Eglise protestante d’Algérie : calme plat... et silence radio du côté du gouvernement !

vendredi 13 mars 2009
En 2008, on a beaucoup parlé de la situation des chrétiens en Algérie. Depuis octobre dernier, plus du tout ! Le voyage sur place d’un observateur proche de la FREE est l’occasion de faire le point sur la situation. Parole à Mustapha Krim, le président de l’Eglise protestante d’Algérie, et à notre observateur de retour d’Algérie.

« C’est le calme plat et le mutisme complet du côté du gouvernement ! » Mustapha Krim, le président de l’Eglise protestante d’Algérie (EPA), n’en demeure pas moins inquiet. « La loi de 2006 réduisant les prérogatives des non-musulmans est toujours en vigueur. Nos droits en tant que chrétiens algériens n’ont pas été pris en compte. »
Sur le gril à partir de décembre 2007 et jusqu’à l’été 2008, les protestants d’Algérie admettent que la situation s’est calmée. Il n’y a presque plus d’attaques à l’encontre des chrétiens dans les médias, plusieurs personnes condamnées dans un premier temps par la justice ont été jugées non coupables... « Mais comment interpréter aujourd’hui ce silence radio du côté du gouvernement ? s’interroge Mustapha Krim. On aimerait que nos autorités sortent de leur mutisme et s’occupent un tout petit peu de la communauté chrétienne en Algérie. » Le président Bouteflika a pu changer la constitution pour briguer un troisième mandat aux prochaines présidentielles d’avril et il a oublié d’abroger la loi de 2006 qui discrimine les citoyens algériens de confession chrétienne. « Dès son premier mandat, ajoute Mustapha Krim, il affirmait être le président de tous les Algériens sans distinction, qu’attend-il pour reconnaître nos droits et les prendre en compte ? »

L’EPA souhaite retrouver la jouissance de tous ses lieux de culte
En mars 2008, 25 Eglises ont reçu l’ordre de fermer leurs locaux. Certaines ont obtempéré, d’autres pas. Aujourd’hui parmi ces 25, 5 ont effectivement fermé boutique. Plusieurs parce que leur bail n’a pas été renouvelé par des propriétaires qui ont eu peur de représailles de la part de l’Etat algérien.
Les responsables de l’EPA envisagent différentes mesures. Notamment de permettre aux Eglises privées de locaux de bénéficier d’un appui financier pour acheter un terrain et construire un bâtiment. « Les financements manquent pour réaliser cela et nous ne sommes pas autorisés à faire jouer la solidarité internationale, parce que les lois l’interdisent ! Mais nous ne baissons pas les bras et nous allons trouver des solutions », ajoute le président de l’EPA.
La question des lieux de culte est une question importante actuellement pour l’EPA. Mustapha Krim rappelle que plusieurs lieux de culte ont été annexés ces dernières décennies. A Sid’Aich, à Azazga et à Béjaïa notamment. Dans cette dernière ville, le temple protestant est occupé par le syndicat UGTA (l’Union générale des travailleurs algériens). « Le ministère des affaires religieuses doit traiter ce dossier depuis 2003, date à laquelle nous avons demandé le retour de ce bien aux mains de l’EPA. En 6 ans, le ministère n’a pas bougé le petit doigt ! » En fait lorsque les autorités de l’EPA s’approchent des autorités locales algériennes pour retrouver la jouissance de ces biens protestants, on leur dit systématiquement que si le feu vert venait « d’en haut » ces biens immobiliers leur seraient immédiatement restitués.
Du côté judiciaire, les trois personnes poursuivies à Ain Turk pour « atteinte à la religion et à la personnalité du Prophète » ont été relaxées. Le dossier d’Habiba Kouider est lui toujours en suspens. « Cette femme de 38 ans vit toujours dans la crainte, explique Mustapha Krim parce qu’elle peut être appelée du jour au lendemain pour une entrevue avec la justice, comme ça a été le cas en décembre dernier. »

Deux cultes maintenant à Tizi-Ouzou-Nouvelle Ville
Une autre source d’information de retour d’Algérie corrobore les propos du président de l’EPA. « On a l’impression que ces chrétiens vivent avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, explique cette personne. La situation est difficile, même si, fait réjouissant, l’Eglise de Tizi-Ouzou-Nouvelle Ville continue de grandir. » Le culte du vendredi rassemble entre 500 et 600 personnes et un autre le lundi soir rassemble déjà 400 personnes quelques mois après son lancement. « Ce qui surprend dans cette communauté, c’est le poids accordé à la prière pour les autorités. Durant le culte auquel j’ai participé, un quart d’heure a été consacré à la prière en faveur des autorités politiques », ajoute notre observateur.
Pour lui, la croissance que connaît l’Eglise algérienne, notamment en Kabylie, est très encourageante, mais elle demande de la formation pour les responsables. Et ce d’autant plus que certains groupes se sont infiltrés dans les Eglises et dispensent parfois des enseignements qui n’ont rien à voir avec le protestantisme évangélique.

Serge Carrel

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