Il existe à Genève une grande variété de croyances et de manières de croire. Aux côtés des paroisses catholiques, protestantes et des Eglises évangéliques – les communautés chrétiennes constituent le 82% des communautés répertoriées –, des personnes de confession umbandiste, jaïne, sikh, taoïste... rendent compte d’un paysage religieux très diversifié.
Dans sa brochure, le CIC indique avoir voulu donner une visibilité à des communautés qui n’apparaissent pas dans les statistiques officielles, et favoriser le « vivre ensemble ».
« Nous avons été surpris de découvrir le nombre de communautés religieuses ; et de voir qu’il y avait plus de communautés bouddhistes que musulmanes », souligne la directrice du CIC, Brigitte Knobel. Autre étonnement : le bon accueil des communautés qui, pour le 90% d’entre elles, ont accepté de participer au projet. « Nous avons aussi mis à jour que près d’un tiers des communautés partagent leur lieu de culte », ajoute la directrice du CIC.
Invité à commenter ce travail de cartographie de la diversité religieuse à Genève sur les ondes de La Première, le sociologue Christophe Monnot a rappelé que ce travail de recherche sur la diversité confessionnelle est actuellement en vogue en Europe. « Grâce à ce genre d’enquête, on arrive à avoir une image de la mosaïque religieuse. »
Est-ce une façon de mieux connaître les flux migratoires ?
- C’est une façon de voir ou de connaître des populations très peu visibles et qui ne répondent pas à des recensements individuels. Ce travail cartographie des nœuds de socialisation de communautés migratoires par diasporas, par lieux d’origine.
Quelque 400 groupes religieux recensés... Est-ce que Genève est un canton particulièrement religieux ?
- Le chiffre de 400 communautés religieuses à Genève n’est pas étonnant. En Suisse, on a fait une grande enquête(1) et on a compté plus de 5700 groupes. Dès qu’une ville dépasse les 150'000 habitants, il y a un nombre de communautés important, car dans les villes, la diversité de la population est importante. Il y a aussi beaucoup de communautés très petites qui sont prises en compte.
Est-ce qu’on peut imaginer que ce genre de cartographie serve d’organe de surveillance ou de contrôle ?
- Ce travail a toujours un double sens. Les communautés peuvent montrer qu’elles existent, mais elles acceptent aussi un contrôle social. Cela dit, les différents groupes en Suisse sont très à cheval pour suivre les principes et les normes légales, et il y a très peu de possibilités de se cacher.
Qu’est-ce que ce travail de cartographie à Genève ne dit pas en ce qui concerne la pluralité religieuse ?
- Ce travail grossit les traits de la diversité religieuse. On sait que les communautés chrétiennes réunissent 100 membres ou plus en moyenne. On sait aussi que les communautés bouddhistes ou hindouistes réunissent moins de 15 personnes. Mais dans ce travail de recherche, toutes les communautés sont traitées de manière équivalente. Ce travail ne rend donc pas compte du rayonnement des différents groupes.
Ce qui est aussi passé sous silence, ce sont les histoires des communautés. Vous avez des groupes comme les Ahmadias du Pakistan ou les Baha’is d’Iran qui sont en Suisse, et dont la socialisation à l’intérieur de leur groupe a toujours été une protection face à une persécution. D’autres groupes ont une tout autre manière de s’organiser. Le travail de recensement cache en fait toute une partie de l’histoire des communautés.
Gabrielle Desarzens
La brochure du CIC : D’église en ashram.
Ecouter l’émission Hautes Fréquences du 16 novembre.
Note
1 Christophe Monnot, Croire ensemble. Analyse institutionnelle du paysage religieux en Suisse, Zurich et Genève, Seismo, 2013, 284 p.