésus a déjà payé pour toutes nos fautes. Nous pouvons proclamer qu’il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Et en même temps, nous devons nous rappeler que le pardon en Jésus n’est jamais une invitation à continuer à mal faire. Le pardon nous est donné gratuitement en Jésus-Christ, mais ce pardon a tout coûté à Jésus, que nous aimons. Alors recevons ce pardon en cherchant à changer tout ce qui n’honore pas Dieu dans nos vies, y compris dans notre rapport à la nature. Et annonçons à nos contemporains la possibilité d’un pardon, même pour leurs crimes climatiques. Nous sommes en premier lieu appelés à témoigner de la réconciliation entre Dieu et les hommes. Les questions climatiques et notre rapport à l’environnement sont un écho de cela. Mais ils peuvent aussi être une porte d’entrée pour appeler nos contemporains à retrouver la relation avec le créateur.

Venons-en au risque de haïr ceux qui mettent en danger la planète. Je voudrais d’abord dire qu’il ne faut pas être timide dans notre manière d’interpeller les dirigeants pour les appeler à prendre des mesures utiles et nécessaires. C’est collectivement que nous avons besoin de changer de manière d’agir, et cela passe aussi par des appels aux dirigeants. Mais Jésus nous appelle à aimer même nos ennemis, même ceux dont on pense qu’ils nuisent à notre avenir. Et en nous rappelant qu’aucun de nous n’a la conscience nette devant Dieu, nous nous garderons de catégoriser quelqu’un comme irrémédiablement méchant. Il faut appeler le monde à la repentance, mais nous sommes tous dans la même barque, et on ne peut rien faire de bon en prenant les autres de haut.

3. Conclusion

L’être humain a une responsabilité à l’égard de la nature. Dieu a placé l’homme comme son représentant dans ce monde, et lui a ordonné de le cultiver et de le garder.

La révolte de l’être humain contre Dieu a eu des conséquences directes sur la nature, à cause du rôle que Dieu lui avait donné. Elle a aussi des conséquences indirectes, parce que l’être humain rempli mal son rôle, prend mal soin du monde, et cherche à combler ses manques par des excès de consommation et de possessions. Jésus est mort pour réconcilier l’humanité avec Dieu. La réconciliation entre l’humanité est Dieu aura aussi des conséquences sur la création. La nature retrouvera sa juste place et son harmonie quand Dieu rétablira toutes choses. Dans l’intervalle, nous sommes censés témoigner de ce rétablissement à venir. Cela nous invite à agir de manière responsable envers la création, à chercher en Dieu notre satisfaction plutôt que dans la consommation, les loisirs ou le tourisme, et cela nous invite aussi et surtout à inviter d’autres à se tourner vers Dieu

Nous ne céderons pas à la peur, parce que nous savons que notre avenir est dans les mains de Dieu. Nous amènerons à Dieu et à Jésus-Christ notre culpabilité, en comptant sur lui pour nous pardonner et nous permettre de changer. Et nous chercherons à vivre l’amour pour nos prochains et nos ennemis, quels que soient leurs positionnements et leurs comportements par rapport au climat. Nous aimerons aussi nos prochains en prenant soin du monde que Dieu nous confie, et sur lequel nous devons tous vivre.

Que Dieu nous vienne en aide,

Amen.

Jean-René Moret, pasteur dans l'Eglise évangélique de Cologny (FREE)

Notes
1 Prédication donnée à l’Église Évangélique de Cologny. Retrouvez d’autres prédications.
2 L’auteur a un master en physique de l’EPFL, obtenu en 2009. Il n’a pas exercé ce métier après sa formation, et ne prétend pas être un expert sur les questions climatiques.
3 Genèse 2.15, Segond 21. Toutes les citations bibliques suivent cette même version.
4 La remarque est un peu approximative, mais on trouve des exemples ici.
5 Je m’inspire de Blaise Pascal pour l’idée du vide que l’homme cherche à remplir par tout ce qui l’entoure.
6 Petite justification non prononcée à l’oral : Psaume 34.9-10 : «Goûtez et voyez combien l’Éternel est bon! Heureux l’homme qui cherche refuge en lui ! Craignez l’Éternel, vous ses saints, car rien ne manque à ceux qui le craignent.» Connaître Dieu nous garde du manque. Certainement, cela rejoint les promesses de Dieu de pourvoir au nécessaire. Mais je crois que cela signifie aussi que goûter combien Dieu est bon nous aide à ne pas ressentir de manque, même en consommant moins.
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