Eglises émergentes: les risques de se perdre (10)

jeudi 15 mars 2007

Le jeudi 15 mars à 20h, votre site vous propose un dernier débat autour des Eglises émergentes avec Jane Maire, Henri Bacher et Matthias Radloff. Vous pouvez y participer depuis votre ordinateur si vous avez téléchargé la dernière version du logiciel libre « skype » et en vous connectant le jeudi soir 15 mars au travers du lien mentionné dans le second encadré ci-dessous. Le dernier article de Henri Bacher sur les Eglises émergentes servira de tremplin à ce débat. A lire donc, puis à discuter ! Pour étoffer la discussion, pourquoi ne pas lire aussi l’article en anglais du magazine évangélique « Christianity Today » que vous pouvez consulter en cliquant aussi sur le lien ci-dessous.

Dans n’importe quelle entreprise humaine, il y a toujours le risque d’aller trop loin, mais aussi de ne pas aller assez loin. Jusqu’où faut-il s’acculturer? Et puis, quel est le rôle de l’Eglise: centre culturo-spirituel chrétien ou organisation de services?

La vraie question
Nous sommes les premiers à dire qu’il faut entrer à fond dans la civilisation des loisirs pour porter l’Eglise là où sont les gens aujourd’hui. Pour maîtriser le langage multimédia et les techniques internet, il est impératif de s’y immerger. On n’apprend pas à vivre dans cet univers connecté en lisant des livres. La question n’est jamais : jusqu’où peut-on aller ? Le Christ en s’incarnant ne s’est pas posé cette question. Il est allé jusqu’au bout. Nous devons accompagner les gens jusqu’au bout de leur voyage culturel. Pourtant, la vraie question qu’il faudrait évoquer, c’est le but de ce périple. Jésus n’est pas venu pour être à la hauteur des orateurs de son époque. Il ne voulait pas être le meilleur communicateur ou le meilleur pharisien. Il était venu pour servir et nous révéler le Père. Aujourd’hui, nous avons tendance à détourner le fameux commandement : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu…» pour en faire : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et tu divertiras spirituellement ton prochain comme toi-même».

L’Eglise une entreprise de messagerie?
On a l’impression que sous prétexte de transmettre le message du Christ, nous devenons avant tout des communicateurs multimédias, des faiseurs de produits culturels à connotation chrétienne. Une sorte de vaste entreprise de «messagerie». Certaines de nos Eglises sont en train d’imploser. Elles ne peuvent plus suivre le rythme de cette surenchère culturelle où il faut rivaliser avec les meilleurs artistes du moment, pour avoir quelque chose à dire dans cette société. Il n’y a que les grosses communautés qui peuvent coller à ce standard culturel imposé par notre société de consommation de loisirs. Ce phénomène de «messagerie» est encore accentué par le fait qu’une multitude de personnes peuvent produire et diffuser du contenu multimédia à moindre frais. Chacun peut créer son blog, son site web, etc. Imaginez, dans la culture du livre, les chrétiens avoir les possibilités d’édition et de diffusion actuelles. Ils auraient passé leur temps à produire livre sur livre. Chacun y allant de son commentaire et de son explication. L’Eglise n’est pas une entité religieuse qui est appelée à produire surtout des messages écrits ou multimédia. Elle a comme mission d’être une société de services. Et bien sûr, ce service doit pouvoir parfois s’expliquer, mais on a l’art d’expliquer à l’avance ce qu’on va faire au lieu de disserter sur ce que l’on a fait!

La place du croyant n’est pas dans l’Eglise!
J’ai l’air de dire qu’il ne faut plus entrer dans cette course culturelle et certains de mes lecteurs sont prêts à m’appuyer pour s’éviter les souffrances de l’acculturation. Je ne tiens pas ce langage. Pour moi, l’Eglise devrait, certes, s’appauvrir et se délester des fardeaux culturels qu’on lui impose, mais en même temps elle devrait encourager les croyants à s’immerger à fond dans la société. D’une manière un peu caricaturale, la place du croyant n’est pas, à mon sens, dans l’église-bâtiment, mais dans la société. Il est peut-être plus important qu’un bon musicien chrétien joue dans une formation laïque pour servir son prochain ou qu’un croyant qui passe son temps à peaufiner des spectacles, pour réjouir une majorité de chrétiens, organise des spectacles pour tous. Et si le chrétien a envie de s’offrir un petit plaisir culturel, il vaut mieux qu’il puise dans le monde. Il y a d’excellents loisirs à disposition dans les télés, les sites web, les cinémas, les radios, les livres.
Une Eglise émergente qui cherche avant tout l’acculturation culturelle, fait fausse route et risque de se perdre. Elle pourrait, bien sûr, rivaliser avec n’importe quelle maison de la culture. De plus, les gens qui fréquentent ces «temples» culturels se meuvent dans des environnements plus « clean » qu’ailleurs, mais est-ce le but d’une Eglise?

Eglises de services ou centre culturel chrétien?
Notre objectif, c’est de monter des Eglises de services et non de créer des communautés qui soient des centres culturels chrétiens. Le trait est un brin forcé, je vous l’accorde, mais n’oublions pas que l’Eglise s’est toujours fait happer par les modèles culturels dominants. Au Moyen-Âge, ce sont les architectes, les artisans de la construction et les artistes qui ont accaparé de nombreuses ressources de l’Eglise et des croyants, avec l’aide des politiques et la bénédiction des prêtres. Dans les siècles suivants, l’école et l’université ont très souvent transformé l’Eglise en école religieuse, distribuant même des diplômes aux pasteurs. Aujourd’hui, ce sont les musiciens, les vidéastes, les concepteurs multimédia, les cinéastes, les publicistes, les webmasters et les communicateurs de tout poil qui prennent le relais et beaucoup de personnes s’engouffrent dans cette brèche, croyant bien faire.
Il est très difficile de faire la part des choses. Ce qui me préoccupe, ce n’est pas le fait qu’on fasse de la musique ou du théâtre, mais qu’on pense que seul ce type de moyens permette d’atteindre l’homme du XXIe siècle. Nous devons, dans nos Eglises émergentes, réinventer le concept de charité, de compassion, de service à autrui. Aucune autre entité que l’Eglise n’a comme objectif principal ce genre d’application vitale pour l’équilibre d’une société. Si personne ne le fait, qui le fera?

Henri Bacher
www.logoscom.org

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